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Le blog de Jean-Marie Allain
Articles récents

Pourquoi l'Agglo ne taxe pas les logements vacants

13 Avril 2023 , Rédigé par Jean-Marie Allain

La proposition de l’Agglomération de voter la Taxe d’Habitation sur les Résidences Secondaires et autres locaux meublés non affectés à l’Habitation Principale

ignore la possibilité donnée à l’intercommunalité, par l’article 1407 bis du CGI, d’assujettir à cette taxe d’habitation les logements vacants depuis plus de 2 ans, pour peu que cette intercommunalité ait délibéré pour instaurer cette THLV créée en 2006, d’abord pour les communes par la loi Engagement National pour le Logement et étendue depuis 2012 aux EPCI disposant d’un PLH.

La délibération présentée exclue donc de la TH les 1900 logements vacants chroniques.

Or, cela est bien dommage pour deux raisons :

Tout d’abord, cela permettrait de faire rentrer annuellement dans la cagnotte une enveloppe d’environ 250 000 €.

Soit depuis 2012, un manque à gagner pour l’agglomération de plus de 2 millions d’euros.

Mais cela permettrait également de mettre notre politique fiscale en cohérence avec le contexte réglementaire :

En effet, Le Zéro Artificialisation Nette nous impose de recentrer le développement sur le tissu urbanisé, notamment sur le parc ancien, et la THLV est l’un des outils mis à notre disposition qu’il est regrettable d’ignorer.

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Les friches industrielles : retour vers le futur

4 Avril 2023 , Rédigé par Jean-Marie Allain

Note rédigée dans le cadre du séminaire organisé par « Vallée d‘Avenir », sous l’égide de Nathalie RENARD  (table-ronde consacrée à la revalorisation des friches industrielles).

Le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme de la Sambre, publié en 1973, inscrivait dans ses objectifs la création de la Zone d’Activité Economique (ZAE) de Grévaux les Guides et la création d’un port fluvial, soit deux objectifs pouvant laisser penser que le développement de nouvelles zones d’activités économiques sur les plateaux d’entrée d’agglomération pouvaient être complémentaires à un maintien de l’activité industrielle en fond de vallée.

La crise sidérurgique qui va éclater au même moment va rajouter une nouvelle problématique aux politiques locales d’aménagement, celle des friches industrielles dont la reconquête va connaître plusieurs phases et plusieurs cas de figure.

LA PHASE DE RECONQUETE EN l’ABSENCE D’INTIATIVE PRIVEE ET D’INITIATIVE DES ORGANISMES PUBLICS

La première friche qui s’affiche en plein coeur du paysage sambrien est la friche d’Usinor Louvroil et ses 57 hectares de masses de béton et de ferrailles qui donnent l’image d’un véritable bombardement.

De 1975 à 1981, le maire pionnier de Louvroil André BOCQUET, ancien syndicaliste de la sidérurgie, se retrouve seul mais décide avec le directeur de l’Agence d’urbanisme, Jean Gobron, et son architecte Didier Darnaud, de prendre les choses en mains.
Jean Gobron travaille sur le projet de nettoyage du site et tente de trouver des financements auprès des administrations qui n’ont rien prévu pour ce type d’actions tandis que D.Garnaud conçoit, en lien avec le maire et le Président de l’Agence Jean Jouannot, un schéma de reconversion du site dans lequel il est prévu un port fluvial adossé à un lotissement industriel, lequel jouxte un lotissement artisanal et même un petit secteur dévolu à l’habitat (voir schéma de Didier Garnaud dans la revue « Urbanisme »).

A force de pugnacité, de pouvoir de persuasion et de négociation, la petite équipe parvient à obtenir auprès de l’Etat et de la Région, les aides nécessaires à la démolition et la remise en état du site. La plupart des gravats seront enfouis sur place.

En 1981, Pierre Mauroy, le Président de Région devenu premier ministre, vient inaugurer le site et s’appuiera sur cette expérimentation pour créer l’Etablissement Public Foncier de la Région Nord-Pas de Calais.

Faute de portage politique pour le volet aménagement, le projet de reconversion économique du site restera lettre morte…et le centre aquatique l’Emeraude de l’Agglomération y sera implanté un peu avant 2020.

LA PHASE DE PARTAGE DES ROLES ENTRE LE PRIVE ET LE PUBLIC

1977 : Fermeture d’HK Porter Marpent (1500 salariés et une vingtaine d’ hectares de friches sur Marpent et Boussois) :

  • Un industriel marpentois rachète les bâtiments de la rive droite pour les louer avant d’en revendre en 1999 une grande partie à ses locataires. Ce site, la zone de la Buissière, est toujours occupé aujourd’hui : fabricant d’isolants, chaudronnerie, stockage de produits import-export, découpage laser, activités artisanales diverses : on compte une dizaine d’entreprises.

  • Une autre société (SERTIRU) rachète l’aciérie, située la rive gauche, pour ferrailler les bâtiments industriels mais sans procéder à une remise en état du site.

2001 : la municipalité rachète sur ce site une partie du foncier qu’elle cède à l’agglomération et sollicite cette dernière pour faire l’acquisition du reste en vue de demander à l’EPF une requalification environnementale. L’opération, d’un montant d’1,2 M€ est financée intégralement par l’Europe, la Région et l’Etat. Ce secteur devient le 1er site d’intérêt communautaire au titre de la Trame Verte et Bleue, suivi immédiatement et dans les mêmes conditions par l’opération de requalification de la friche EDF de Pont-sur-Sambre.

On constate que le privé s’est limité au volet rentable de l’opération.

