A l’initiative de Philippe Biais, conseiller municipal (d’opposition) à Jeumont, une quinzaine de personnes s’est retrouvée salle Jean Jaurès de l’hôtel de ville de Maubeuge pour échanger sur le rapport du député socialiste Philippe Duron consacré à la question ferroviaire.
On pouvait croiser David Lavaux, bourgmestre d’Erquelinnes et plusieurs élus et animateurs d’associations de défense du rail ou encore du Conseil de Développement.
Philippe Biais avait fort bien préparé son intervention, appuyée par une vidéo-projection nourrie de nombreuses sources documentaires. Le sujet des TET (Trains d’Equilibre du Territoire) fut le principal sujet de cette réunion.
D’emblée, P.Biais rappelle que si les traditionnelles motions et manifestations ponctuelles peuvent se comprendre dans l’urgence, elles ne remplaceront jamais une réflexion de fond pouvant nourrir un projet de développement susceptible de se traduire par des expérimentations locales.
Constat N° 1 :
Le territoire témoigne d’une grande frilosité sur la question ferroviaire qu’on ne retrouve ni dans le SCOT, ni dans le Plan de déplacement Urbain (en cours depuis des années mais toujours pas achevé), ni dans le Projet de Territoire.
Constat N°2 :
Les pôles gares de l’agglomération, lorsqu’on les découvre par photo aérienne, sont hémiplégiques : urbanisés d’un côté et pas de l’autre.
C’est le cas de Maubeuge que le projet « Eura-Sambre » devait régler s’il n’était pas tombé dans le chaudron de la mégalomanie.
C’est aussi le cas de Jeumont avec le site de l’ancien dépôt que le projet d’éco-quartier porté à l’époque par Philippe Biais devait aussi régler s’il n’avait pas été enterré le lendemain du renouvellement de l’équipe municipale, celle-ci préférant, avec l’insouciance d’une majorité des élus communautaires, déplacer le périmètre « pôle gare » vers le centre-ville.
Ce choix pour la requalification préférentielle du centre-ville est parfaitement légitime politiquement mais s’opère en détournant un dispositif et des crédits régionaux (et de l'agglo !) qui étaient réservés, comme leur nom l’indique, aux« pôles gare » et plus précisément à un périmètre bien circonscrit à l’intérieur duquel, les financeurs attendaient une urbanisation afin de massifier le potentiel de clientèle ferroviaire autour des gares.
Il faut savoir par exemple qu’à Jeumont sur quinze ans, les montées et descentes quotidiennes des TER ont diminué de moitié, passant de 600 à 300 !
A cet égard, la Région et l’Etablissement Public Foncier, comme le souligne l’orateur, portent une lourde responsabilité compte – tenu de leur attitude passive devant sur les dérives du dispositif.
Comme on le voit, l’analyse de Philippe Biais, a le mérite de replacer la question ferroviaire dans le contexte de l’aménagement du territoire.
Constat N°3 :
La ligne Maubeuge-Paris souffre d’une double identité : - Train inter-cités entre Maubeuge et Compiègne - TER, voire RER entre Compiègne et Paris. Ce constat, nous le verrons, pose la question de l’organisation d’une modification des arrêts dans un scénario de ligne Paris-Charleroi ou Paris-Namur, ce qui remplacerait opportunément– souligne le bourgmestre d’Erquelinnes - le défunt TGV wallon, qui desservait la dorsale wallonne, dorsale promise à une redynamisation après avoir subi, comme nous, les foudres des crises industrielles.
Ce TET transfrontalier se remplirait ainsi bien avant Compiègne et n’aurait plus besoin plus d’arrêt entre cette ville et Paris.
Constat N° 4 :
Philippe Biais anticipe la libéralisation imminente du trafic voyageurs qui pourrait bien changer la donne car si la SNCF a du mal à entendre ou à comprendre, il pourrait en être autrement des opérateurs privés pour peu que le territoire soit capable de leur présenter un projet sérieux et porté collectivement.
Incontestablement, ces pistes sont réalistes et il faut reconnaître à Philippe Biais le courage de s’être lancé dans cette réflexion et l’intelligence d’avoir su la faire partager à un groupe de personnes qui auront l’occasion de se revoir pour prolonger son travail et être en mesure de le formaliser pour le présenter aux pouvoirs publics.
On se demande d’ailleurs si le Groupement Transfrontalier mis en place par l’agglomération (mais qui n’est à ce jour qu’une coquille vide qui fait des bulles le temps d’une conférence de presse) ne trouverait pas là motif à exister réellement. Continuer à demander aux contribuables de notre pays de financer des trains vides n’est de toute façon pas une solution durable.