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Le blog de Jean-Marie Allain

~ DECHETS VERTS : UNE CHARGE OU UNE RENTE ?

28 Mai 2015 , Rédigé par Jean-Marie Allain

~ A la première lecture, on peut trouver concevable, d’un strict point de vue économique, la réponse proposée au problème posé par le coût du ramassage. Par contre, sur le plan environnemental et sanitaire, c’est catastrophique.
Outre le fait que le compostage individuel suggéré émet autant de gaz à effet de serre que le compostage collectif, il ne règle pas la question de l’élimination des branchages pour les personnes qui n’ont pas les moyens de se rendre aux déchetteries. Celles-ci seront contraintes de braver l’interdiction du brûlage des déchets verts, source d’émission importante de dioxine.
J’aurais souhaité pour ma part que le débat s’inscrive dans un projet plus global intégrant sur le plus long terme des choix politiques, davantage conformes au développement durable : je veux parler de la méthanisation.
Déjà, en son temps, Pierre Mauroy, en homme politique visionnaire, avait su impulser sur la métropole une politique moderne de collecte et de valorisation des déchets. Après Amiens, Montpellier, Calais, les habitants de la Métropole lilloise, ont été invités depuis 2008 à regrouper leurs bio-déchets qui sont emmenés au Centre de Valorisation Energétique de Sequedin (que certains élus ont visité avec moi) où ils seront transformés en bio-gaz et revendus à un opérateur gazier via le réseau de gaz ERDF.
Les avantages de la méthanisation sur le compostage : c’est la réduction de la production de gaz à effet de serre par substitution de l’énergie biogaz à l’utilisation de combustibles fossiles, c’est un bilan énergétique positif, et surtout, sur le plan écologique et sanitaire, l’absence de rejets atmosphériques (alors que le compostage, qu’il soit individuel ou collectif, libère de grandes quantités de méthane, gaz dont le pouvoir réchauffant est 20 fois plus élevé que celui du CO2 et qui représente actuellement 40 % des émissions de gaz à effet de serre), Le compostage est également économiquement moins intéressant : on paie pour se débarrasser des déchets verts alors qu’on vend le bio-gaz issu de la méthanisation.
La méthanisation de tous nos bio-déchets est donc la solution d’avenir car, sur le plan environnemental et social, elle s’inscrit dans la lutte contre le réchauffement climatique, pour une meilleure qualité de l’air et donc une meilleure santé publique.
Ce que je veux souligner, c’est que la question première en termes de développement durable, c’est moins de savoir si on doit ou pas ramasser tout ou partie des déchets verts que de savoir comment seront traités et valorisés ces déchets. Le choix des modalités de la collecte est en effet conditionné par le mode de valorisation.
Si l’on choisit une valorisation par méthanisation, le regroupement de la collecte de ces deux types de bio-déchets est techniquement souhaitable. La méthanisation, pour être efficiente, exige en effet de ne pas se limiter aux seuls déchets verts mais d’y associer les ordures ménagères dont les 2/3 sont putrescibles et donc méthanisables. Si l’on prend l’exemple de la métropole lilloise, les déchets ménagers sont répartis dans deux poubelles, chacune comprenant deux bacs cloisonnés, soit quatre bacs comme nous au total dont l’un reçoit bio-déchets destinés à la méthanisation : épluchures, restes de repas, produits de tonte etc…