CAS DE RECONVERSION INTEGRALE DE LA FRICHE PAR LE PRIVE

Reconversion  de la friche Vallourec par la Société Flamme  .Il s’étendait sur 3 communes : Vallourec Maubeuge (devenue la céramique Desvres), Vallourec Louvroil (devenue Flamme Environnement) et Vallourec Hautmont, devenue le centre de tri Recyclage Des Vallées.

Sur deux décennies, remarquable métamorphose d’une immense friche (« le triangle noir ») en plein coeur de vallée.

Exemple de la friche de la fonderie Fontaine (7 ha sur Marpent et Jeumont)

Friche en sommeil depuis deux décennies.

2003, le maire de Marpent demande avec insistance au liquidateur d’accélérer la mise en vente du bien. Un ferrailleur rachète la friche aux enchères assure la remise à niveau et revend à Bouygues Immobilier qui conçoit, en concertation avec les deux communes, un projet autour d’un EHPAD et d’une soixantaine de logements revendus en VEFA à un bailleur social, Partenord Habitat.

Opération exemplaire d’urbanisme avec une artificialisation zéro.

CAS DE RECONVERSION INTEGRALE DE LA FRICHE PAR LE PUBLIC

C’est le cas de figure le plus fréquent 

  • Outre l’Emeraude à Louvroil,

  • Reconversion de la friche Titan Coder à Maubeuge (EPF-REGION Lycée Lurçat)

  • Le Port Fluvial d’Hautmont (reconversion communale)

  • Reconversion de la friche d’armement aulnésienne  en pôle des Cultures Actuelles  (Agglomération)

LES RAISONS DE LA RARETE DES RECONVERSIONS A VOCATION INDUSTRIELLE

-Les raisons techniques : entreprises moins tributaires de la voie d’eau pour le transport (même si certaines peuvent être très tributaires en termes d’approvisionnement (exemple du projet franco coréen de séparateurs de batteries qui exigeait au moins 40 hectares et un volume d’eau considérable) + besoin pour les entreprises de disposer de visibilité commerciale (Ménissez), d’accessibilité routière (zones de Grévaux, de La Marlière.. ) d’espaces non contraints par le tissu urbain (nuisances, possibilité de s’agrandir), facilités à s’installer sur des sites tout équipés par la collectivité.

-Les raisons juridiques : La loi NOTRE de 2015 (nouvelle Organisation Territoriale de la République) limite les intercommunalités à la création de zones d’activités économiques aux zones qui étaient à l’origine publique, ce qui leur interdit, a contrario, de transformer une ancienne ZAE privée (avec des bâtiments vacants en friche)  en ZAE publique (ce qui a été fait avec la ZAE de Fives - Cail à Rousies n’est plus possible).L’Etat, indirectement, a favorisé l’artificialisation des sols à la périphérie.

-Les raisons financières : Effets des subventions, plus intéressantes en cas de renaturation : il faudrait pourtant faire  le bilan de la renaturation. Si certains choix ont été pertinents, la renaturation génère des coûts d’entretien très conséquents pour la collectivité et des espaces d’incivilités.

-Les raisons culturelles : les reconversions à but industriel sont parfois techniquement possibles mais culturellement impensables : les collectivités ont pris des habitudes…écartant tout risque de réaction négative des populations… la friche de la cartonnerie de Jeumont n’est pas encore requalifiée qu’on parle déjà de renaturation et de zones de promenades (alors qu’il en existe déjà plusieurs dizaines d’hectares à quelques mètres et que cette friche est équipée de plusieurs quais sur la Sambre !).

-Absence d’une réflexion globale sur l’existence et le devenir des friches : de 1980 à 2000, il existait à l’Agence d’Urbanisme un Observatoire permanent des friches industrielles avec un chargé de mission à temps plein. Ensuite, plus rien. Résultat : des opérations au coup par coup en dehors de toute planification. L’idée d’un schéma intercommunal des Friches en est à ses balbutiements, 40 ans après l’apparition des premières friches !

VERS UNE REMISE EN QUESTION DU MODELE QUI PREVAUT AUJOURD’HUI

Le Zéro Artificialisation Nette va s’imposer à l’habitat mais aussi aux entreprises et va contraindre à revoir aussi bien les logiques de transport (probable regain du fret ferroviaire, sachant que certaines friches disposent d’embranchements) que le modèle de la zone industrielle périphérique.

Les exigences de la transition écologique vont par ailleurs accroître l’acceptabilité  des entreprises dans les communes.

Le devenir de la friche Sambre et Meuse représente à cet égard un enjeu de première importance.

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LA LUTTE CONTRE LES LOGEMENTS VIDES : un exemple, parmi d’autres,  de la dépossession  des communes de leur pouvoir d’agir.

1 Avril 2023 , Rédigé par Jean-Marie Allain

Les invitations plus ou moins coercitives des  pouvoirs publics à limiter l’étalement urbain, si elles peuvent se comprendre à l’aune du réchauffement climatique et de la nécessaire protection de la bio-diversité, impose aux communes de recentrer leur développement sur le tissu urbain , notamment la reconversion des friches, qu’elles soient industrielles, agricoles ou constituées d’un habitat vacant chronique et dégradé.

C’est ce dernier point que je souhaite aborder ici dans la mesure où les outils dont disposent les commune s’avèrent insuffisants ou en contradiction avec la finalité du renouvellement urbain.

Ainsi en va-t-il de la Taxe d’Habitation sur les Logements Vacants (THLV).

A l’heure où les pouvoirs publics se gargarisent de la lutte contre l’artificialisation des sols, cette taxe, relativement facile à décréter puisqu’une simple délibération suffit, revêt la plus grande importance  puisqu’elle vise à inciter les propriétaires de logements vides à mettre leur logement sur le marché.

