Bavaisis et Sambre : le décalage horaire
La Commission Départementale de Coopération Intercommunale a examiné vendredi dernier le projet de Schéma présenté par le Préfet pour sa partie avesnoise.
Pas de surprise pour la Communauté de Communes Sambre Avesnois puisque l’amendement déposé par son président, Joël Wilmotte, a été rejeté.
Plus surprenante fut la question bavaisienne.
L’ordre du jour annonçait trois amendements sur ce point :
- Celui de Paul Raoult, proposant la fusion de la Communauté de Communes du Quercitain, avec celle du Bavaisis et du Pays de Mormal-Maroilles au 1er janvier 2014 avec l’hypothèse d’un report courant 2013.Amendement en phase avec la proposition préfectorale.
- Celui Rémi Pauvros acceptant le rattachement des communes de La Longueville, Hon-Hergies, Hargnies et Taisnière sur Hon à l’AMVS
- Celui de Bernard Baudoux, calqué sur le précédent mais en seul amendement.
Ces deux derniers amendements, contradictoires avec le premier, traduisaient une volonté conjointement exprimée par les communes bavaisiennes « sortantes » et les élus du conseil communautaire de l’AMVS.
Le Président de l’AMVS déclare finalement à l'assemblée partager la position de Paul Raoult selon lequel la précipitation empêcherait de bien étudier les incidences de la réorganisation intercommunale et annonce qu’il retire son amendement, les communes pouvant, comme dit le Préfet, nous rejoindre ultérieurement.
Bernard Baudoux retire le sien à son tour.
Essayons de décrypter.
Le maire du Quesnoy ne cache pas que l’élu sambrien qui aurait maintenu son amendement aurait été perçu par les habitants de ces communes (majoritairement hostiles à l’AMVS) comme l’artisan du charcutage de leur entité et du rattachement des dissidents.
A quelques semaines des législatives, « çà la fout mal »
En réalité, si l’on excepte La Longueville, intéressante pour l’agglo en raison de son offre foncière le long du CD 649, l’entrée des trois autres petites communes ne représente pas de recettes substantielles nouvelles et peut changer les équilibres politiques au sein de l’agglo.
Les communes du bavaisis candidates au rattachement voient donc s’éloigner leur chance d’être intégrées à l’AMVS dans le projet de schéma et ne pourront ultérieurement compter que sur la procédure de droit commun pour le faire ou sur la procédure dérogatoire.
La première option suppose le double accord de l'organe délibérant de l'intercommunalité (future interco de l'Ouest avesnois) et de celui des conseils municipaux des commmunes membres (article L5211-19 du CGCT).
La seconde option suppose le double accord de l'organe délibérant de l'intercommunalité (future interco de l'Ouest avesnois) et de celui du Préfet, après avais de la commission restreinte de la CDCI.
Autant dire que ce sera compliqué, sauf à imaginer, dans quelques mois, un compromis à la Yalta qui maintiendrait d’un côté les trois petites communes bavaisiennes dans la nouvelle entité quercitaine et le départ de La Longueville vers l’agglomération sambrienne.
La politique a des raisons que la raison ne peut ignorer, quitte parfois à retarder les montres.
Marx s'invite à l'agglo
Lors du dernier conseil d’agglo, mon collègue Bernard Baudoux, dans sa présentation du débat d’orientation budgétaire, faisait référence à une procédure d’expropriation et invoquait le fait que les terrains étaient passés en zone naturelle protégée pour justifier le prix que contestent les propriétaires.
Autrement dit, un terrain constructible vaut plus qu’une zone naturelle.
Certes, lui ai-je fait remarquer amicalement , mais parce que nous sommes dans une économie (celle décriée par les communistes) dans laquelle la valeur du foncier est liée sa constructibilité, c’est-à-dire aux loyers ou à la rente que le propriétaire peut en tirer.
Mais devons-nous accepter ce mode de raisonnement dont on sait qu’il mène à la destruction de la biodiversité et, par exemple, de la forêt amazonienne ?