J’ai conscience que la question des compétences puisse se poser, l’agglo étant habilitée pour la collecte et le tri et le SMIAA pour le traitement mais l’agglo peut aussi négocier avec le SMIAA (dont elle est adhérente) ou encore s’appuyer sur notre compétence « développement économique » ou « environnement » pour développer un projet de méthanisation.
Notre agglomération doit se mettre au diapason du développement durable et inscrire celui-ci dans une stratégie de développement territorial. Pourquoi ne pas soumettre cette proposition pour avis au Conseil de Développement ou d’en débattre dans le cadre d’un forum participatif citoyen et l’inscrire ensuite dans le projet de territoire ?
Je pressens l’argument de la posture frileuse : Si nous soustrayons les ordures ménagères au CVE (incinérateur), celui-ci devra aller chercher des déchets ailleurs. Outre que cette remarque illustre une nouvelle fois l’imprévoyance des élus qui ont eu des responsabilités dans l’organisation de ce territoire (et dont certains sont toujours aux postes de commande), elle révèle effectivement que nous sommes, dans une telle hypothèse, en surcapacité au niveau de l’incinération.
Cette surcapacité est dénoncée de manière récurrente par un collectif d’associations : le Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid) / Global Alliance for Incinerator Alternatives (GAIA) / France Libertés - Fondation Danielle Mitterrand / France Nature Environnement /Les Amis de la Terre /Réseau Action Climat – France
Une telle surcapacité compromet les objectifs définis dans la Feuille de route pour une Europe efficace dans l’utilisation des ressources, laquelle plaide en faveur d’une priorité accordée à la réduction des déchets, au réemploi et au recyclage ;
Pour la Fondation Danielle Mitterrand, l’application de "solutions" techniques et industrielles ne répond en rien aux préoccupations sociétales et environnementales". Pour France Nature Environnement (FNE), "le fait que les incinérateurs soient des aspirateurs à déchets qui nuisent à la prévention et au recyclage n’est pas une lubie d’écologistes. Le rapport de la Cour des Comptes de septembre 2011 montre bien que leur surdimensionnement crée un appel d’air pour les déchets, y compris les déchets recyclables.
Le premier déchet vert, c’est l’herbe. L’herbe, c’est le blason de la Sambre-Avesnois, sa première spécificité et une de ses plus grandes richesses. Faisons en sorte qu’elle soit aussi le symbole d’un territoire qui se donne l’exigence de l’excellence environnementale.
Un rapide calcul permet d'espérer un gain de 2 600 000 e par an : 24 700 tonnes d'ordures ménagères putrescibles + 3700 tonnes de déchets verts, cela donne 28 000 tonnes qui produiront 16 000 mégawatts et 723 000 euros de vente de bio-gaz, à quoi il faut ajouter les 1 900 000 euros d'économies pour les 24700 tonnes qui n'iront plus à l'incinération.
Total du gain : 2 600 000 € par an, ce quoi se payer le coût du ramassage !
Choisir le compostage plutôt que la méthanisation, c’est un peu comme si un viticulteur champenois choisissait de transformer son raisin en confiture plutôt que de produire du champagne.
La France, faut-il le rappeler, accueille cette année le sommet pour le Climat. La région Nord-Pas-de-Calais nous invite à entrer de plain pieds dans la troisième révolution industrielle. Les exigences du développement durable imposent à l’agglomération de ne pas rester à l’écart de cette dynamique et de se doter de logiciel de raisonnement adapté aux enjeux du XXIe siècle.
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Agglo : le rapport dévelopement durable est arrivé (2)