La Taxe d'Habitation sur les Logements Vacants (THLV) a été instaurée en France en 2006 par la loi portant engagement national pour le logement  et appliquée pour la première fois en 2007.

Elle est codifiée à l'article 1407 bis du Code Général des Impôts :

Les communes peuvent « assujettir à la taxe d'habitation sur les résidences secondaires et autres locaux meublés non affectés à l'habitation principale, pour la part communale et celle revenant aux établissements publics de coopération intercommunale sans fiscalité propre, les logements vacants depuis plus de deux années au 1er janvier de l'année d'imposition ».

Malheureusement, le Ministère des finances ne semble pas encore en avoir pris conscience de son intérêt puisqu’il  la relègue à une place mineure dans ses textes, à commencer par le Code des Impôts et son article fondateur.

Il eût été tellement plus simple d’écrire que les communes  peuvent « assujettir à la taxe d'habitation sur les résidences secondaires et autres locaux meublés non affectés à l'habitation principale, les logements vacants depuis plus de deux années au 1er janvier de l'année d'imposition,  pour la part communale et celle revenant aux établissements publics de coopération intercommunale sans fiscalité propre».

Cette petite anomalie, on va le voir, provoque un effet en cascades grave  puisqu’elle aboutit à ce que la taxe soit carrément réduite à un sous-entendu, c’est-à-dire non mentionnée  dans d’autre articles du même code.

Ainsi, l’ article 1636 B sexies I, relatif aux liens entre les taux est révélateur.

« Les conseils municipaux et les instances délibérantes des organismes de coopération intercommunale dotés d'une fiscalité propre votent chaque année les taux des taxes foncières, de la taxe d'habitation sur les résidences secondaires et autres locaux meublés non affectés à l'habitation principale et de la cotisation foncière des entreprises ».

La Taxe d’Habitation sur les Logements Vacants est passée aux oubliettes alors qu’elle est bel et bien concernée par cet article.

Et cet oubli se reproduit ensuite dans les messages émanant du Ministère des Finances et envoyés aux Préfectures qui ventilent vers les sous-préfectures, lesquelles transmettent enfin aux communes.

A titre d’exemple, ce texte reçu le 24 mars de la Préfecture du Nord, via la sous-préfecture : « A compter de 2023, la taxe d’habitation est renommée « taxe d’habitation des résidences secondaires et autres locaux vacants meublés et non affectés à l’habitation principale », demandant aux communes de ne pas oublier de voter le taux de THRS… mais pas celui de la THLV là où celle-ci a été instaurée !

Une telle omission, ajoutée l’article 1636 B sexies I, a amené un certain nombre de communes ayant instauré la THLV à majorer celle-ci, parfois fortement dans le cadre de la lutte contre la vacance. Or, une telle majoration n’est en réalité pas possible dans la mesure où la règle du lien entre les taux, fixée par l’article 1636, limite cette possibilité bien que, étonnamment, il n’y soit pas question des logements vacants mais bien des « résidences secondaires et autres locaux vacants meublés et non affectés à l’habitation principale ». 

On voit qu’une imperfection sur une simple formulation peut avoir des conséquences fâcheuses.
Mais la forme, comme toujours, nous parle aussi du fond.

En effet, non seulement la règle du lien entre les taux (art 1636 B) oblige la commune qui a mis en place cette taxe et qui souhaiterait l’augmenter, à le faire dans la même proportion que la part communale du foncier bâti et du foncier non bâti, mais a contrario, lorsqu’une commune a fait le choix de baisser le foncier bâti, elle est tenue de baisser dans les mêmes proportions la taxe sur les logements vacants !

Cette règle du lien entre les taux n’a, dans ce cas de figure précis, aucun fondement particulier et se révèle contraire aux finalités des politiques publiques.

La lutte contre l’artificialisation n’a de chances de progresser que si l’on donne aux communes les outils d’intervention à la hauteur des enjeux.

La THLV est l’un de ces outils mais qui demande en ce sens à évoluer.
L’un des premières mesures consisterait à ce que l’article 1636 B sexies du Code des Impôts distingue clairement la THRS et la THLV et rende possible la dérogation à la règle du lien entre les taux pour cette dernière.

Une autre avancée pourrait consister à ce que les logements classés insalubres ne soient pas exonérés comme actuellement de la THLV car une telle exonération pénalise les communes dans la lutte contre l’insalubrité dans la mesure où elles se retrouvent, après relogement des familles, avec de nouveaux logements vides.

En l’état actuel des choses, et après la suppression de la Taxe d’Habitation, les élus ont le sentiment d’être une nouvelle fois dépossédés de la maîtrise de ces enjeux pour reprendre le concept du géographe Christophe Guilluy et comme lui, nous en appelons au pragmatisme dans le seul but de servir les intérêts de la population et des territoires qu’elle habite.

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L'anomalie sambrienne de la défense incendie

26 Mars 2023 , Rédigé par Jean-Marie Allain

La loi du 27 mai 2011 créant un service public local de «  Défense Extérieure contre l’Incendie » (DECI) a donné aux maires, détenteur du pouvoir de police administrative spéciale DECI, une lourde responsabilité dans la protection des bâtiments, publics ou privés de nos communes.

Ce service public recouvre en effet toute la chaîne de production de la Défense Incendie : schéma communal des risques (facultatif mais déterminant sur les orientations d’urbanisme et les priorisations d’investissement), - arrêté communal (obligatoire) - investissement et maintenance des Points d’Eau Incendie (PEI).

La moindre défaillance dans cette chaîne de production de la Sécurité expose le maire à des poursuites pénales.

Or, sur ce point, la situation des communes de l’arrondissement qui ne sont pas chez Noréade m’interpelle.

