DU MALAISE SOCIAL AU MALAISE IDEOLOGIQUE
L'étude internationale des rémunérations du cabinet de Mercer vient de
publier ses résultats.
Pas de grande surprise.
Le salaire net médian d'un ouvrier belge est 25 653 euros par an contre 14 903
euros pour un ouvrier français.
Côté cadre, c'est l'inverse : les cadres français gagnent davantage que
les ouvriers.
Moralité : c'est en France que les inégalités sont les plus fortes.
Pas étonnement que le malaise social soit aussi fort dans notre pays.
Mais ce qui est surprenant c'est qu'en France les revendications se font
en faveur d'une augmentation du pouvoir d'achat, donc y compris pour
les cadres !
Alors que l'un des problèmes, bien mis en exergue en son temps par les
sociologues Christian Baudelot , Roger Establet er Jacques
Malemort dans un lumineux et scientifique ouvrage intitulé " la Petite
bourgeoise en France " (chez Maspero), cest que l'essentiel de l'extorsion de la
plus-value se réalise certes entre le patronat et le salariat mais aussi
au sein du salariat.
La petite bourgeoisie salariale vit d'une partie de la plus-value qui
lui est rétrocédée, en partie au travers d'un sur-salaire.
Les auteurs en tiraient la conclusion que " ce fractionnement met les
organisations de lutte de la classe ouvrière devant des contradictions
réelles qu'il leur appartient de régler, mais qui ne se régleront pas
toutes seules ".
Or, ces contradictions ne sont toujours pas réglées si l'on croit les
mots d'ordre de ces organisations en faveur d'une augmentation générale
du pouvoir d'achat.
Concrètement, elles se satisfont d'une augmentation uniforme des salaires.
Or, tout le monde sait que lorsqu'on augmente un cadre de 3 %, on
augmente aussi l'ouvrier de 3 % mais qu'au final, les inégalités
salariales ont augmenté !
Cette contradiction est inhérente aux revendications du mouvement social
français qui roule toujours, en fin de compte, pour les mieux payés.
L'interdiction des bonus ou des stock-options est devenue une banalité.
Mais faire croire que cela suffirait à régler le problème des inégalités
est un leurre aussi gros que celui qui consistait pour le PC à faire
croire qu'en réquisitionnant les biens des 200 familles les plus riches,
on réglerait le même problème.
Quand verrons-nous les organisations syndicales défiler pour demander
des augmentations inversement proportionnelles au salaire ?
Quand verrons-nous ces mêmes organisations demander un blocage des hauts
revenus ?
" La Petite bourgeoise en France " n'a pas perdu une ride.
C'est une démonstration remarquable du mécanisme d'extorsion et de
redistribution de la plus-value et l'ouvrage de référence pour
comprendre l'accroissement permanent des inégalités salariales dans
notre pays.
CANAL DE LA SAMBRE : MOBILISATION TOUTE !!
A l’invitation d'Initialités, la Société d'Economie Mixte présidée par Jean-Jacques Thomas, maire d'Hirson et conseiller général, une conférence de presse s'est tenue à Vadencourt, dans l'Aisne, pour faire le point des actions engagées afin de remettre en état le le pont-canal de la Sambre à l'Oise, qui s'est affaissé sur la rivière Oise qu'il chevauche.
L'enquête publique est terminée mais ce n'est si simple puisqu'il n'y a pas d'argent.
Parmi les élus présent de l'avesnois, il y avait autour de JJ Thomas, le député Jean-Luc Pérat, Josianne Sulek, vice-présidente de l'AMVS, Alain Bortolus, maire de Pont-sur-Sambre, Jean-Marie Leblanc, adjoint de Fontaine-au-Bois (ancien directeur du Tour de France), Pascal Devins, maire-adjoint d'Hautmont et moi-même pour la commune de Marpent, mouillée par la Sambre.
Le pont-canal, propriété de VNF, est donc fermé à la navigation fluviale depuis trois ans, avec des incidences économiques importantes.
