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Le blog de Jean-Marie Allain

L'anomalie sambrienne de la défense incendie

26 Mars 2023 , Rédigé par Jean-Marie Allain

La loi du 27 mai 2011 créant un service public local de «  Défense Extérieure contre l’Incendie » (DECI) a donné aux maires, détenteur du pouvoir de police administrative spéciale DECI, une lourde responsabilité dans la protection des bâtiments, publics ou privés de nos communes.

Ce service public recouvre en effet toute la chaîne de production de la Défense Incendie : schéma communal des risques (facultatif mais déterminant sur les orientations d’urbanisme et les priorisations d’investissement), - arrêté communal (obligatoire) - investissement et maintenance des Points d’Eau Incendie (PEI).

La moindre défaillance dans cette chaîne de production de la Sécurité expose le maire à des poursuites pénales.

Or, sur ce point, la situation des communes de l’arrondissement qui ne sont pas chez Noréade m’interpelle.

En effet, dans notre agglomération, 18 communes (dont Marpent) sur les 141 communes de l’arrondissement, pour des raisons historiques, sont alimentées en eau potable et via l’agglomération qui a la compétence, par  L’Eau D’ici , groupe SUEZ.

Les autres communes de notre Agglomération sont adhérentes chez Noréade, la régie du Syndicat Départemental SIDEN-SIAN, en charge de la distribution de l’eau potable et de l’assainissement  également via notre agglomération.

Tout en gardant leur pouvoir de police, les communes du SIDEN ont délégué le service DECI au SIDEN qui, en contrepartie d’une cotisation de 5 € par habitant et par an, assure toute la palette de services liés à la défense incendie : diagnostic, étude des risques, schéma communal, solution technique telle que renforcement du réseau, création d’une réserve etc…

Les communes de l’Agglomération restées  chez SUEZ ne sont pas couvertes par un tel dispositif de sécurité et doivent se débrouiller seules.
Même si les services du SDIS  mettent leur compétence à la disposition des communes, ils sont là pour donner des conseils, pas pour se substituer aux maires, seuls habilités, avec les présidents d’EPCI, à prendre en charge la DECI.

Parmi ces 18  communes, y en t-il une seule qui dispose d’un schéma communal DECI ?

Si le recours à un prestataire est la seule solution, je m’interroge, avant d’engager l’élaboration de notre schéma, sur le rôle que pourrait jouer notre agglomération en termes de mutualisation afin de garantir le maximum de cohérence dans la démarche et d’optimisation de la dépense.

C’est la raison pour laquelle j’ai sollicité l’avis du Président sur ce point l’essentiel restant pour nous de garantir la capacité d’anticipation des documents et des décisions d’urbanisme et la sécurité de nos administrés.

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POUVOIRS DE POLICE  : LES ELUS RURAUX ENTRE CIRCONSPECTION ET LASSITUDE

22 Mars 2023 , Rédigé par Jean-Marie Allain

intervention à  AG de l’Association des Maires Ruraux des Ardennes – samedi 18 mars 2023 à Raillicourt.

S’il est un sujet que lequel les maires devraient obligatoirement être formés au lendemain de leur élection, (et pourquoi pas même avant de se présenter), Ce sont les pouvoirs de police du maire, surtout s’il n’existe pas de police municipale ou de garde-champêtre.

Le maire se voit en effet investi, outre du statut d’Officier de Police Judiciaire (les adjoints également) d’un pouvoir de police administrative générale en charge du triptyque « Tranquillité, Salubrité, Sécurité », et d’un pouvoir de police administrative spéciale, davantage liée aux délits.

Les  pouvoirs de police administrative

Les pouvoirs de police administrative générale concernent pour l’essentiel les contraventions pour non respect des règles affectant directement ou indirectement l’espace public : Les aboiements récurrents, le fait de jeter un objet  dans l’espace public tel mégot, mouchoir, vêtement, le fait d’uriner ou de cracher dans l’espace public, l’encombrement des voies (poubelle, gravats…), les tags et affichages sauvages, la divagation d’animaux dangereux, les déchets abandonnés ou gérés dans des conditions illégales (uniquement en cas de péril imminent), les terrains non entretenus et présentant un risque en termes d’incendie si ce terrain est à moins de 200 mètres d’un espace boisé).