En effet, dans notre agglomération, 18 communes (dont Marpent) sur les 141 communes de l’arrondissement, pour des raisons historiques, sont alimentées en eau potable et via l’agglomération qui a la compétence, par  L’Eau D’ici , groupe SUEZ.

Les autres communes de notre Agglomération sont adhérentes chez Noréade, la régie du Syndicat Départemental SIDEN-SIAN, en charge de la distribution de l’eau potable et de l’assainissement  également via notre agglomération.

Tout en gardant leur pouvoir de police, les communes du SIDEN ont délégué le service DECI au SIDEN qui, en contrepartie d’une cotisation de 5 € par habitant et par an, assure toute la palette de services liés à la défense incendie : diagnostic, étude des risques, schéma communal, solution technique telle que renforcement du réseau, création d’une réserve etc…

Les communes de l’Agglomération restées  chez SUEZ ne sont pas couvertes par un tel dispositif de sécurité et doivent se débrouiller seules.
Même si les services du SDIS  mettent leur compétence à la disposition des communes, ils sont là pour donner des conseils, pas pour se substituer aux maires, seuls habilités, avec les présidents d’EPCI, à prendre en charge la DECI.

Parmi ces 18  communes, y en t-il une seule qui dispose d’un schéma communal DECI ?

Si le recours à un prestataire est la seule solution, je m’interroge, avant d’engager l’élaboration de notre schéma, sur le rôle que pourrait jouer notre agglomération en termes de mutualisation afin de garantir le maximum de cohérence dans la démarche et d’optimisation de la dépense.

C’est la raison pour laquelle j’ai sollicité l’avis du Président sur ce point l’essentiel restant pour nous de garantir la capacité d’anticipation des documents et des décisions d’urbanisme et la sécurité de nos administrés.

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POUVOIRS DE POLICE  : LES ELUS RURAUX ENTRE CIRCONSPECTION ET LASSITUDE

22 Mars 2023 , Rédigé par Jean-Marie Allain

intervention à  AG de l’Association des Maires Ruraux des Ardennes – samedi 18 mars 2023 à Raillicourt.

S’il est un sujet que lequel les maires devraient obligatoirement être formés au lendemain de leur élection, (et pourquoi pas même avant de se présenter), Ce sont les pouvoirs de police du maire, surtout s’il n’existe pas de police municipale ou de garde-champêtre.

Le maire se voit en effet investi, outre du statut d’Officier de Police Judiciaire (les adjoints également) d’un pouvoir de police administrative générale en charge du triptyque « Tranquillité, Salubrité, Sécurité », et d’un pouvoir de police administrative spéciale, davantage liée aux délits.

Les  pouvoirs de police administrative

Les pouvoirs de police administrative générale concernent pour l’essentiel les contraventions pour non respect des règles affectant directement ou indirectement l’espace public : Les aboiements récurrents, le fait de jeter un objet  dans l’espace public tel mégot, mouchoir, vêtement, le fait d’uriner ou de cracher dans l’espace public, l’encombrement des voies (poubelle, gravats…), les tags et affichages sauvages, la divagation d’animaux dangereux, les déchets abandonnés ou gérés dans des conditions illégales (uniquement en cas de péril imminent), les terrains non entretenus et présentant un risque en termes d’incendie si ce terrain est à moins de 200 mètres d’un espace boisé).

Les infractions relevant du pouvoir de police administrative  spéciale seront, le plus souvent, des dégradations de biens publics, des abandons de déchets sans danger imminent, des absences ou refus de déclaration de chiens catégorie 1 et 2, des stationnements non réglementaires, des animaux errants, des mises en sécurité d’immeubles en péril…

La police de la circulation et du stationnement faisant exception dans cette liste puisqu’il s’agit d’un pouvoir de police spéciale alors que nous sommes dans le domaine des contraventions.

Incivilités ou infractions ?

Généralement, ces infractions contraventionnelles sont qualifiées d’incivilités. Or, une incivilité (ne pas laisser sa place assise à une personne âgée dans un transport en commun par exemple), c’est le non respect d’une règle de savoir-vivre en société, ce n’est pas une infraction

On peut donc s’interroger sur la pertinence du recours à ce terme pour des désigner des faits qui sont des violations de la loi et sur le risque qu’il contient d’affaiblir la portée morale de l’infraction.

Par exemple, à force d’illustrer les incivilités par des images de rodéos, on en vient à oublier qu’il s’agit d’une infraction délictuelle.

Les politiques de prévention

Bien entendu, l’arsenal des sanctions n’a de sens que s’il est couplé avec des politiques de prévention tous azimuts.

-Efforts sur le cadre de vie pour que les habitants se sentent bien dans l’espace public: Les dégradations doivent être rapidement effacées pour éviter la spirale du syndrome de la « vitre brisée »

-Accessibilité aux équipements (gratuité des bibliothèques) et aux services (exemple d’un chèque loisir communal), permanences Mission Locale et de structure d’accompagnement vers l’emploi, bornes wifi gratuites sur la commune…

-Sensibilisation au civisme : toutes les opportunités doivent être utilisées, notamment les cérémonies de parrainage républicain, les cérémonies de remises de cartes d’électeurs,  les conseils municipaux de jeunes lorsqu’ils existent.

-Médiation des élus ou d’agents ASVP sans oublier l’exemplarité des élus et plus largement de tous ceux qui représentent l’Etat.

-Vidéo surveillance

-Rappel à l’ordre en présence des parents s’il s’agit de mineurs  et sous l’égide du Procureur (Il ne faut pas sous estimer les petites infractions dans la mesure où l’expérience montre que les auteurs peuvent progressivement glisser vers le délit : on roule en vélos sans phare, puis en scooter sans casque et enfin en voiture sans assurance ou sans permis.

