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Le blog de Jean-Marie Allain

Les petites communes et l'enjeu de la lecture publique

22 Janvier 2024 , Rédigé par Jean-Marie Allain

Après que l’on nous ait assénés maints discours sur les nouvelles technologies et nous avoir incités à mettre des tablettes et des écrans interactifs dans toutes les classes, il faut aujourd’hui se résoudre l’évidence : la frénésie numérique nous prépare à des cohortes d’ignares comme le démontre Michel Desmurget, directeur de recherche à l’INSERM,  dans la critique de cette « fabrique du crétin digital ».

Déjà, la Suède, pourtant à la pointe de la pédagogie numérique, a tout arrêté devant le constat de la dégringolade du niveau scolaire, qui touche particulièrement la France.

La France n’en est pas encore là mais le virage est amorcé. Tant mieux. Reste à voir maintenant ce qui sera fait concrètement.

Ce qui est sûr, c’est que cela doit nous interroger en tant qu’élus car nous avons souvent sauté dans le train du numérique sans trop toujours nous demander où cela allait nous mener.

Nul doute que les activités menées par les petites communes mènent autour du théâtre (programmation, ateliers), leurs efforts pour maintenir un service de bibliothèque, y créer des animations, l’interdiction des portables dans les centres de loisirs, leur engouement pour la Nuit de la Lecture qui devrait d’ailleurs être plus fréquente à mon goût, sont des leviers pour sortir des ornières du tout numérique, même si le chantier est gigantesque.

Mais, une piste réside aussi probablement dans le croisement des filières et des métiers, très étanches dans la fonction publique territoriale.

Comment par exemple créer des passerelles entre les centres de loisirs et les bibliothèques, qui, bien qu’occupant parfois des salles  différentes mais dans le même bâtiment et quelquefois aux mêmes heures ! travaillent séparément.

A notre échelle, participer au combat pour aider à retrouver le goût de la lecture passe notamment par ce choix de la collaboration entre services, une collaboration qui peut en même temps se révéler être un moyen pour conforter la coopération et les liens entre les agents qui travaillent dans ces lieux où la transversalité n’est pas toujours au rendez-vous.

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Agrément Citéo, trompe - l'oeil pour les collectivités

17 Janvier 2024 , Rédigé par Jean-Marie Allain

Le tribunal administratif de Lille a récemment annulé le choix la Communauté de Communes du Sud Avesnois (Fourmies) qui avait  abusivement  écarté au profit du groupe SUEZ la candidature de l’entreprise locale Recyclage des Vallées de la famille Flamme.

Il ressort de ce jugement que la sélection d’un centre de tri sous prétexte abusif d’un « agrément CITEO » ou « label CITEO » ne peut pas être un critère d’élimination des entreprises à l’obtention de marchés de tri pour la bonne et simple raison que la loi française ne conditionne par l’octroi des soutiens financiers au recyclage à une telle sélection.

 Il ne faut pas se méprendre sur la portée des appels à projets lancés par CITEO : les centres de tri sélectionnés par CITEO se sont vus accorder uniquement des subventions d’investissement pour la modernisation de leur centre de tri. A contrario, cela signifie que même si les centres de tri non sélectionnés par CITEO ne se voient pas accorder de subventions, ils permettent quand même à leurs clients de bénéficier des soutiens financiers au titre du recyclage s’ils trient les déchets conformément aux standards de recyclage définis dans le cahier des charges des éco-organismes qui s’imposent tant à CITEO, qu’aux personnes publiques qui passent les marchés.

Le prix de tri que Recyclage des vallées a remis à la Communauté de Communes du sud Avesnois (Fourmies) était 30% inférieur à celui de Suez, sans compter, avec l’offre Suez, le surcoût de transport à la charge de la collectivité pour faire 2 allers et 2 retours par semaine jusqu’à Limeil-Brévannes, près d’Orly.

En l’occurrence, lorsqu’une collectivité retient un candidat sous prétexte qu’il est « labellisé » ou « agréé » CITEO et que cela a pour effet de transporter les déchets recyclables à 200 kilomètres du lieu de collecte, alors ce transport impacte les dépenses de la collectivité à hauteur de 400 km aller - retour pour chaque camion avec rejet de plus de 100 kilos de CO2, soit un bilan carbone catastrophique, on peut considérer que la collectivité a été victime (par ignorance, incompétence, naïveté, aveuglement... pour rester dans les euphémismes) d’un effet trompe-l’œil du « label » CITEO, que d’autres pourraient aussi qualifier de miroir aux alouettes ou de poudre de perlimpinpin.

 Lorsque la collectivité ne tient pas compte dans son examen des offres de ces coûts externes, l’aveuglement peut être à juste titre qualifié de malhonnête.

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Déchets : David peut gagner contre Goliath

13 Janvier 2024 , Rédigé par Jean-Marie Allain

Notre entreprise locale Flamme -Recyclage des Vallées  vient de gagner un recours précontractuel contre la Communauté de Communes Sud Avesnois (CCSA) , dans le cadre de l’Appel d’Offre Tri qui avait été attribué au centre de tri Suez de Limeil-Brévannes ( Val-de-Marne).

Recyclage des Vallées  était beaucoup mieux placée financièrement, avant déduction des soutiens Citéo.

