Un rêve modeste et fou
C’était encore du temps de l’ORTF.
J’ai découvert à une heure tardive la chanteuse Hélène Martin, une voix superbe sur des textes d’Aragon.
Et Aragon m’a amené ensuite à Ferrat qui lui aussi chantait « les poètes », « j’entends, j’entends », « que serais-se sans toi ?», « Robert le diable » ou encore « heureux celui qui meurt d’aimer »…
Je frappais tous les textes de ses chanson sur ma vieille machine à écrire, histoire de mieux les retenir.
Ferrat m’a donné aussi le goût de la poésie, d’écrire des poèmes.
Mes amis m’offraient l’album des 10 ans de Ferrat à mon mariage.
Ferrat ne m’a plus quitté.
Ses chansons ont rythmé mon parcours universitaire mais aussi militant.
Jean Ferrat restera celui qui m’a lu plus marqué, de par ses textes, sa voix et ses mélodies.
Celui qui a si bien chanté « ma France » va nous manquer, va manquer à la France, même s’il était discret.
C’était le dernier grand chanteur engagé des années soixante, probablement le plus grand.
Avec mon cousin Gérard qui m’a laissé un message hier dans la soirée, nous souhaitions lui rendre cet hommage.
Oui, Jean Ferrat aura été utile.
Malgré son pessimisme parfois (« vivre est un village où j’ai mal rêvé »), il a su nous redonner confiance et espérance (« et pourtant je vous dis que le bonheur existe ») dans nos engagements et nos valeurs.
Il aura rempli son « rêve modeste et fou », celui d’éveiller nos consciences et notre sensibilité.
La TLE en baisse.. au détriment des communes
L’indice annuel de référence pour le calcul de la Taxe Locale d’Equipement baisse cette année de plus de 4 %.
Cette baisse est exceptionnelle et aura des incidences sur les recettes communales en 2010, là où existe la TLE (comunes de plus de 10 000 habitants ,ne l'ayant pas supprimé et communes de moins de 10 000 l'ayant instauré).
Pour un même volume de constructions, la recette fiscale va baisser.
Pourtant la TLE est faite pour aider les communes à faire face aux frais entraînés par les nouvelles constructions, des frais qui ne baissent pas.
Après le syndrome de la TP, les élus n’avaient vraiment pas besoin de çà.
Urbanisme et Développement Local
Si cela vous dit...
je serai le lundi 15 mars à 18 h 30
l'invité du Master 2 Management Public Territorial
de l'Institut d'Administration des Entreprises de Lille
(104, avenue du Peuple belge)
pour une conférence débat
sur l'urbanisme et le développement local
avec
Emmanuel CHERRIER,
docteur en sciences politiques,
directeur de l'IPAG de Valenciennes
www.rdv-avec-un-elu.sitew.com
iae.conferences.territoriales@gmail.com
Vous connaissez le steak vert "blanc-bleu" ?
Le salon de l’Agriculture a relancé le débat sur la consommation de viande.
Faut- il remettre en cause l’élevage ou une certaine conception de l’agriculture ?
Lorsque je lis ici ou là que la filière que l’élevage exige trop d’eau pour le maïs, trop de déplacement (donc de pétrole) pour le soja, j’ai le sentiment que la grande culture céréalière s’en tire avec les honneurs alors qu’elle a uniformisé les paysages, arraché les haies, fait disparaître la bio- diversité et truffé notre terre (et son eau) de pesticides.
Ce qu’il convient de condamner, c’est effectivement la filière élevage qui a oublié que le bœuf à l’herbe, çà existe (notamment en avesnois), que c’est même la meilleure garantie de voir protéger ce qu’il reste de notre bocage et qu’elle n’a pas à rougir devant la filière céréalière.
Le député Vert Yves Cochet prône le lundi sans viande.
Cela peut s’entendre si l’on veut expliquer aux enfants que la surconsommation de viande n’est pas recommandée pour la santé.