- Eclairage public… aucune étude ne démontrant toutefois un lien de causalité entre délinquance et absence d’éclairage.

Le registre de la sanction

Ces politiques de prévention étant mises en place, les élus des petites communes se sentent à juste titre souvent démunis au niveau des sanctions, contraventionnelles ou délictuelles.

Le cas de figure le plus simple à régler, de mon point de vue, est celui du stationnement gênant avec le placement en fourrière qui  s’avère rapide et efficace si la commune est déclarée autorité de fourrière auprès de la Préfecture.

Pour le reste, c’est plus compliqué.

Le maire, constatant une infraction, peut, soit déposer plainte si la commune a subi un préjudice, soit encore (souvent après mise en demeure et confrontation contradictoire) dresser un procès verbal qui sera transmis au Tribunal (si nous sommes dans le champ du contraventionnel au titre de son pouvoir de police administrative générale ou si nous sommes dans le cas des délits à condition qu’ils entrent dans le cadre de ses pouvoirs de police spéciale), soit enfin procéder à un signalement auprès du procureur.

Ce dernier estimera alors si l’affaire doit être classée, si elle doit faire l’objet d’un complément d’informations ou d’enquête, ou encore si l’auteur des faits (lorsqu’il est identifié) peut faire l’objet de réponses alternatives à la procédure pénale.

Parmi ces réponses, on pense au rappel à la loi, désormais remplacé par le régime des amendes forfaitaires délictuelles le régime des qui s’applique à 85 délits depuis la loi LOPMI du 24 janvier 2023 (pour éviter les procédures pénales).

La mise en place de l’Avertissement Pénal Probatoire est une autre réponse, depuis le 1er janvier 2023 (art 41-1 du CPP) qui permet au Procureur de prendre des mesures alternatives comme l’entretien solennel et la réparation du préjudice.

Mais pour alléger  les charges du Parquet et gagner en réactivité dans la réponse, il serait souhaitable que les nuisances comportementales donnant lieu à contraventions puissent être sanctionnées par les maires.

Elargir et simplifier le système des amendes administratives

Force est de constater hélas le manque de moyens juridiques pour pouvoir sanctionner plus rapidement et sans encombrer le parquet.

Certes, il existe le système des amendes administratives du maire, d'un montant maximal de 500  € (loi de 2019 sur l’engagement de la vie locale, modifiée par la loi de 2020 contre le gaspillage) et perçue par le Receveur.

Mais ce dispositif, qui n’exclut pas une sanction pénale, révèle rapidement ses limites.

Tout d’abord, il ne couvre qu’un périmètre très restreint : le non-respect des règles de collecte (sauf si ce pouvoir de police a été transféré à l’intercommunalité), l’abandon et le dépôt d’ordures (ce qui suppose de connaître l’auteur et son identité), l’abandon d’ordures transportées dans un véhicule, l’élagage des arbres et des haies donnant sur le domaine public, le fait bloquer d'entraver la voie publique  en y installant ou en y laissant sans nécessité ou sans autorisation tout matériel ou objet, ou en y déversant toute substance.

Le dispositif  ne s’applique par ailleurs  que s’il y a manquement à un arrêté du maire, que si ce manquement est répétitif ou continu,  et s’il y a un risque pour la sécurité des personnes.

Enfin, la procédure s’avère dissuasive pour les maires en termes de temporalité : procès - verbal, notification, délai de réponse de 10 jours, mise en demeure, nouveau délai de 10 jours, prononciation de l’amende, avec le cas échant exécution de la mesure prescrite au frais de la personne.
En ce sens, l’AMRF a sans aucun doute un rôle à jouer auprès des parlementaires afin que ce dispositif, intéressant dans son principe, soit nettement élargi dans son périmètre et fortement allégé dans sa mise en œuvre.

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Quel remède contre l'hypertrophie ?

10 Mars 2023 , Rédigé par Jean-Marie Allain

La situation financière de l’Agglo ne lui permet pas de maintenir un scénario  d’investissement 2023-2027 à hauteur de 238 M€, sauf à foncer droit dans le mur pour reprendre en des termes un peu abrupts ce qu’écrit le cabinet Klopfer.

Dit autrement, l’Agglo n’aurait pas les moyens de ses ambitions. Pour surmonter ce qui n’est pas une pierre mais une montagne d’achoppement, nous devons d’abord comprendre et pour cela utiliser le prisme de la géographie et de l’histoire singulière de notre territoire.

-La géographie multipolaire de la Sambre  nous distingue des agglomérations, majoritaires en France, où la ville - centre concentre naturellement l’essentiel des équipements structurants .Chez nous, la configuration multipolaire a amené les villes centres de chaque pôle à prétendre légitimement à ces investissements structurants et l’agglo se retrouve ainsi à supporter un nombre de sites ou d’équipements disproportionnés eu égard à sa taille, une situation d’autant plus lourde à gérer aujourd’hui que les coûts de l’énergie et des matériaux explosent.

A cet égard, et si les dépenses de personnel ne sont pas en cause puisque plus faibles que la moyenne, il serait judicieux d'avoir un tableau comparatif des dépenses de fonctionnement par habitant.

-Vient s’ajouter à cela le fait que depuis plus de quatre décennies, nous vivons dans un secteur en proie à de nombreuses difficultés et face à des enjeux importants sur le plan de son attractivité, de l’insertion professionnelle, de la santé, des conditions de logement…

Ce cumul de difficultés a amené, de manière quasi mécanique, à concentrer dans notre intercommunalité plus de 50 compétences et beaucoup de projets pour certaines d’entre elles.