Certains vont se demander si je ne suis pas devenu plus communiste que mon camarade Bernard Baudoux.
Non, je ne suis pas communiste mais j’en profite, lorsque les circonstances me le permettent, de porter la contradiction comme avec cet exemple sur le foncier, et de mettre mes idées en ordre sans jamais « jeter le bébé avec l’eau du bain ».
De Marx, je retiens de positif que :
- Juif né à Trèves dans une famille aisée, il ait su prendre ses distances à l’égard d’un milieu où l’on parlait souvent finances et gros sous,
- Qu’il avait consenti, malgré son athéisme, à se marier à l’église luthérienne (preuve de tolérance d’une certaine manière)
- Psychologiquement verrouillé, il confie pourtant dans ses lettres qu’il reste ébranlé par la mort de son fils, Edgar, âgé de huit ans.
- Sa conviction que l’homme doit se dresser contre le destin et qu’il a la capacité de modifier le cours de l’histoire.
- L’économiste qui a mis en exergue le fait que la « force de travail » était traitée comme une marchandise sur un marché (si elle est abondante, elle tend à comprimer les salaires et inversement) et non payée à sa juste valeur pour permettre de constituer la fameuse plus-value, base de l’opposition entre la capital et le travail.
- Son hostilité au culte de la personnalité (il a refusé le titre de Président du Conseil Général de L’Internationale et fera en sorte qu’il n’y ait pas de présidence, préférant garder le titre de secrétaire).
Mais, je retiens aussi, a contrario :
- Que sa vision annonciatrice de l’émancipation ouvrière et du socialisme relève des certitudes des religions millénaristes…
- La primauté qu’il accorde à la contradiction capital travail va servir de soubassement au productivisme et occulter l’autre contradiction, celle de l’industrie et de la consommation grande prédatrice de la nature, même si Marx avait pressenti dans quelques écrits cet effet pervers.
- Sa sous-estimation naïve de la capacité du capitalisme à rebondir sur ses échecs.
- Une théorie de la lutte des classes qui s’inspire du darwinisme et qui, pour cette raison, justifie la supériorité de la loi de la force sur la morale
- L’obsession de Marx (et surtout de son ami Engels) à vouloir faire du marxisme une science, et de surcroît la science sociale par excellence ( l’équivalent du darwinisme dans les sciences naturelles), dénigrant tout ce qui pouvait s’en écarter même s’il se trompe (« le communiste croit qu’il sait, le chrétien sait qu’il croit »–disait Alain Besançon, historien et ancien membre du PCF).
- Anticapitaliste mais détenteur d’actions (comme celles que l’on peut voir dans sa maison de Londres, devenue Musée)
- Défenseur des humbles et critique de la cellule familiale bourgeoise mais obsédé à ce que ses filles épousent des hommes argentés,
- Il s’est par ailleurs trompé lorsqu’il pensait que le communisme ne pouvait émerger que dans les pays développés alors que c’est l’inverse qui s’est produit ;
- Inventeur de « la dictature du prolétariat » (Critique du programme de Gotha /1875), expression maladroite s’inspirant des expériences françaises de 1848 et 1871, pour désigner une forme temporaire d’exercice du pouvoir et à propos de laquelle son homologue italien Gramsci préféra celle, plus subtile, d’hégémonie ouvrière.
- Matérialiste certes mais au point qu’au moment du décès de ses proches, pour discuter héritage, il finit par quitter se fâcher avec sa famille et n’ira pas à l’enterrement de son père, ni à celui de sa mère.
- En bourgeois imbu de ses valeurs, il est incapable d’établir des rapports aux autres sans logique d’arrogance et de domination et traite souvent les ouvriers d’imbéciles dans sa correspondance avec Engels.
Maillon essentiel dans la longue histoire du communisme (née plusieurs siècles avant lui), Marx aura été, au final, un philosophe brillant mais compliqué, dont les contradictions valent largement celles qu’il discerne dans le capitalisme. Bref, un prédicateur qui fait l’éloge de l’eau mais boirait lui-même du vin.