Les infractions relevant du pouvoir de police administrative  spéciale seront, le plus souvent, des dégradations de biens publics, des abandons de déchets sans danger imminent, des absences ou refus de déclaration de chiens catégorie 1 et 2, des stationnements non réglementaires, des animaux errants, des mises en sécurité d’immeubles en péril…

La police de la circulation et du stationnement faisant exception dans cette liste puisqu’il s’agit d’un pouvoir de police spéciale alors que nous sommes dans le domaine des contraventions.

Incivilités ou infractions ?

Généralement, ces infractions contraventionnelles sont qualifiées d’incivilités. Or, une incivilité (ne pas laisser sa place assise à une personne âgée dans un transport en commun par exemple), c’est le non respect d’une règle de savoir-vivre en société, ce n’est pas une infraction

On peut donc s’interroger sur la pertinence du recours à ce terme pour des désigner des faits qui sont des violations de la loi et sur le risque qu’il contient d’affaiblir la portée morale de l’infraction.

Par exemple, à force d’illustrer les incivilités par des images de rodéos, on en vient à oublier qu’il s’agit d’une infraction délictuelle.

Les politiques de prévention

Bien entendu, l’arsenal des sanctions n’a de sens que s’il est couplé avec des politiques de prévention tous azimuts.

-Efforts sur le cadre de vie pour que les habitants se sentent bien dans l’espace public: Les dégradations doivent être rapidement effacées pour éviter la spirale du syndrome de la « vitre brisée »

-Accessibilité aux équipements (gratuité des bibliothèques) et aux services (exemple d’un chèque loisir communal), permanences Mission Locale et de structure d’accompagnement vers l’emploi, bornes wifi gratuites sur la commune…

-Sensibilisation au civisme : toutes les opportunités doivent être utilisées, notamment les cérémonies de parrainage républicain, les cérémonies de remises de cartes d’électeurs,  les conseils municipaux de jeunes lorsqu’ils existent.

-Médiation des élus ou d’agents ASVP sans oublier l’exemplarité des élus et plus largement de tous ceux qui représentent l’Etat.

-Vidéo surveillance

-Rappel à l’ordre en présence des parents s’il s’agit de mineurs  et sous l’égide du Procureur (Il ne faut pas sous estimer les petites infractions dans la mesure où l’expérience montre que les auteurs peuvent progressivement glisser vers le délit : on roule en vélos sans phare, puis en scooter sans casque et enfin en voiture sans assurance ou sans permis.

- Eclairage public… aucune étude ne démontrant toutefois un lien de causalité entre délinquance et absence d’éclairage.

Le registre de la sanction

Ces politiques de prévention étant mises en place, les élus des petites communes se sentent à juste titre souvent démunis au niveau des sanctions, contraventionnelles ou délictuelles.

Le cas de figure le plus simple à régler, de mon point de vue, est celui du stationnement gênant avec le placement en fourrière qui  s’avère rapide et efficace si la commune est déclarée autorité de fourrière auprès de la Préfecture.

Pour le reste, c’est plus compliqué.

Le maire, constatant une infraction, peut, soit déposer plainte si la commune a subi un préjudice, soit encore (souvent après mise en demeure et confrontation contradictoire) dresser un procès verbal qui sera transmis au Tribunal (si nous sommes dans le champ du contraventionnel au titre de son pouvoir de police administrative générale ou si nous sommes dans le cas des délits à condition qu’ils entrent dans le cadre de ses pouvoirs de police spéciale), soit enfin procéder à un signalement auprès du procureur.