Cette boulimie de compétences s’est réalisée d’autant plus aisément que l’Etat augmentait ses dotations en fonction du Coefficient d’ Intégration fiscale : c’est la fameuse « course au CIF ».

-Suite logique,  la gouvernance de l’agglomération a forcément épousé cette concentration de compétences pour aboutir à un nombre très conséquent, pour ne pas dire excessif, d’élus titulaires d’une délégation (31 élus dans l’exécutif pour une population de 126 000 contre 17 pour la métropole lilloise de plus d’un million d’habitants !). La encore, les ratios avec d’autres agglomérations parlent d’eux mêmes.

Notre agglomération souffre ainsi, sans qu’elle en soit forcément responsable,  d’une triple hypertrophie : hypertrophie des équipements d’intérêt communautaire, hypertrophie des compétences et hypertrophie de la gouvernance.

Face à cela, le cabinet Klopfer  propose de prioriser les projets,  de faire des économies sur les dépenses de fonctionnement, de ramener les investissements à 152 M€ et de faire évoluer le Pacte financier et Fiscal en créant un FDU de 15 millions d’euros pour les projets structurants.

Si la priorisation  des projets est le rappel d’une règle basique en matière de programmation, la recherche des économies de fonctionnement est également  indispensable mais à la marge, sauf si on intègre également cette préoccupation dans le devenir des équipements existants et les futurs projets dont les coûts d’exploitation prévisionnels doivent être passés au crible et à la lumière de la progression annuelle des coûts, paramètre plus important que la part à charge d’investissement initial, profondément biaisée par l’effet trompe l’œil des subventions qui ne sont versées qu’une fois.

En ce sens, la baisse suggérée des investissements à 152 M€ est une mesure de saine prudence sans qu’elle soit pour autant assurément suffisante.

Quant à la création d’un FDU de 15 millions d’euros pour les projets structurants, il revient à recréer le Fond de concours des grosses communes qui avait été supprimé pour augmenter celui des communes péri- urbaines.

J’ai ainsi le sentiment qu’on essaie sous un autre nom de faire entrer par la fenêtre un  dispositif qui était sorti par la grande porte mais un dispositif bonifié puisque, contrairement au FDC où les petites et moyennes communes apportent 50 %, le FDC, sans autre précision à ce stade, sera un financement intégralement supporté par l’Agglomération. Dans un Pacte d’équité fiscale, reconnaissons que cela puise prêter à débat. L’ancien Président lui-même avait proposé que la commune qui reçoit un équipement d’intérêt communautaire mette la main à la poche à hauteur de 10 %.

Plus personne n’en parle.

Enfin, revenons pour terminer sur la gouvernance en signalant que la loi relative à l’engagement dans la vie locale et à la proximité de l’action publique du 27 décembre 2019 prévoit que l’intercommunalité  doit communiquer (comme la commune d’ailleurs) aux conseillers et avant l’examen du budget, la liste des indemnités perçues par les élus  au titre de tout mandat et de toutes fonctions exercées en leur sein et au sein de tout syndicat ou de toute société ou filiale.

La Direction Générale des Collectivités Locales recommande de prévoir une présentation en séance au moment du débat d’orientation budgétaire. Ma première demande avait été formulée discrètement il y a plus d’un an. Je pensais qu’au vu des 18 mois écoulés, nous aurions ce document.

L’Agglo s’est engagée à joindre ce document à la convocation du prochain conseil communautaire.

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En finir avec un régime de privilèges

1 Février 2023 , Rédigé par Jean-Marie Allain

Le maire et plusieurs agents municipaux grévistes ( et non payés !) ont participé à la manifestation contre la réforme des retraites, d’autant plus inacceptable que les sénateurs se sont exclus de la réforme. Percevoir 2200 euros de retraite après un mandat de 6 ans, c’est maintenir un privilège de caste, incompatible avec une démocratie digne de ce nom.

 

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Par disette, les gloutons doivent montrer l'exemple

14 Janvier 2023 , Rédigé par Jean-Marie Allain

La crise énergétique que nous vivons est exceptionnelle et les effets de la guerre en Ukraine sont aggravés par l’inconséquence des choix de nos gouvernants qui ont laissé dépérir le potentiel énergétique de la France et validé un mode de calcul stupide de l’Union Européenne du prix de l’électricité, aligné sur celui du gaz.

Cette crise, outre qu’elle fait peser la menace de coupures, fait exploser les prix de l’énergie et justifie une gestion plus économe de l’éclairage public.

A l’image des commues rurales qui, pour la plupart, pratiquaient déjà l’extinction de l’éclairage public la nuit, la Communauté d’Agglomération a organisé un séminaire à Bachant au cours duquel il fut envisagé cette possibilité.

D’emblée, le maire de Maubeuge a précisé qu’il avait besoin sur sa commune de maintenir des secteurs éclairés la nuit en raison de la nature de ces « zones sensibles » et de la présence de la vidéo surveillance.

Outre que l’on peut répondre que les caméras infra rouges sont faites pour voir la nuit, cet argument est d’autant plus curieux que tout le monde s’accorde à dire que l’obscurité ne génère pas plus d’incivilités (aucune étude en France ne l’a démontré) et que ce serait même plutôt l’inverse.

Ce jour-là, j’ai tout de suite précisé que la commune de Marpent s’associait à l’objectif de l’Agglomération mais à condition que toutes les communes « jouent le jeu », y compris Maubeuge.

Le premier point qui mérite débat, qui concerne toutes les communes, est celui de la sécurité des piétons et des deux roues. Sur ce point l’Agence Française de l’Eclairage affirme, études à l’appui, que l’extinction de l’éclairage public tend à augmenter les risques d’accident de ces deux catégories d’usagers, et donc la responsabilité pénale des maires.

