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Le blog de Jean-Marie Allain

THYSSEN-KRUPP : pour une solution industrielle

31 Mai 2009 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #EMPLOI ET DVLPT ECONOMIQUE

Après avoir appartenu au groupe Cockerill, les Laminoirs de Jeumont ont
été rachetés par Arcelor-Mittal.
C'est la commission de Bruxelles qui a constaté la position dominante
d'Arcelor sur le marché des produits plats et imposé la vente des deux
unités spécialisées que sont l'unité de Fosses (Val d'Oise),et l'unité
de Jeumont.

Dans ce contexte, Thyssen rachète en 2001 ces deux usines qui fabriquent des produits plats.
Mais qu'est-ce qui amène Thyssen, déjà fabriquant de produits plats, à
racheter ces deux unités, si ce n'est le panel de clients qu'elles
amènent avec elles.

Rappelons que Thyssen possède en Allemagne une unité de production qui à elle seule peut inonder une partie du marché avec un million de tonnes
par mois... contre 7000 tonnes à Jeumont.

Thyssen ne va d'ailleurs pas tarder à alléger le nombre d'ingénieurs...
prémisse de ce qui est en train de se passer.
Une entreprise se liquide comme un poisson, on commence toujours par
couper la tête.

Aujourd'hui, profitant du contexte de crise internationale, Thyssen
achève le travail :
- Jeumont doit fermer
- La Prade (autre filiale de Thyssen, basée dans l'Aude) est en train de
fermer,
- Resterait Fosses mais pour combien de temps ?

Jeumont travaille aujourd’hui à perte sur les produits semi - finis qui
arrivent de la maison mère allemande Thyssen, parce que vendus trop chers à Jeumont.
Par contre, il n'en est pas de même pour un produit que Jeumont, avec la
Prade, est la seule société à fabriquer en France, le flanc à bord
arrondi, un acier de quatre millimètres d'épaisseur sur une longueur de
1, 54 mètre.
Il en sort 300 mètres à la minute à Jeumont, fabriqués notamment grâce
au train 14 de laminage à froid, d'une ligne de coupe à longueur, et
d' une refendeuse (dite renfendeuse R7) qui a déjà sauvé l'usine de la
fermeture à la fin des années 90.

Cette machine de 14 millions d'euros a bénéficié en 1996, il faut le
rappeler, de subventions, de la Communauté de Communes du Val de Sambre (CCVS), que présidait alors Jean-Claude DECAGNY.
Les 200 tonnes d'aciers façonnés chaque mois par cette refendeuse sont
vendus à la Régie-Renault  et présentent un bilan financier largement excédentaire.

Si donc il n'est pas réaliste de vouloir sauver la totalité de
l'entreprise compte-tenu qu'elle est prise en tenaille par le groupe
Thyssen, il est réaliste économiquement de penser que l'activité de
fabrication de flancs à bord arrondis peut continuer et se développer.

Si Thyssen ferme Jeumont, il ne fait aucun doute que la refendeuse R7
prendra le chemin soit de Fosses, soit de l'Allemagne, où elle serait
démontée puisque Thyssen fabrique déjà ce produit.
Revendre la machine serait en effet pour Thyssen prendre le risque d'armer
un concurrent potentiel.
Mais délocaliser les machines vers l'Allemagne ou vers Fosses
serait contraire aux règles européennes qui imposent que le matériel
subventionné avec des fonds de reconversion reste sur le territoire.
Laisser partir les machines, cela voudrait dire que demain une
entreprise peut s'installer dans une zone éligible à de forts taux de
subvention pour faire des achats de matériel avant de déménager dans une
autre région ou un autre pays.

C'est donc autour de ce produit, le flan à bords arrondis, aujourd'hui
très rentable, qu'il convient d'asseoir le maintien du site et la
sauvegarde d'une trentaine d'emplois.
Jeumont dispose d'un hall de stockage, de la refendeuse R7, du train 14
de laminage à froid et d'une ligne de coupe à longueur, bref de tout
pour maintenir et développer une activité rentable.

Les bobines d'acier de vingt tonnes arrivent actuellement d'Allemagne.
Si Jeumont parvient à maintenir son site, en coupant le lien avec
Thyssen, il se libère en même temps de son fournisseur et peut mettre en
concurrence Thyssen et d'autres fabricants de bobines.
On pourrait aussi imaginer que Renault achète directement les bobines et
les fasse traiter à Jeumont.
 
Certes, Thyssen est juridiquement propriétaire du matériel mais
moralement, c'est discutable.

Dans tous les cas de figure, l'agglomération a son mot à dire
puisqu'elle a financé en partie cette machine.
Il en va de même de l'Europe qui a financé une entreprise parce qu'elle
était dans un bassin en reconversion et pas des machines nomades.
Tout matériel financé avec des fonds Objectifs 1 doit rester sur ce
territoire.
Ce n'est pas moi qui le dit, c'est le règlement de l'Union européenne.
L'Etat a aussi son mot à dire puisque le principal client de Jeumont
pour ce produit est la Régie-Renault dont l'Etat est actionnaire.
L'Etat peut faire comprendre à Thyssen que s'il se désengage, Renault
trouvera bien les moyens de se fournir ailleurs.

La tenue d'une réunion s’impose au Ministère de l'Industrie avec les élus,
les représentants de l'entreprise et de Renault

L'idée serait bien entendu de retrouver un repreneur, du type Duferco
(La Louvière) ou, pourquoi pas, de créer une société coopérative de
production (associant la Régie-Renault et pourquoi pas MCA et les
collectivités locales) puisque l'activité visée est rentable.
Le matériel ne doit pas être démonté, ce serait piétiner les principes
qui ont présidé à l'attribution de subventions européennes !

THYSSEN NE PEUT PAS DIRE " JE PRENDS L’ARGENT DE L’AGGLO ET DE L’EUROPE ET
JE M’EN VAIS " .

Certes, une Europe dotée d’une politique industrielle pourrait régler ce
problème.
Mais dans l’attente, il est encore possible de travailler à une solution
industrielle pour le site de Jeumont.
Ou alors il faut exiger que Thyssen rembourse les subventions  !
 

 
 
 
 
 
 

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