28 Mai 2015 , Rédigé par Jean-Marie Allain

Tant dans le chapitre Aménagement de l’espace que dans celui de l’habitat, il n’est fait aucunement mention de la maîtrise de l’étalement urbain, encore moins de la lutte contre l’artificialisation des sols. Tout juste est-il fait allusion à un concept beaucoup plus vague, et plus difficilement mesurable, celui de la maîtrise de l’urbanisation future. Cette approche très discutable empêche d’avoir des dispositifs d’évaluation précis et quantifiables comme «le nombre d’hectares agricoles consommés chaque année » ou encore « la part des logements construits dans le site urbain ou au contraire à l’extérieur de celui-ci".
Cette occultation de la problématique de l’artificialisation se retrouve dans le chapitre consacré à l’habitat dont les outils d’évaluation se résument à l’étude de la qualité thermique et à celle des loyers, critères certes intéressants mais qui ne nous disent rien de la localisation de la programmation neuve.
Pour le développement économique, les outils d’évaluation sont eux aussi discutables : - Expérimentation watertruck sur la Sambre évaluée par, nous dit-on « un rapport d’activités ». La logique et le bon sens voudraient que ce soit le nombre de barges mobilisées et le volume transporté qui soit quantifié.
- Quant au développement du véhicule électrique, la case « évaluation » est restée vide alors qu’il est possible d’évaluer cet objectif à partir du nombre de bornes installées, le nombre de chargements effectués et le volume de kilowatts distribués.
- Pour le domaine des ressources environnementales, rien n’est indiqué pour l’évaluation de la trame Verte et Bleue alors qu’il existe des tableaux de bord de suivi de la faune et de la flore. Le volet « protection des espèces patrimoniales » n’est pas beaucoup plus précis puisqu’il indique que l’évaluation se résume au nombre de suivis réalisés, oubliant qu’un nombre important de suivis n’interdit aucunement une régression de certaines espèces et de la bio-diversité.
Pour le volet « co-voiturage », pourquoi ne pas indiquer, dans une perspective de comparaison ultérieure, le nombre de visiteurs sur le site et le nombre de trajets effectués ?
Pour le volet « méthanisation agricole », le dispositif d’évaluation n’est pas indiqué.
Pour le volet « qualité de l’air », le dispositif d’évaluation fait référence à des indicateurs de moyens (nombre de stations de suivis), à des indicateurs de produits (nombre de relevés effectués) mais pas à des indicateurs de résultats, les plus importants (nombre jours où la qualité de l’air a dépassé le seuil d’alerte)
- Pour le chapitre « traitement des eaux usées », on peut s’étonner Que l’intitulé ne soit pas celui, plus large, de la compétence, à savoir « l’assainissement » mais on comprend ensuite cette restriction du champ abordé puisque le rapport ne parle que des dispositifs de traitement en oubliant, volontairement ou involontairement, la question de la collecte des eaux usées. Or, chacun sait ici qu’on peut avoir un dispositif de traitement exemplaire mais qui ne collecte qu’une partie des eaux usées suite à des fuites ou à des non raccordements.
Pour la rubrique « voirie » et en particulier le volet « éclairage public », l’évaluation de l’efficacité en termes de développement durable se borne à affirmer qu’il existe un logiciel de gestion, indicateur de moyen qui ne nous dit pas, à ce stade, ce qu’il en est de l’évolution du nombre de kilowatts consommés par commune. Quant aux communes concernées par le contrat de Partenariat Public Privé, l’évaluation passe aussi, ce qu’oublie de dire le tableau, par le rapport annuel du co-contractant présenté par l'exécutif de la collectivité territoriale avec ses observations éventuelles à l'assemblée délibérante de la collectivité territoriale (l’article L1414-14 du CGCT), ce qui n’ a pas été fait dans cette assemblée.
- Pour le chapitre Ecologie Urbaine, volet « sensibilisation au geste du tri », le choix de considérer le taux de refus comme un indicateur d’évaluation est pertinent, encore faut-il indiquer ce taux, là encore pour pouvoir comparer dans le temps et porter un jugement.
- Pour le chapitre « culture », on nous dit que chaque action est évaluée mais on ne nous ne nous dit pas comment, sur quels indicateurs : nombre d’actions ? nombre de participants ? Profil de ces derniers ? Nombre de satisfaits ?
- Pour le chapitre « prévention santé », on constate une confusion regrettable entre les objectifs affichés et les résultats : réduire les inégalités sanitaires et sociales en matières de santé, bien sûr, réduire les comportements à risques, bien sûr, mais rien n’est dit sur les indicateurs à mobiliser pour illustrer que les actions vont dans ce sens.
- Pour le chapitre de la coopération transfrontalière : l’efficacité des rencontres organisées le 16 janvier 2014 est abordée sous l’angle de la création de projets sans que l’on sache s’il en existe vraiment un à ce jour.
- Arrive, le chapitre consacré à l’administration et sa prise en compte du développement durable. L’envoi du courrier en lettre verte, le courrier qui ne prend pas l’avion, est annoncé comme un objectif à généraliser. Or, il faut savoir , puisqu’on fait dans le développement durable, que, pour la Poste, l’enjeu est plus économique qu’écologique. Avec cette nouvelle offre « verte », le groupe espère avant tout automatiser un peu plus le tri du courrier en assouplissant les contraintes horaires strictes liées à l’acheminement des envois prioritaires. À la clé, des millions d’euros d’économies. Alors pour séduire les consommateurs, la Poste a sorti l’argument qui fait mouche, l’écologie.En ne prenant pas l’avion, la lettre verte « émet 15 % de CO2 de moins qu’une lettre prioritaire ». Mais rien ne dit que la bonne vieille lettre économique Écopli a, elle, déjà pris l’avion pour acheminer du courrier entre nos 42 communes.
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Agglo : le rapport Développement durable est arrivé !