Le marxisme donne pourtant des outils conceptuels indéniables pour comprendre le monde.
Ceux qui s’entêtent à l’ignorer sont aussi stupides et sectaires que ceux qui pensent qu’il n’y a pas d’autres cadres d’analyse en dehors de lui.
Santé et Territoire
Dans la rubrique " équité territoriale", voici la répartition dans l'espace régional des espaces ressources cancers.
Sans commentaire
L'urbanisme de projet
Dans son interview parue dans Intercommunalités d’octobre 2011 (revue de l’ADCF), le Secrétaire d’Etat au logement, Benoist Apparu, ressort la vieille antienne de l’urbanisme de projet.
Il oublie de mentionner d’une part qu’une démarche de projet ne fait pas, par automatisme, un projet de qualité et d’autre part qu’un projet renvoie à un contenu, à des valeurs.
Trop souvent, la fameuse démarche de projet mise en avant sert d’alibi pour faire avaliser celui-ci.
On a connu par exemple dans l’histoire de l’urbanisme, des démarches de projet qui, au-delà de leur cohérence intellectuelle, visaient à organiser la vie de manière harmonieuse.
Les quartiers des années 60/70 font partie intégrante de cet urbanisme de projet qu’on peut juger discutable mais néanmoins de projet.
Le totalitarisme soviétique avait un urbanisme de projet intellectuellement structuré.Même les nazis avaient missionné des architectes pour concevoir un urbanisme de projet !
Il convient donc de préciser la nature du projet (humaniste, écologiste…) pour juger de la pertinence des résultats au regard des objectifs.
Benoist Apparu cite notamment les éco-quartiers dont l’intitulé, là encore, ne doit pas faire illusion. Je trouve même que la dénomination d’éco-quartier frôle l’imposture intellectuelle car elle écarte tout ce qui est en dehors de ce quartier.
Tout ce qui brille n’est pas or .
Quel sens cela a t-il de construire un éco-quartier si c’est pour se désintéresser du parc ancien, de ses populations précaires et de degré de perte énergétique ?
Or, l’urbanisme dit durable n’a de sens que s’il est décliné sur la commune entière et par seulement sur une partie de celle-ci.
Que les documents d’urbanisme doivent gagner en souplesse, c’est incontestable et certains élus n’ont pas attendu pour travailler en ce sens, quitte parfois à s’opposer aux agents de l’Etat que la culture bureaucratique prédispose plus à l’obstruction de l’inventivité et de la souplesse que de l’ingénierie d’accompagnement.
Avec les zones « AU » , les élus peuvent déjà cerner des secteurs de projets et fixer des cadres très précis de l’aménagement futur.
Quant à évoquer le PLU communautaire comme le point de passage obligé de l’urbanisme de projet, là encore, on nous ressort le vieux refrain de la mutualisation intercommunale.
Or, outre qu’un bon PLU ne garantit pas à lui seul les bons aménagements, ce n’est pas en éloignant le niveau de réflexion et de décision qu’on gagnera en qualité de projet.
C’est l’inverse.
Trop souvent, les concepteurs manquent d’accroche au territoire, de lien, de connaissance sensible avec l’espace sur lequel ils vont travailler.
Et s’il est dans un premier temps intéressant d’avoir un regard intercommunal pour cibler les secteurs de projet, il est indispensable ensuite de connaître le terrain et de le sentir. Trop d’architectes et d’urbanistes élaborent des projets de quartier en le circonscrivant au parcellaire et sans se préoccuper des connexions avec le tissu urbain alentour.
Le PLU ne remplacera jamais le cahier des charges, seul document prescriptif qui peut modeler tant la forme que le contenu d’une opération.
Que les Plu intercommunaux bénéficient d’une aide majorée de l’Etat, pourquoi pas mais le PLU reste un code et comme tout code, il balise les interdits plus qu’il ne crée d’intelligence, si indispensable à la construction intellectuelle de cette fameuse démarche de projet de qualité.