europe
Prendre à ceux qui ont le plus pour éviter de tirer sur ceux qui ont le moins.
12 Février 2011 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #EUROPE
Les souverainistes affirment que l’euro ne nous a pas protégés de la crise venue d’Amérique, ce à quoi les européistes rétorquent que la situation aurait été bien pire sans l’euro, qui nous a protégés de terribles secousses monétaires.
Qui croire dans ces parties de balle de ping-pong ?
En réalité, c’est un peu l’histoire du verre d’eau à moitié vide et à moitié plein.
L’euro n’est pas responsable de la crise.
Ce n’est pas de la faute de l’euro si la Grèce vivait au-dessus de ses moyens bien avant d’intégrer la zone euro.
Ce n’est pas de la faute de l’euro si les banques irlandaises, aujourd’hui renflouées par l’Etat, ont joué et perdu avec la bulle spéculative.
Ce n’est pas faute de l’euro si certains États, dont la France, profitant du parapluie de cette monnaie forte, ont fait exploser leur dette publique.
Les premiers responsables sont les gouvernements qui ont dépensé allègrement plus qu’ils n’avaient dans les caisses (mais on a les dirigeants qu’on a élus !), qui ont laissé spéculer les banquiers et voulu faire la zone euro avec des pays aux niveaux de richesse trop contrastés, les pays les plus en retard de la zone ayant été mis, par la monnaie unique, hors d’état de rattraper leur retard de compétitivité (sauf à tricher avec les chiffres comme en Grèce).
Certes, le système de transferts financiers en direction des régions les plus en retard de développement est somme toute logique eu égard au principe de solidarité communautaire mais ce qui était encore possible à 12 (les aides de l’Europe ont aidé les pays comme l’Espagne ou le Portugal a rattrapé leur retard) devient beaucoup plus compliqué à 27.
C’est curieux comme cette problématique de l’élargissement ressemble étrangement aux débats qui se posent parfois au sujet de la carte de l’intercommunalité.
D’ailleurs , c’est cet élargissement qui explique que notre arrondissement, bien qu’il soit le plus pauvre de France, soit considéré à l’échelle des 27, comme un arrondissement « riche ».
L’Allemagne, grande importatrice de matières premières, ne pouvait pas courir le risque de se retrouver avec une monnaie plus faible.
Elle avait absolument besoin d’avoir un euro fort, véritable porte blindée, mais ne pas laisser pour autant entrer par la fenêtre n’importe quoi.
Elle a donc validé l’euro à condition qu’il soit plus fort que le mark mais n’a accepté le rêve mitterrandien d’ouvrir la zone euro qu’à la condition, somme toute compréhensible, de renforcer les critères (les fameux critères de Maastricht).
Du coup, pour intégrer la zone euro en 2001, les socialistes grecs, puis les conservateurs sont allés jusqu’à manipuler les chiffres pour cacher leur déficit.
Aujourd’hui, ils doivent rembourser leurs dettes mais, vu leur situation, ne peuvent compter que sur les prêts des autres pays de la zone euro (Fonds européen de stabilisation).
L’Allemagne ne s’est pas précipitée pour soutenir cette option car elle doit expliquer à ses contribuables qui ont fait des efforts la nécessité d’aider les pays qui ne se sont pas donné la même peine.
(c’est fou ce que les problèmes européens ressemblent à ceux de l’intercommunalité).
Mme Merkel a donc accepté le principe de cette solidarité à condition que le FMI intervienne également, une façon malicieuse d’infliger une punition humiliante à l’Europe, trop laxiste à ses yeux avec les mauvais gestionnaires.
Et lorsque Mme Merkel, cohérente avec sa politique, propose que les spéculateurs assument pleinement leurs risques lorsqu’ils perdent, ceux-ci remettent sur le marché leurs dettes suspectes au risque de faire chuter l’euro et d’entraîner une nouvelle catastrophe.
Du coup, les Etats Européens, pour calmer le jeu, promettent de limiter la contribution du secteur privé en cas de pépin. L’euro se redresse aussi vite…
Le marché et la morale sont décidément antinomiques !
Plusieurs pays étant dans l’incapacité de respecter leurs engagements, nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation où, les monnaies nationales ayant disparu, les seules variables d’ajustement des économies seront le chômage et la récession comme l’avaient pressenti les opposants au Traité de Maastricht.
Le député européen Jean-Louis Bourlanges s’adressa, lors d’un colloque en 1995, à Jean-Claude Trichet, alors gouverneur de la banque de France :
« Monsieur le Gouverneur, que se passera-t-il si, l’union monétaire une fois instituée, nous avons en France un nouveau Mai 68 ? »
Réponse de Trichet : « Eh bien, cette fois, il nous sera interdit d’augmenter les salaires et de dévaluer ! »
Rumeurs dans l’assistance. Quelqu’un lance :
: « On n’aura donc plus qu’à faire tirer sur la foule »…
Du coup, la question qui est parfois posée, comme issue alternative, est celle de la sortie de l’euro.
Pourtant, imaginons une minute que la Grèce revienne à sa monnaie nationale, le drachme .Celle-ci s’effondrerait du jour au lendemain et, en dépit de quelques exportations supplémentaires (compte- tenu de la concurrence redoutable de la compétitivité asiatique) ferait exploser le prix des matières premières et par suite l’inflation.
Les financiers s’en donneraient à cœur joie pour spéculer sur les fluctuations de la monnaie.
Pour des pays en retard structurel de compétitivité, l’idée de sortir de l’euro pour pouvoir dévaluer et penser rattraper l’Allemagne évite surtout de se poser les véritables questions de fond sur les politiques budgétaires et la lutte contre les revenus indécents.
L’autre alternative, plus crédible, c’est sans aucun doute, au-delà des nécessaires fonds de soutien aux pays en crise :
- L’instauration d’un protectionnisme européen, environnemental et social
- La lutte contre les déficits publics en renflouant les caisses par la lutte contre les gaspillages (à tous les niveaux et dans toutes les filières) et en imposant davantage les hauts revenus
- La réduction de l’éventail des salaires
Avoir le courage de prendre à ceux qui ont le plus permet parfois d’éviter de tirer sur la foule de ceux qui ont le moins.
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