On peut aussi invoquer et comprendre les valeurs éthiques (être contre l’abattage des animaux parce que ce sont des êtres vivants… mais attention, les légumes vivent aussi !)
Mais le risque est grand dans ce débat d’oublier de séparer le bon grain de l’ivraie
Que le Ministre, lors de sa visite au salon de l’Agriculture, déclare aux producteurs « je suis un grand amateur de viande » cela ne mange pas de pain ! Et l’on se dit qu’il aurait certainement adapté sa remarque devant un stand de fromagers (« je suis un grand amateur de fromage» ) ou de viticulteurs (« je suis un grand amateur de vin », encore que là la bienséance aurait plutôt transformé la phrase en « je suis un amateur de grands vins », c’est plus policé pour l’image du ministre et plus flatteur pour les viticulteurs).
On aurait aimé qu’il dise que ce n’est pas le produit qui est au centre de ce débat, mais bien la façon de le produire.
Le Ministre aurait dit « je suis un amateur de viande élevée à l’herbe », cela aurait eu un sens politique.
Car il y a, dans la viande comme dans les vins, celle des bœufs gavés de céréales, elles-mêmes gavées d’engrais (y compris en avesnois, on el constate tous les jours) et la grande viande, celle des bêtes élevées à l’herbe.
Le débat ne doit pas déraper et aboutir à mettre mener toutes les viandes vers l’abattoir de l’accusation environnementale.
Entre un bon steak de boeuf élevé à l’herbe (et de surcroît en avesnois) et une salade de maïs, le bilan environnemental (bilan carbone, protection de la bio-diversité, etc…) n'est pas forcément en défaveur du premier.
Si de surcroît le boeuf est de la race locale " blanc-bleu", le " bilan vert " est encore plus positif.
Inondations :quid des digues réglementaires ?
On nous explique que les Plans d'Exposition aux Risques (PERI/ 1982) ont été remplacés par les Plans de Prévention des Risques (PPR de la loi Barnier), soit naturels, soit technlogiques.
Marpent est ainsi couvert d'un PPRN depuis 1994.
Il s'agit du fameux zonage avec les zones rouges (interdites de construction) et les zones bleues (constructibles sous condition).
Au vu de ce qui s'est passé sur le littoral vendéen, on peut s'interoger sur les raisons du retard pris dans l'élaboration de ces documents de prévention.
Notre région n'a pas plus de fonctionnaires, ce serait plutôt l'inverse.
Les pressions touristiques mercantiles expliquent probablement cette ignorance des exigences de prévention sur le littoral atlantique.
Et je ne parle pas des Atlas de zones inondables du Ministère de l'Environnement aujourd'hui en vigueur dans nos documents d'urbanisme, dont les régles sont nettement plus contraignantes que tous les PPRN puisque les zones bleues deviennent elles aussi, pour l'essentiel,inconstructibles.
Les digues de protection contre les eaux ne peuvent remplacer les digues réglementaires.
Philippe LAMOUR, un landrecien hors du commun
Rares hélas sont les sambriens qui ont entendu parler de Philippe LAMOUR, un grand bonhomme de chez nous, à l’itinéraire particulièrement intéressant et dont plusieurs établissements scolaires portent le nom dans le sud de la France.
Philippe LAMOUR est né à Landrecies où il passe son enfance avant de recevoir une formation chez les religieux en Belgique.
Après la première guerre mondiale, sa famille s’installe à Paris où il mène des études de droit.
Etudiant brillant, il est inscrit au barreau à vingt ans et s’occupe des dossiers de dommages de guerre où, déjà, il se fait remarquer pour la qualité de sa plume.
Le pouvoir aux producteurs !
Le jeune étudiant en droit écrit dans de nombreuses revues, de toute tendance, et s’engage en 1926 dans le Réseau de Georges Valois, mouvement à la fois nationaliste et socialiste qui dénonce l’incapacité des dirigeants et réclame le pouvoir pour ceux qui travaillent.