28 Mai 2015 , Rédigé par Jean-Marie Allain

Le document est arrivé et c’est une bonne chose.
Les quelques remarques ci-dessous se veulent avant tout constructives.
1) Ce document ne doit pas être vécu comme un exercice obligé, une espèce commande punitive que l’on serait tenu d’annexer chaque année pour se conformer à la règlementation. Il doit être appréhendé, dans l’esprit de Grenelle, comme l’occasion de se livrer à un exercice salutaire d’examen critique des politiques publiques locales. Pour cette raison, c’est un peu dommage d’en faire un point parmi d’autres à l’ordre du jour car sa présentation mériterait que l’on y consacre au moins une heure, dans le cadre de la séance consacrée au DOB ou au budget.
2) Il est bon de rappeler que pour chaque action ses objectifs (ce qui est fait) et les outils d’évaluation (ce qui paraît plus compliqué puisque certaines actions sont silencieuses sur ce point ou confondent les objectifs et les indicateurs d’évaluation, c’est le cas pour les chapitres santé et culture)
3) Ces indicateurs d’évaluation ne font pas suffisamment la distinction entre les indicateurs de moyens, les indicateurs de produits et les indicateurs de résultats. exemple : le nombre de véhicules électriques, c’est un indicateur de moyens Le nombre de fois qu’ils sont sortis, c’est un indicateur de produits, Le nombre de kilomètres parcourus, c’est l’indicateur de résultat puisqu’on peut en déduire les rejets de CO2 économisés. Exemple pour la qualité de l’air Le document donne l’indicateur de moyens (le nombre de stations de suivi), donne aussi un indicateur de produits (le nombre de relevés) mais ne donne pas l’indicateur de résultat, à savoir le nombre de jours où la qualité, quel que soit le chapitre. Le document dans son ensemble ne chiffre d’ailleurs aucun indicateur de résultat des actions de l’agglomération : on connait le nombre de barges wattertruck mais on ignore tout du nombre de kilomètres parcourus et du volume transporté. On connait le nombre de bornes mais on ignore le nombre de branchements, le volume de kilowatts distribués et donc les économies de CO2 réalisées.
4) Pour être précis encore, il convient, puisqu’on est dans le développement durable, de distinguer à chaque fois, parmi les indicateurs de résultat, ceux qui relèvent de l’économique, ceux qui relèvent du social et ceux qui relèvent de l’environnemental. Je prends l’exemple de l’habitat qui affiche pour le logement neuf l’objectif de « maîtrise de l’urbanisation future ». Indicateurs de moyens : nombre d’opérations programmées (on sait pas) Indicateurs de produits : nombre de logements construits (on ne sait pas) Rien sur les indicateurs de résultats. Or, le rapport DD devrait préciser à ce niveau l’indicateur social (la part des logements sociaux dans le volume total), l’impact économique des opérations (volume impacté pour le BTP) sans oublier l’indicateur environnemental (Nombre d’hectares de terres agricoles mobilisées et densité des opérations). Le simple fait que le mot « artificialisation » n’apparaisse pas une seule fois surprend.
Enfin, pour terminer, il n’est pas interdit, dans ce type de débat, d’avoir un regard critique sur le choix des indicateurs. Je prends l’exemple, dans le chapitre des bonnes pratiques administratives, de l’objectif de la généralisation de la lettre verte (celle qui ne prend pas l’avion). Indicateurs de moyens : budget consacré à l’affranchissement Indicateurs de produits : nombre de lettres vertes envoyées Indicateurs de résultat : gain théorique de CO2 puisque lettre verte = moins 15 % de CO2. Or, pas besoin de lettre verte pour les courriers d’acheminement local puisque ceux-ci ne prennent pas l’avion, et préférer l’éco-pli, meilleur marché (indicateur économique !). Quant à l’indicateur social, les syndicalistes de la poste pourraient aussi vous dire quelques mots sur le sujet.
Dernier exemple ; le traitement des eaux usées. Le choix de l’intitulé m’interroge puisque la compétence de l’agglo couvre aussi la collecte pour lesquels je ne retrouve aucun indicateur. Or, on peut avoir un maillage de stations ultra-performantes mais si le dispositif de collecte ne prend pas 100 % des eaux usées, on fait l’impasse sur des choses essentielles.
En conclusion, l’exercice peut n’être pas rébarbatif, Il est en tout cas essentiel au vu des enjeux de la transition écologique et mériterait peut-être que le Conseil de Développement soit également invité à se positionner dans ce débat.
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