Des coopératives agricoles comme celle d'Etreux ont dû se replier sur le transport routier, c'est un comble à l'heure du développement durable Des carriers attendent également que le trafic soit rétabli et utilisent en attendant eux-aussi la route, c'est encore un comble en termes de développement durable.
Le tourisme fluvial est tombé de 800 bateaux par an à zéro, c'est une hécatombe pour l'économie touristique de la Sambre et encore un comble lorsqu'on sait que les travaux de réfection, estimés à 2,5 millions d'euros, bloquent 30 millions d'euros de programmes d'aménagement validés par l'Union Européenne.
Jean-Jacques Thomas a fait état de la dernière rencontre avec le Ministère au cours de laquelle l'Etat a expliqué que l'enjeu de la Sambre était mineur eu égard à celui du canal Seine-Nord, là où sont concentrés les études et les financements.
M Thomas a montré sa détermination et expliqué l'intérêt économique, écologique et patrimonial de cette remise en état.
Josiane Sulek a rappelé les nombreux aménagements réalisés par la Communauté d'Agglomération.
J'ai pour pour ma part abordé la question du pont de Vadencourt à la lumière de la Loi Raffarin de 2004 qui prévoit la possibilité pour les régions de reprendre les voies d'eau secondaires.
A terme, il est clair pour moi que la Sambre ne sera plus un domaine de l'Etat mais avant cette rétrocession, il importe d'exiger la remise en état du réseau et en particulier de ce pont.
J'ai relancé l'idée de travailler parallèlement avec les deux conseils régionaux concernés, les deux départements et les intercommunalités, à la création d'un Etablissement Public de la Sambre (comme il en existe un sur la Basse Seine depuis des décennies).
J'ai donc insisté sur l'importance d'associer les deux conseils régionaux à cette démarche collective.
Il est clair que les Régions disposent d'une arme dans la négociation puisque l'Etat va les solliciter financièrement pour l'aménagement du canal Seine-Nord.
Elles doivent absolument, et au nom de la solidarité territoriale, exiger en contrepartie que VNF et l'Etat remettent en état ce pont, notamment dans le cadre du Plan de relance.
JL Pérat a conclu la réunion en ce sens et les élus ont convenu de se revoir en février, en Val de Sambre cette fois.
ALÉAS CLIMATIQUES : FAUT-IL ENTERRER LES LIGNES ELECTRIQUES ?
La question s’est posée à la suite de la tornade.
Elle est reposée suite à la tempête dans le sud-ouest.
Suite à la tempête de décembre 1999, un rapport avait été commandé à une équipe d’ingénieurs du Conseil Général des Mines, dit rapport Piketti.
Le rapport affirmait clairement qu’un événement de ce type avait une chance sur quatre de se reproduire dans les 15 à 30 ans à venir.
La réalité dépasse manifestement la probabilité.
L’analyse des dégâts de la tempête de décembre 1999 avait révélé que les lignes édifiées sur la période 58-78 avaient été les plus affectées.
Or, c’est une période où, pour des raisons financières et de forte croissance de la demande, les règles de construction avait été assouplies.
Faut-il enfouir les lignes ?
En 2000, pour la moyenne tension, le taux d’enfouissement était de 30, 5 % contre 85 pour la Belgique, 60 pour l’Allemagne et 45 pour la Grande Bretagne.
Ces pays font également mieux que nous pour la basse tension.
Mais on constate aussi que le niveau d’enfouissement est corrélé avec la densité urbaine, ce qui expliquerait le plus faible taux d’enfouissement en France où le taux d’enfouissement ne progresse que de 1 % par an !
Pour le réseau très haute tension, la sécurisation passe d’abord pour ces ingénieurs par un travail sur les fondations avec un surcoût d’environ 10 %.
La mise en souterrain est beaucoup plus rentable pour la haute et moyenne tension (« seulement » 3 fois plus cher que l’aérien) et pourrait concerner prioritairement les lignes les plus exposées (zones littorales de l’Ouest).
C’est le sens de l’intervention de François Bayrou ces jours derniers.
