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Le blog de Jean-Marie Allain

Vote des villes et vote des champs

25 Mars 2010 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #SOCIETE

 

Le vote du FN dans les campagnes en a surpris plus d’un.
Et les maires, interrogés hier par La Voix du Nord, restent bien dubitatifs sur cette poussée de l’extrême- droite.

 

Il ne faut pourtant pas oublier que les Régions sont des institutions conçues pour tenir compte des villes et de l’urbanisation à une époque où la taille des départements ne correspondait plus aux enjeux de l’aménagement du territoire.

 

Les Régions, dans leurs compétence, sont donc d’abord des institutions conçues pour les villes : lycées, formation, TER avec ses pôle gares notamment.

 

Le mode de scrutin a par ailleurs mis en adéquation les élus régionaux avec la philosophie de cette institution.

Les élus régionaux sont en effet majoritairement des élus des villes, non pas par le fait du hasard mais parce que le scrutin proportionnel favorise l’élection des militants qui ont plus de facilité pour s’impliquer dans la vie des partis, c’est-à-dire les militants des grandes villes.

 

Le profil très urbain des élus régionaux accentue donc ce marquage d’une Région qui oublie la ruralité.

 

La Région ne porte pas de manière équilibrée la thématique de l’aire métropolitaine et celle des campagnes.

Les SCOT sont élaborés par des syndicats souvent présidés par des urbains  et où les ruraux ont du mal à se reconnaître.

 

Les Zone Franches sont  réservées aux villes, mais interdites aux campagnes,

Les Zones commerciales de la périphérie des villes font mourir les commerces ruraux,

La « modernisation » des services publics se fait au détriment de la ruralité,

La politique de la Ville illustre l’absence d’une politique de la ruralité et plus globalement l’absence d’une politique d’Aménagement du Territoire.


Quand on voit les subventions régionales pour les manifestations culturelles des villes, les bénévoles des Fêtes du Terroir ou les élus des petites communes  ne peuvent qu’être abasourdis par l’inégalité de traitement.

 

Les milieux régionaux, largement issus des villes, ont ainsi oublié que la France rurale d’aujourd’hui est beaucoup moins une France paysanne et agricole qu’une France d’ouvriers et d’employés et surtout une France des oubliés.

 

Mais le silence est une forme de mépris.

La Région Nord-Pas-de-Calais  a par exemple abandonné les Contrats de Développement Ruraux au profit des Pays, c’est-à-dire de territoires plus larges (chez nous l’arrondissement) où les élus des villes ont repris le pouvoir.
Elle a aussi abandonné les aides aux communes de moins de 2000 habitants pour le patrimoine.

 

Le vote FN, c’est la manifestation électorale d’une société rurale sur la défensive face à l’hégémonie des villes .

Alors que la carte de ce vote est le négatif du vote écolo, on peut y voir l’expression d’un clivage profond urbain/rural.

 

On peut ainsi voir dans le vote FN (comme dans celui en faveur de CPNT à la présidentielle), l’expression d’une réaction du « peuple » des campagnes contre les « élites » des villes.

 

L’émergence d’une liste jeunes agriculteurs a sans aucun doute été un autre symptôme de ce malaise mais il aurait été probablement plus percutant si son intitulé avait été la ruralité plutôt que l’agriculture.

 

Ce qui est sûr, c’est que la gauche et les écologistes (encore moins le Modem) n’ont pas pris la mesure de ce qui était en train de se passer et que, s’ils continuent à faire l’autruche,on pourrait avoir des surprises aux présidentielles…

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