Ce dernier estimera alors si l’affaire doit être classée, si elle doit faire l’objet d’un complément d’informations ou d’enquête, ou encore si l’auteur des faits (lorsqu’il est identifié) peut faire l’objet de réponses alternatives à la procédure pénale.

Parmi ces réponses, on pense au rappel à la loi, désormais remplacé par le régime des amendes forfaitaires délictuelles le régime des qui s’applique à 85 délits depuis la loi LOPMI du 24 janvier 2023 (pour éviter les procédures pénales).

La mise en place de l’Avertissement Pénal Probatoire est une autre réponse, depuis le 1er janvier 2023 (art 41-1 du CPP) qui permet au Procureur de prendre des mesures alternatives comme l’entretien solennel et la réparation du préjudice.

Mais pour alléger  les charges du Parquet et gagner en réactivité dans la réponse, il serait souhaitable que les nuisances comportementales donnant lieu à contraventions puissent être sanctionnées par les maires.

Elargir et simplifier le système des amendes administratives

Force est de constater hélas le manque de moyens juridiques pour pouvoir sanctionner plus rapidement et sans encombrer le parquet.

Certes, il existe le système des amendes administratives du maire, d'un montant maximal de 500  € (loi de 2019 sur l’engagement de la vie locale, modifiée par la loi de 2020 contre le gaspillage) et perçue par le Receveur.

Mais ce dispositif, qui n’exclut pas une sanction pénale, révèle rapidement ses limites.

Tout d’abord, il ne couvre qu’un périmètre très restreint : le non-respect des règles de collecte (sauf si ce pouvoir de police a été transféré à l’intercommunalité), l’abandon et le dépôt d’ordures (ce qui suppose de connaître l’auteur et son identité), l’abandon d’ordures transportées dans un véhicule, l’élagage des arbres et des haies donnant sur le domaine public, le fait bloquer d'entraver la voie publique  en y installant ou en y laissant sans nécessité ou sans autorisation tout matériel ou objet, ou en y déversant toute substance.

Le dispositif  ne s’applique par ailleurs  que s’il y a manquement à un arrêté du maire, que si ce manquement est répétitif ou continu,  et s’il y a un risque pour la sécurité des personnes.

Enfin, la procédure s’avère dissuasive pour les maires en termes de temporalité : procès - verbal, notification, délai de réponse de 10 jours, mise en demeure, nouveau délai de 10 jours, prononciation de l’amende, avec le cas échant exécution de la mesure prescrite au frais de la personne.
En ce sens, l’AMRF a sans aucun doute un rôle à jouer auprès des parlementaires afin que ce dispositif, intéressant dans son principe, soit nettement élargi dans son périmètre et fortement allégé dans sa mise en œuvre.

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Quel remède contre l'hypertrophie ?

10 Mars 2023 , Rédigé par Jean-Marie Allain

La situation financière de l’Agglo ne lui permet pas de maintenir un scénario  d’investissement 2023-2027 à hauteur de 238 M€, sauf à foncer droit dans le mur pour reprendre en des termes un peu abrupts ce qu’écrit le cabinet Klopfer.

Dit autrement, l’Agglo n’aurait pas les moyens de ses ambitions. Pour surmonter ce qui n’est pas une pierre mais une montagne d’achoppement, nous devons d’abord comprendre et pour cela utiliser le prisme de la géographie et de l’histoire singulière de notre territoire.

-La géographie multipolaire de la Sambre  nous distingue des agglomérations, majoritaires en France, où la ville - centre concentre naturellement l’essentiel des équipements structurants .Chez nous, la configuration multipolaire a amené les villes centres de chaque pôle à prétendre légitimement à ces investissements structurants et l’agglo se retrouve ainsi à supporter un nombre de sites ou d’équipements disproportionnés eu égard à sa taille, une situation d’autant plus lourde à gérer aujourd’hui que les coûts de l’énergie et des matériaux explosent.

A cet égard, et si les dépenses de personnel ne sont pas en cause puisque plus faibles que la moyenne, il serait judicieux d'avoir un tableau comparatif des dépenses de fonctionnement par habitant.