Interrogé sur ce sujet par le sénateur Anglars, le gouvernement, par la voix de Dominique Faure, ministre chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité, vient de rappeler que la responsabilité du maire est possiblement engagée, contrairement aux propos qui ont été tenus lors du conseil communautaire : «  le maire est couvert par son arrêté en cas d’accident ».

La ministre reconnaît au contraire que le juge administratif, en cas d’accident dû à un défaut d’éclairage, est fondé à rechercher si «  des circonstances particulières témoignant d'une faute du maire dans l'exercice de ses pouvoirs de police sont susceptibles d'engager sa responsabilité » et, sur ce constat recommande aux maires « de prendre des mesures de signalisation visibles de nuit, tels que des panneaux réfléchissants ou clignotants avertissant des dangers. »

La commune subit donc la double peine : suppression de l’éclairage et dépenses pour les moyens de signalisation. 

Ces réponses n’ont de toute façon pas satisfait le sénateur Anglars, qui les a jugées « insuffisantes »  et a réitéré sa demande au gouvernement de « se saisir du sujet ». 

Le deuxième point  concerne les modalités de l’extinction. Et, à ce propos, nous ne pouvons pas dire que l’agglomération ait mené une véritable réflexion sur l’éclairage intelligent et sa palette d’options : éclairage progressif, détecteurs de présence, enlèvement d’une ampoule sur deux, allumage à la demande avec le téléphone… autant de possibilités qui peuvent permettre, comme le précise la Ministre, de dégager des moyens « pour cibler les lieux où l'éclairage serait rendu nécessaire pour des raisons de sécurité ». 

Faisan fi d’une réflexion sérieuse et contradictoire sur le sujet, l’agglomération a préféré s’engager précipitamment, les communes suivant la consigne, sans trop se poser de questions.

J’avais prévenu lors du séminaire bâclé de Bachant que nous conditionnerions la mise en oeuvre de la délibération à l’application par Maubeuge de cette même délibération, à savoir l’extinction entre 23 h et 5 h.

Dès que Maubeuge aura communiqué son plan de «zones sensibles » (où l’EP serait maintenu), le conseil municipal de Marpent examinera s’il convient ou non d’adopter l’arrêté, au vu des zones sensibles qui sont les nôtres et des aménagements à réaliser pour sécuriser les piétons et les deux roues.

Le maire de Maubeuge m'explique que ses 154 caméras se rechargent sur l'éclairage public et qu'il n'a pas de compte à rendre aux autres communes. C'est faite fi, avec un certain mépris,  des communes plus petites qui pourtant sont parfois dans une situation équivalente (notre réseau wi-fi se recharge également sur l'éclairage public), d'autant plus que la plage horaire d'allumage (23 h à 5 h) suffit à recharger les caméras

Le comble de cette histoire, c’est que les deux communes qui rechignent à éteindre l’éclairage public (Maubeuge et Louvroil) sont les deux communes pour lesquelles l’Agglomération s’est engagée dans un Partenariat Public Privé (PPP) qui coûte chaque année plus de trois millions d'euros aux contribuables sambriens.

Nous attendons par conséquent que ces deux communes passent à l’acte sur tout leur territoire pour examiner les modalités de passer à l’acte à notre tour.

 

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Mes Nuits avec Emma B.

9 Janvier 2023 , Rédigé par Jean-Marie Allain

 

Rafaëla DA FONSECA, agrégé de lettres classiques et professeure de littérature à Maubeuge et invitée d'honneur à la cérémonie des voeux, a publié «  Mes nuits avec Emma B. » aux Presses littéraires, un ouvrage qui figure parmi les meilleures ventes en ce moment.

La période de confinement du Covid a marqué la vie de chaque français. Comme l’explique l’auteur dans son avant-propos, le Covid a souvent été l’occasion de découvrir les séries télé … ou d’observer par la fenêtre que le voisin s’était trouvé une vocation sportive ou qu’il se décidait à promener le chien deux fois par jour, quitte à ce que toutou traîne les pattes.

Et pour celles et ceux qui écrivent, cela fut un vecteur extraordinaire d’imagination.

Pour Rafaëla, le Covid  fut ainsi l’occasion de relire « Mme Bovary » de Flaubert …  Mais Rafaëla s’est assoupie pour rêver qu’une diligence gentiment baptisée l’hirondelle l’emmène du Nord vers la Normandie, plus d’un siècle auparavant, où elle est accueillie par Mme Bovary, qui se dit sa tante, et l’appellera Léonor.

La narration se fait donc  selon un procédé cinématographique qui m’a rappelé celui des visiteurs à la différence près, et de taille quand même,  que "les visiteurs" regardent le monde d’aujourd’hui avec les yeux du Moyen Age tandis que, dans le cas présent côté, le lecteur regarde le 19e siècle avec les yeux d’aujourd’hui.

Ce retour en arrière suscite des allers et retours entre l’époque Bovary, celle de l'enfance portugaise de Rafaëla, puis en Normandie  et l’époque actuelle, provoquant un tourbillon  nous faisant perdre parfois nos repères temporels mais toujours prétexte, grâce à son imagination surprenante, à créer des situations tantôt poétiques (cf son regard nostalgique sur la tonnelle des amours d’Emma), tantôt loufoques

Quant à sa plume, elle est brillante, alerte, vive et même parfois tranchante.