Concilier jacobinisme et girondisme
Philippe LAMOUR va révéler ses talents d’orateur et d’organisateur au sein de cette organisation dont il dirige le secteur Ile de France et qui, même si elle disparaît dès 1928, va marquer durablement ses conceptions en matière d’aménagement du territoire.
Philippe LAMOUR rêve d’un Etat fort (Proudhon se retourne dans sa tombe !) dont le pouvoir serait confié à ceux qui produisent comme il s’en explique dans son ouvrage « la République des producteurs ».
Méfiant à l’égard des partis politiques (comme je le comprends), refusant l’affrontement stérile droite/gauche (tiens, un précurseur !), il s’affiche antiparlementaire et décentralisateur (Proudhon est apaisé !) tout en gardant une grande confiance dans l’Etat dont il croit en la capacité, grâce à l’aménagement du territoire, à impulser des dynamiques de développement.
On dirait aujourd’hui qu’il n’était pas pour « plus d’Etat » mais pour « mieux d’Etat ».
Mélange subtil de jacobinisme (par sa foi au pouvoir central) et de girondisme (par son souci de la décentralisation), Philippe LAMOUR prône un devoir d’intervention financière de l’Etat dans l’aménagement mais également un droit des acteurs territoriaux à concevoir et à mettre en œuvre des projets.
L’éloge du progrès et de la modernité planifiée
Fort de cette conception interventionniste de l’Etat, Lamour considère la société allemande comme un modèle, en particulier pour la politique des autoroutes.
Ce qui n’en fait pas pour autant, on le verra, un ennemi des écolos, encore moins un sympathisant du nazisme.
D’ailleurs, il participe à la traduction de « Mein Kampf » dans le but d’informer les français sur la menace que constitue le nazisme.
Devenu avocat, il fonde en 1931 la revue « Plans », revue financée par l’épouse de l’architecte Walter et qui prône la modernité et, pour y parvenir, la planification.
La revue traite de nombreux sujets et peut se targuer de prestigieuses signatures comme celle de Le Corbusier.
Philippe Lamour épouse Ginette, la fille des Walter.
Un agriculteur productiviste qui a « les tripes à gauche »
En dépit se son engagement aux côtés de Georges Valois et de sa considération moqueuse pour la résistance, Philippe Lamour garde « les tripes à gauche ».
Socialiste partisan d’une économie de marché, il est candidat malheureux de la coalition du Front Populaire aux élections de 1936 à Sens (Yonne) et dénonce la responsabilité du régime de Vichy.
Après la guerre, il décide de se retirer dans le Massif Central pour devenir agriculteur.
Conformément à ses idées, il s’intéresse à la modernisation de la production, ce qui l’amènera à s’engager dans le syndicalisme agricole où il deviendra le responsable national de la Confédération Générale Agricole, ancêtre de la FNSEA, et apôtre du productivisme agricole et de la mécanisation.
Son ascension fulgurante reste un mystère pour les historiens dont certains n’excluent pas un rôle dans la franc-maçonnerie.
Il rencontre même le Général de Gaulle pour le convaincre de produire du blé en masse… mais sans succès.
Sa piètre estime de Pétain, proche voisin, l’incite à quitter le massif Central pour le Gard où il va cultiver le blé, la vigne et pratiquer l’élevage.
Il sera le premier agriculteur du département à bénéficier d’un tracteur dans le cadre du Plan Marchall.
Il participe à la riziculture en Camargue où, là encore, il devient Président… du syndicat des riziculteurs.
L’aménageur du Languedoc
Dès 1946, il rencontre Jean Monet avec qui il travaille à l’élaboration du premier Plan d’aménagement du Languedoc.
C’est à cette période qu’il découvre aux Etats-Unis l’aménagement de la vallée de la Tennessee qui révèle qu’une politique publique de l’eau fluviale peut permettre à une région de se développer.