Quant aux lignes en souterrain basse tension, elles coûtent 10 à 20 fois plus cher que l’aérien et ne sont pas exemptes d’avaries (agressions extérieures lors de travaux par exemple), même si cela n’interdit pas d'enterrer les lignes basse tension les plus vulnérables ou lors de leur renouvellement.
Le financement de cette sécurisation a fait sursauter les médias Qui va payer ?
Il faut savoir que, comme le dit le rapport, les collectivités concédantes (communes regroupées en syndicats d’électricité) disposent de ressources abondantes dans la mesure elles imposent au concessionnaire de rembourser en huit ans la part des ouvrages qu’elles financent à partir de leurs ressources propres (alors que ces ouvrages ont une durée bien plus longue) : c’est la redevance dite R2 des cahiers des charges de concession, versées par EDF, via le FACE (Fonds d’amortissement des charges d’électrification) à ces syndicats … au grand dam de la Cour des comptes qui pointait dans son rapport de 2001 les excédents financiers de ces vieilles intercommunalités, toujours discrètes, consensuelles mais attachées à leurs prérogatives.
Le rapport proposait également la mise en place, comme au Royaume Uni, d’une indemnisation forfaitaire des usagers privés d’électricité en cas de défaillances du réseau.
Après tout, être privé d’électricité c’est comme s’il n’y avait pas de train alors que vous avez payé votre abonnement.
L'ILLUSION CIVIQUE
Dans son enreprise de séduction de la jeunesse, le Président Sarkosy
décrète la gratuité des musées dépendant de l'Etat pour les moins de 25 ans.
Tout cela me rappelle les travaux de Bourdieu sur la reproduction sociale.
La gratuité est toujours inégalitaire et dans ce cas précis va favoriser
les jeunes des secteurs géographiques où il existe des musées nationaux.
Ce n'est pas le cas en avesnois.
Ne soyons donc pas dupes de cette illusion civique.
Les jeunes auraient sans aucun doute préférer l'annonce de l'intégration
du permis de conduire dans le cadre des épreuves scolaires.
La culture est un service public mais l'apprentissage de la conduite
autormobile pourrait en être un autre.
PONT DE VADENCOURT : SORTIE DU TUNNEL ?
Pour information, le Préfet de l'Aisne a publié le 8 décembre 2008
l'arrêté relatif à l'ouverture de l'enquête publique afin d'autoriser la
reconstruction du pont-canal de Vadencourt.
L'enquête a lieu du 6 janvier au 27 janvier 2009.
Le pont s'était transformé, on le sait, en tunnel, empêchant tout
transit de la navigation de plaisance
Serait-ce à dire que la sortie de celui-ci s'annonce ?
C'est en tout cas un signe positif et même, en ces temps de voeux, un
signe d'espoir.
POURQUOI L’ECONOMIE SE TROMPE SI SOUVENT ?
" Les clignotants de l'économie sont au vert "
C'est notre Ministre de l'Economie, Christine LAGARDE, qui déclarait savamment ceci en avril 2008.
Et la crise vint quelques mois plus tard..
On parlait de vert et voilà que le monde broie du noir.
L'économie, on le savait, n'est pas une science exacte.
Ceci n'autorise pas cette discipline à asséner à tout bout de champ ses prédictions.
Dans la vie, Il est parfois préférable de rester muet et d'être pris pour un incompétent que de claironner n'importe quoi et de ne laisser aucun doute à ce sujet.
PLAN DE RELANCE ET GRENELLE
On peut en douter à la lecture du Plan de Relance de N.Sarkosy qui prévoit un circuit de Formule 1 dans les Yvelines sur des terres exploitées aujourd'hui par l'agriculture biologique, le projet de nouvel aéroport de Nantes, le projet d'autoroute Pau-Langon, celui d'extension du port méthanier du Havre, le futur stade de l'Olympiquej de Marseille non desservi par les transports en commun ....