Elle se montre ainsi plus cruelle que Flaubert  dans le portrait de Charles, le pauvre médecin et mari d’Emma :

« On ne peut pas dire qu’il était laid, non. Comme dirait ma mère, il de ceux dont on ne dit rien. Ni beau, ni moche. L’éternel figurant. A le regarder du plus près, on comprenait pourquoi Flaubert avait mis du Charal en lui, regard bovin aussi inexpressif que l’œil d’une truite, paupières tombantes fatiguées sans doute d’avoir dû retenir depuis trop longtemps le poids de la bêtise ».

Le moment le plus fort de cette fiction aux allures de conte, c’est cette confidence nocturne que fait Emma à Léonor au retour d’une sortie d’adultère avec  Rodolphe, l’amant qu’a tout de suite jugé Léonor qui le qualifie d’ « allumeur de grand chemin ».

« Rodolphe, c’est comme la peste du temps de Montaigne. Si j’avais dû l’ajouter à mes contacts dans le répertoire de mon téléphone, je me serais juste contenter d’une série de smileys : le petit bonhomme vert tout près de dégobiller. La moitié des grenouilles est en voie de disparition, paraît-il. Si l’on pouvait éventuellement nous débarrasser de certains crapauds ».

Léonor, pour protéger Emma devenue son amie, tente en vain de la dissuader de renouer avec ce Rodolphe pour une relation amoureuse qu’elle sait vouée à la décomposition, à la déception et à la mort.

Tous les protagonistes du livre sont donc des personnages de Flaubert qui ont gardé leur physique et leur caractère mais qui ont été réinventés en quelque sorte par Rafaëla… comme Emma, plus vivante et moins déprimée que la Emma de Flaubert, la reine de l’ennui.

Mais Flaubert n’avait-il pas lui-même réinventé des personnes du réel, en tout premier lieu Emma, personnage élaboré à partir d’une certaine Delphine Delamare, jeune femme aux amants et criblée de dettes qui s’est suicidée quelques années plus tôt et a inspiré le roman Flaubert

S’il y un mot portugais que le lecteur retient, c’est celui de « saudade », mot d’ailleurs accepté dans le Larousse car il est difficilement traduisible en français « Nostalgie un peu heureuse, « le passé heureux qui ne veut pas devenir souvenir », une fenêtre ouverte sur des heures qui furent joyeuses ».

Flaubert disait sur son lit de mort : « Cette pute de Bovary va vivre et je vais mourir comme un chien ».

La réinvention originale d’Emma, sous la plume talentueuse de Rafaëla, tend à donner raison à Flaubert mais peut aussi être un prétexte à redécouvrir ce grand écrivain.

 

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Qu’est-ce qui change pour nos déchets recyclables au 1er janvier 2023 ?

31 Décembre 2022 , Rédigé par Jean-Marie Allain

En raison de l’impossibilité pour les intercommunalités de l’avesnois d’envoyer pour l’instant leurs recyclables à Douchy (travaux conditionnés à la dépollution du site), nous savons de manière non officielle que notre agglomération a signé un avenant le 30 décembre avec Flamme - RDV pour un  prolongement d’un an du marché de tri actuel.

Pour information, les habitants du Pays de Mormal ont été informés par courrier de leur Président le 9 décembre que cette intercommunalité avait également signé le même type d’avenant.

Flamme - RDV n’étant pas agréé, le soutien de Citéo (organisme qui donne l’agrément) est de 300 € la tonne alors qu’il serait de 725 € dans un centre agréé.
Cela étant, le tri dans un centre agréé ferait perdre les recettes liées à la vende des recyclables (qui iraient à Citéo) alors qu’avec Flamme-RDV, le prix de la revente de ces recyclables couvre la différence avec le soutien Citéo,

Il n’y aura donc pas de perte financière pour l’agglomération en 2023.

C’eut été tellement plus simple de nous le dire clairement, même si on peut comprendre une certaine gêne de la part de ceux qui ont fait le choix de Douchy de devoir continuer à travailler avec Flamme-RDV.

Cette même opacité règne sur le choix du mode de collecte.

Concernant la fourniture des bacs à verre que nous attendions pour le 1er janvier (la 3e poubelle), l’agglomération n’a jamais communiqué la liste des communes qui avaient fait ce choix et celles qui ont préféré les colonnes à verre en apport volontaire (option défendue par les responsables de l’Agglo).

Pour quelle raison ne pas avoir donné l’information aux élus, si ce n’est par refus d’admettre que l’option de l’agglomération ne recueillait pas la faveur d’une majorité de communes ?

Ces petites poubelles à verre ont été commandées par Flamme-RDV sans précision du nom des communes concernées et la base d’une estimation de population donnée par l'agglo et sont stockées chez le fournisseur.

Quant aux colonnes à verre pour lesquelles l'agglo a donné son accord en juillet dernier, elles accusent un retard de livraison d'environ 3 mois, un retard qui aurait pu être évité si l'accord de l’agglomération avait été donné plus tôt.

A ce jour l'agglo a interdit toute distribution de bacs tant que les colonnes ne sont pas livrées. Une façon de traiter équitablement les communes ? Ou la crainte d’avoir des retours de la population qui ne va pas comprendre pourquoi certains vont devoir se déplacer pour aller déposer leur verre et pas les autres ?

Bref, à croire que la transparence est devenue un gros mot en Val de Sambre.

Pour information, l’avis d’audience du tribunal administratif de Lille est publié.
Il concerne le référé de la société Recyclage-des-Vallées contre l’arrêté préfectoral
mettant fin aux compétences du SMIAA, référé qui vise également les délibérations
des 4 communautés de l’Avesnois demandant la dissolution du SMIAA.

L’audience, qui sera publique, se déroulera le jeudi 12 janvier 2023 à 14h30
en salle 3 du tribunal administratif de Lille, situé 5 rue Geoffroy Saint-Hilaire à Lille.

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