-Vient s’ajouter à cela le fait que depuis plus de quatre décennies, nous vivons dans un secteur en proie à de nombreuses difficultés et face à des enjeux importants sur le plan de son attractivité, de l’insertion professionnelle, de la santé, des conditions de logement…

Ce cumul de difficultés a amené, de manière quasi mécanique, à concentrer dans notre intercommunalité plus de 50 compétences et beaucoup de projets pour certaines d’entre elles.

Cette boulimie de compétences s’est réalisée d’autant plus aisément que l’Etat augmentait ses dotations en fonction du Coefficient d’ Intégration fiscale : c’est la fameuse « course au CIF ».

-Suite logique,  la gouvernance de l’agglomération a forcément épousé cette concentration de compétences pour aboutir à un nombre très conséquent, pour ne pas dire excessif, d’élus titulaires d’une délégation (31 élus dans l’exécutif pour une population de 126 000 contre 17 pour la métropole lilloise de plus d’un million d’habitants !). La encore, les ratios avec d’autres agglomérations parlent d’eux mêmes.

Notre agglomération souffre ainsi, sans qu’elle en soit forcément responsable,  d’une triple hypertrophie : hypertrophie des équipements d’intérêt communautaire, hypertrophie des compétences et hypertrophie de la gouvernance.

Face à cela, le cabinet Klopfer  propose de prioriser les projets,  de faire des économies sur les dépenses de fonctionnement, de ramener les investissements à 152 M€ et de faire évoluer le Pacte financier et Fiscal en créant un FDU de 15 millions d’euros pour les projets structurants.

Si la priorisation  des projets est le rappel d’une règle basique en matière de programmation, la recherche des économies de fonctionnement est également  indispensable mais à la marge, sauf si on intègre également cette préoccupation dans le devenir des équipements existants et les futurs projets dont les coûts d’exploitation prévisionnels doivent être passés au crible et à la lumière de la progression annuelle des coûts, paramètre plus important que la part à charge d’investissement initial, profondément biaisée par l’effet trompe l’œil des subventions qui ne sont versées qu’une fois.

En ce sens, la baisse suggérée des investissements à 152 M€ est une mesure de saine prudence sans qu’elle soit pour autant assurément suffisante.

Quant à la création d’un FDU de 15 millions d’euros pour les projets structurants, il revient à recréer le Fond de concours des grosses communes qui avait été supprimé pour augmenter celui des communes péri- urbaines.

J’ai ainsi le sentiment qu’on essaie sous un autre nom de faire entrer par la fenêtre un  dispositif qui était sorti par la grande porte mais un dispositif bonifié puisque, contrairement au FDC où les petites et moyennes communes apportent 50 %, le FDC, sans autre précision à ce stade, sera un financement intégralement supporté par l’Agglomération. Dans un Pacte d’équité fiscale, reconnaissons que cela puise prêter à débat. L’ancien Président lui-même avait proposé que la commune qui reçoit un équipement d’intérêt communautaire mette la main à la poche à hauteur de 10 %.

Plus personne n’en parle.

Enfin, revenons pour terminer sur la gouvernance en signalant que la loi relative à l’engagement dans la vie locale et à la proximité de l’action publique du 27 décembre 2019 prévoit que l’intercommunalité  doit communiquer (comme la commune d’ailleurs) aux conseillers et avant l’examen du budget, la liste des indemnités perçues par les élus  au titre de tout mandat et de toutes fonctions exercées en leur sein et au sein de tout syndicat ou de toute société ou filiale.

La Direction Générale des Collectivités Locales recommande de prévoir une présentation en séance au moment du débat d’orientation budgétaire. Ma première demande avait été formulée discrètement il y a plus d’un an. Je pensais qu’au vu des 18 mois écoulés, nous aurions ce document.

L’Agglo s’est engagée à joindre ce document à la convocation du prochain conseil communautaire.

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