Ce voyage le conforte dans sa philosophie planificatrice et, devenu conseiller du Préfet de Nîmes (décidément, il sait se placer ce Lamour !), s’en inspire pour concevoir le grand rêve des romains de captation de l’eau du Rhône pour irriguer et électrifier le Languedoc et, secondairement, développer un tourisme sur le littoral.
Pierre Mendes-France, Président du Conseil, signe le décret le jour de sa démission, sur le capot de sa voiture !
Devenu Président de la Compagnie du Bas-Rhône Languedoc (dont le siège est un immeuble de 20 étages, encore un signe de modernité !), Philippe Lamour se lance dans son projet dont il admettra plus tard qu’il n’était pas un modèle du genre (ouf !).
Les agriculteurs locaux boudent le projet et se méfient de l’eau qui reste chère et dont ils ne veulent pas se retrouver tributaires.
Les rapatriés d’Algérie et les investisseurs touristiques saisissent l’opportunité.
Les premiers pour développer le maraîchage et l’arboriculture, les seconds pour créer les stations balnéaires de la Grande Motte et du Cap d’Adge.
Jusque-là, notre aménageur n’a rien de très sympathique.
On pourrait même dire, qu’enivré par ses rêves d’aménageur technocratique, il endosse la responsabilité du bétonnage d’une partie du littoral français.
Heureusement, Philippe Lamour va évoluer et la dernière partie de sa vie est sans conteste celle qui fait émerger de la sympathie.
Lamour de la nature : La révolution de la qualité
Le succès mitigé de l’aventure languedocienne l’amène reconsidérer ses schémas de pensée au profit d’un environnement conçu non plus au service du rendement mais au service de l’homme.
Le champion du productivisme va ainsi engager un autre combat, celui de la qualité, par exemple en créant l’appellation « vin délimité de qualité supérieure » (VDQS… vous comprendrez pourquoi je ne peux oublier Philippe Lamour), intermédiaire entre le vin ordinaire et l’appellation contrôlée AOC.
Puis, il lance le premier li’dée de baliser les sentiers de Grande Randonnée.
C’est encore lui qui est à l’origine des Parcs Naturels Régionaux.
C’est lui encore qui invente le concept de « station-village de montage », en réaction contre les stations intégrées comme les Arcs ou Tignes, où l’on fait la queue comme dans les supermarchés et aux mains de quelques requins de la promotion immobilière.
La création de la DATAR
Philippe Lamour accède aux plus hautes fonctions lorsqu’il est nommé Président du Conseil Supérieur de la Construction, organisme créé par Pierre Sudreau.
Au travers de ce poste, il met en œuvre le Plan d’Aménagement du Territoire de 1962 et participe en 1963 à la création de la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale (DATAR) – devenu depuis la DIACT, compétitivité des territoires, libéralisme oblige) – où il restera jusqu’en 1974.
Elu maire de Ceillac, il consacre la fin de sa vie à la défense du remembrement et sera Président (eh oui, un accroc du pouvoir !) de l’Association Nationale de l’Aménagement Foncier Agricole et Rural.
Auteur de nombreux ouvrages, esprit inclassable (comme je les aime) non-conformiste (c’est son côté sympa) et d’apparente contradiction (c’est cela aussi le non dogmatisme), Philippe Lamour a raconté sa vie dans son livre « le cadran solaire », récompensé par le Prix des Maisons de la Presse.
Considéré comme le père de l’aménagement du territoire en France, il décède en 1992.
Un landrecien dont la vallée sambrienne a peut-être oublié le nom mais dont l’existence mérite qu’il soit davantage connu localement.
Eglises en conversion
La Voix du Nord consacre ce mardi une remarquable enquête en page région à la question des églises en ruine.
Bien que je continue à cultiver mon agnosticisme, je n'ai jamais été insensible au patrimoine religieux, à ce qu'il incarne sur le plan architectural, historique et identitaire pour un territoire.
Qui n'éprouve pas une certaine fierté pour son terroir en admirant les nombreuses chapelles en pierre bleue de l'avesnois ?