L'Alliance pour la Planète met en ligne sur son site les projets Grenello-incompatibles ". http://www.lalliance.fr/
FRILOSITE DU PAQUET ENERGIE
Avec la fin de l'année 2008, le Président Sarkosy a conclu sa présidence
européenne par un accord sur les émissions de CO2, pour la deuxième période
du protocole de Kyoto, qui s'ouvre à partir de 2012.
Ce paquet énergie climat repose sur six textes législatifs :
- La directive sur les énergies renouvelables : premiers fournisseurs
d'électricité d'ici à 2020
- La révision du système européen des droits d'échange d'émissions :
des exemptions ont été accordées pour les centrales charbon des pays
d'Europe centrale et orientale jusqu'en 2020 et la directive ne porte donc
plus sur l'ensemble des industries polluantes, mais seulement sur 4% d'entre
elles. Par ailleurs, les entreprises pourront acheter des crédits d'émission
dégagés par des projets environnementalement responsables ailleurs dans le
monde, au lieu de réaliser un effort de réduction à la source.
- La décision relative à la répartition des efforts entre Etats-membres,
sachant que 80% des efforts de réduction des émissions pourront être
externalisés, dès lors que les Etats-membres pourront acheter des crédits
d'émissions en échange d'investissements dans des projets de développement
propre ailleurs dans le monde, ce qui risque d¹être un coup d¹épée dans
l¹eau.
- Le cadre législatif en matière de capture et de stockage de carbone,
procédé qui r risque d'encourager à extraire davantage d'énergies fossiles,
sous prétexte d'espérer pouvoir en ré-enfouir une partie.
- La directive sur la qualité des carburants
- La réglementation sur les émissions de CO2 des voitures, qui fixe une
limite de 130 g/km, n'entrera en pratique pour l'ensemble du parc automobile
européen qu'en 2019,
On le voit, il a fallu faire des concessions.
Un accord apparemment ambitieux mais finalement plutôt frileux.
LES DERIVES AUTOCRATIQUES DU POUVOIR
L¹avocate Corinne Lepage , Présidente de CAP21 et Vice-Présidente du MODEM
donne son point de vue sur le projet de Nicolas Sarkosy de supprimer le juge
d¹instruction.
Les juges d¹instruction seraient remplacés par un système dans lequel
l¹instruction serait confiée au Parquet qui demeure sous le contrôle du
Garde des Sceaux, donc du Président de la République : c'est-à-dire un
contrôle politique.
Cela signifierait qu¹en réalité, plus aucune affaire déplaisant au pouvoir
ne pourrait faire l¹objet d¹une instruction en France.
Pour Corinne Lepage, avec la réforme du Code des Marchés Publics qui relève
le seuil des procédures formalisées à plus de 5 millions d¹euros HT pour les
marchés de travaux et qui permettra donc des négociations directes avec les
entreprises et qui supprime la Commission d¹Appel d¹Offres dans les
administrations de l’Etat et les établissements hospitaliers, les portes
sont ouvertes pour le retour à l¹affairisme d¹Etat.
Après la réforme de l'audiovisuel public et le fichage généralisé,
Corinne Lepage souligne les dérives autocratiques du pouvoir actuel.
Cette réforme participe d’un ensemble cohérent qui n’a pour seul objectif
que de verrouiller l'appareil démocratique.
La suppression du juge d¹instruction viendrait donc en quelque sorte coiffer
cet édifice afin de disposer d¹une justice aux ordres, après avoir construit
un système de contrôle direct et indirect des médias.
Site de CAP21 : http://www.cap21npdc.net
IRONIE DE L'HISTOIRE
A Blénod-lès-Pont-à-Mousson, EDF reconvertit sa centrale au charbon en
centrale gaz de 400 mégawatts;
C'est donc une ironie de l'histoire que de voir s'implanter sur l'ancien
site de la centrale EDF de Pont-sur Sambre l'opérateur privé Powéo.
Il faudra un jour qu'EDF nous explique pourquoi ce qui est rentable en
Lorraine ne l'était pas sur la Sambre et pourquoi un concurrent privé arrive
à se posItionner là où l'opérateur public avait décidé de plier bagage.