Mais, la CCSA avait déduit de l’offre Suez les soutiens Citéo et ne les avait pas déduits de  l’offre Recyclage des Vallées.

Leur argument reposait que Suez est labellisé et que Recyclage des Vallées ne l’était pas. Donc la CCSA aurait droit à des soutiens financiers Citéo avec Suez auxquels elle n’aurait pas droit si elle confiait le tri à Flamme-Recyclage des Vallées.

Cette dernière, avec une rare pugnacité, avait plaidé un traitement inéquitable en sa défaveur puisqu’il ne respecte ni l’arrêté ministériel échu au 31/12/23, ni le nouvel arrêté ministériel qui abroge l’ancien, en vigueur depuis le 1er janvier 2024, seule base légale régissant les rapports entre l’État et Citéo.

Le juge a donné raison à Flamme -Recyclage des Vallées, considérant que l’arrêté de 2016 permettait déjà à la collectivité de toucher ses soutiens Citéo en faisant trier par Recyclage des Vallées des matériaux recyclables, y compris en Extension des Consignes de Tri, ce que l’arrêté de 2024 n’a fait que renforcer.

Le juge a donc bien fait la différence entre d’une part un centre de tri ayant obtenu une subvention d’investissement pour investir dans une ligne de tri, qui n’est accordée qu’aux lauréats du concours de Citéo, et d’autre part des soutiens financiers à la tonne triée qui sont constamment dus aux collectivités, que le centre de tri ait obtenu ou pas une aide à l’investissement de Citéo.

Avec ce jugement, Flamme-Recyclage des Vallées a démontré que la « labellisation » ou « l’agrément », retenus comme prétexte par une majorité d’élus de notre territoire pour écarter un entrepreneur local qui refuse d’être le vassal des potentats locaux étaient bel et bien de l’enfumage total.

Ce jugement fera donc jurisprudence et pourrait créer un forme d'effet papillon sur toutes les autres décisions adoptées sur la base du même argument.

Ainsi, c’est cet enfumage, agrémenté notamment de tableaux truqués, qui a donné lieu à la dissolution du Syndicat Mixte de l’Arrondissement d’Avesnes, dissolution contestée par d’autres élus de ce même territoire et aujourd'hui renforcés dans leur conviction qu'ils avaient raison.

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L’ELECTRO - MOBILITE DONNE DES SECOUSSES AUX TERRITOIRES

9 Janvier 2024 , Rédigé par Jean-Marie Allain

Au motif de produire du foncier industriel pour capter les opportunités d’implantation liées à l’électro-mobilité – elle en est parfaitement légitime avec Maubeuge Construction Automobile – la Sambre a décidé de sacrifier son aérodrome.

Cela peut paraître anecdotique, mais en réalité, le site est majoritairement en zone Agricole au Plan Local d'Urbanisme Intercommunal, en dehors des hangars et des tours de contrôle. Ce qui signifie que plus de 80 ha de terres agricoles risquent d’être sacrifiés au seul motif que la Communauté d’agglomération Maubeuge Val de Sambre en est propriétaire.

Le « lancement » des études a été acté en conseil communautaire avec 15 voix contre et 10 abstentions sur 82 votants… En réalité, de nombreuses études et démarches ont déjà été menées en catimini, à commencer par une candidature au fonds… friche.

 A proximité se situe un captage d’eau potable prioritaire, classé Grenelle au vu de la dégradation de la qualité de son eau et représentant 20% des ressources en eau potable de l’arrondissement. Le site n’est raccordé à aucun réseau et n’est accessible que par des chemins ruraux. Dit autrement, il cumule tous les handicaps en termes de logistique et d’impacts environnementaux.

Ce triste spectacle est un effet pervers du Zéro Artificialisation Nette qui va pousser les communes et intercommunalités – qui veulent toutes évidemment leur « gigafactory » avec la vallée de la batterie - à consommer le foncier public dans une grande précipitation, au mépris total de la démarche rationnelle, et notamment d’une analyse multicritères.

 Le cas de la vallée de la Sambre ne doit pas être anecdotique, les vieilles lunes pouvant toujours retrouver de leur brillance pour peu qu’elles soient ripolinées d’industrie verte…  

 La situation devient encore plus ubuesque lorsqu’on sait, selon le site Cartofriches du CEREMA, que tout site, pour faire  l’objet d’une candidature au "Fonds friche", doit être préalablement soumis à la délibération de la collectivité.

Si l’Etat donnait une suite favorable à cette demande, cela signifierait qu’il considère en friche n’importe quel site qu’une collectivité voudrait tartiner… On imagine aisément combien les élus s’y engouffreront quand ils découvriront l’astuce…

A ce compte, s’il prenait l’envie au Maire de Roubaix de ne pas seulement raser l’Alma mais toute sa ville, il lui suffirait de candidater au fonds friche pour 100% du territoire communal soit cartographié comme en friche par le CEREMA.

Espérons que cette honorable organisme garde l’indépendance de la rigueur scientifique qui a fait son utilité.… Nous n’osons pas imaginer que le désengagement de l’Etat, contrebalancé par l’adhésion et le financement des collectivités locales, amène le CEREMA à abdiquer son indépendance et la qualité de son expertise à servir le projet politique local.

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