On peut par ailleurs ne pas être croyant mais trouver dans les églises un lieu de calme, de méditation et de spiritualité.
Et puis, tous les administrés de nos communes, croyants ou pas, fréquentent les églises, ne serait-ce que pour assister à une cérémonie d'un proche.
La question ne peut donc laisser insensible les élus, d'autant plus qu'ils ont la responsabilité de ces édifices tant sur le plan de la sécurité que sur celui de la protection patrimoniale.
Le Val de Sambre n'est pas évoqué dans cet article mais aurait pu l'être, en particulier au travers de l'église de Boussois, propriété diocésaine, aujourd'hui fermée pour des raisons de sécurité.
Cette église a été conçue par les deux frères Laffite pour l'usine des Glaces de Boussois et présente la singularité d'avoir été construite par les verriers qui ont fait de ce lieu une véritable vitrine de leur savoir-faire.
Les ouvriers qui maçonnaient les fours ont façonné le gros oeuvre tandis que les verriers ont taillé et décoré les vitraux splendides.
Cette église incarne la véritable mémoire verrière de la vallée mais se trouve aujourd'hui sans affectation.
Les enterrements des beuxéïdiens se déroulent à Recquignies ou à Marpent.
Le projet " Escale Sambre " en cours de finalisation par l'agglomération avec l'aide des fonds européens prévoit, dans sa halte touristique, de mettre en avant ce patrimoine.
Il serait dommage que les sambriens et les touristes ne puissent pas découvrir ce haut-lieu de la culture verrière.
L'avesnois éligible au FNRT
Le Comité de suivi du Fonds National pour la Revitalisation du Territoire a décidé d’attribuer une dotation complémentaire d’1 M€ pour chacune des zones d’emploi de Béthune-Bruay (Pas-de-Calais – 62) et du Cambrésis-Sambre-Avesnois (Nord – 59) précédemment labellisées afin de poursuivre la dynamique engagée sur ces territoires en matière de projets créateurs d’emplois et d’activité.
Le FNRT est un fonds de garantie destiné à compléter le dispositif légal de revitalisation en venant en aide aux territoires les plus touchés par des restructurations économiques et qui ne bénéficient pas ou insuffisamment de fonds versés au titre des conventions de revitalisation.
Le dispositif doit permettre sur trois ans, de 2009 à 2011, l’octroi par OSEO de 135 M€ de prêts sans garantie aux entreprises (Prêts de Revitalisation des Territoires, PRT), créant ou préservant de 10 à 500 emplois.
Ce fonds, doté de 45 M€, est financé par le ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi et par la Caisse des dépôts et consignations. OSEO, fort de son réseau régional, prend en charge la gestion du dispositif. Le ministère de l'espace rural et de l'aménagement du territoire et le ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi en assurent le copilotage et l’animation.
Etat impartial ou machine inégalitaire ?
L’Europe veille, nous l’avons dit, au respect des règles de la concurrence et, dans ce cadre, apporte des aides importantes pour permettre aux territoires les plus en difficultés de créer des infrastructures (comme ce fut le cas avec les fonds Objectifs 1) ou encadre les politiques d’aides aux entreprises.
Mais l’on peut constater que si ces politiques parviennent à produire des effets entre Etats (personne ne peut contester l’impact de ces aides sur le rattrapage de pays comme l’Espagne ou le Portugal), le problème des conditions inégalitaires de la concurrence persiste bel et bien.
On le voit au sein d’un même bassin d’emploi avec le zonage AFR (voir article précédent).
On le voit au niveau national avec les incidences des politiques publiques.
Lorsque l’Etat français fait le choix de faire passer une ligne TGV à tel endroit plutôt qu’à tel autre, il entraîne inévitablement une distorsion de concurrence entre ses territoires.
La Sambre s’est trouvée de la sorte complètement enclavée depuis l’apparition du Thalys qui a entraîné la disparition du trafic ferroviaire international.
Lorsque l’Etat décide de construire des ponts routiers de 4,30 mètres parce qu’une voie est expresse mais pas une autoroute où les ponts sont de 4,85 mètres, il handicape l’accessibilité d’un territoire.
On pourrait faire la liste de ces choix d’aménagement du territoire qui chaque jour crée des déséquilibres entre les bassins d’emploi et nuit à la compétitivité de certains d’entre eux.
Lorsque l’Etat traîne les pieds pour financer la RN2, c’est la même chose.
Tout cela pour dire que si l’Europe réussit à réduire les inégalités entre les Etats (et d’une certaine manière entre les régions), l’Etat peut à son tour, via les AFR (dont il dessine le périmètre) ou ses politiques d’aménagement du territoire, recréer des inégalités entre les territoires et des déséquilibres dans les règles de la concurrence.
L’Etat vient en quelque sorte récréer à un niveau infra-régional des déséquilibres que l’Europe s’efforce de gommer à l’échelle inter-régionale.
Il est parfois tentant de critiquer l’Europe mais sur ce point ce sont bien les politiques publiques nationales qui sont en cause.
En faussant la concurrence inter-entreprises sur un même territoire ou déséqulibrant la compétitivité des territoires par des choix (ou non choix) d'aménagement, l'Etat crée des inégalités entre les citoyens.
Les aides à finalité régionale : un parfum de discrimination
Les petites entreprises implantées sur des zones d’Aides à Finalité Régionale voient leur taux de subvention majorées par la Région : les PME (de 50 à 250 salariés) peuvent prétendre à 25 % de subvention sur leurs projets contre 10 % si elles se trouvent en dehors.
Les petites entreprises (moins de 50 salariés) peuvent espérer de leur côté une subvention de 35 % au lieu de 20 %.
Ces zones sont davantage aidées parce que considérées par l’Etat (qui délimite ces zones et les fait valider par l’Europe) comme des zones en retard de développement.
Le processus de définition des zones bénéficiaires de ces aides a été engagé par le Gouvernement lors du Comité interministériel d’aménagement et de compétitivité des territoires (CIACT) du 6 mars 2006.
Bien entendu, on se demande quelles sont les communes considérées comme étant « en retard de développement ».
Et l’on est surpris de voir qu’à côté des grosses communes sambriennes figurent des plus petites comme Boussois, Pont-sur-Sambre, Neuf-Mesnil ou la commune d’Assevent où la notion de « retard de développement » ferait rire tout le village tandis que des communes pauvres comme Recquignies ou Marpent ne sont pas en zone AFR.
A vrai dire, il faut se reporter aux critères de sélection pour comprendre cette incohérence.
Si des indicateurs comme le taux de chômage, l’évolution de l’emploi total, le revenu fiscal moyen par unité de consommation sont bien pris en compte, s’y ajoutent également la part de l’emploi de l’industrie et des services aux entreprises dans l’emploi total ainsi que la part d’ouvriers et d’employés par emploi total.
Lorsqu’on sait par ailleurs que les grandes entreprises (plus de 250 salariés) peuvent bénéficier de 15 % de subvention sur leurs projets si elles sont en AFR et rien si elles sont en dehors, on comprend mieux le découpage.
Les services de l’Etat ont repris en AFR les communes sambriennes qui comptent une grosse entreprise et donc une part importante d’emplois industriels : MCA sur Neuf-Mesnil, AGC Verre et Graham Packacking sur Assevent…
Rien d’illogique mais un abus de langage tout de même.
Il aurait été plus juste de parler de zones à finalité industrielle plutôt que d’invoquer le retard de développement.
Ces subtilités peuvent sembler mineures, sauf pour les petites entreprises situées en dehors de ces zones qui se trouvent ainsi pénalisées dans leur taux de subvention.
Outre la regrettable discrimination que cela provoque, on s’interroge sur la cohérence de l’Europe qui a pour finalité de veiller au respect de la concurrence et dont les propres règles amènent à créer des situations de concurrence déloyale.