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Le blog de Jean-Marie Allain

Le développement, recette du bonheur ?

19 Août 2009 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #ECOLOGIE - DVLPT DURABLE

Le PIB, jugé trop tributaire de l’économie productiviste,  laisse de plus en plus la place à l’indice du développement humain (IDH), censé mesurer le développement d’un pays.

 Cet IDH reste malheureusement encore trop tributaire d’une certaine conception économiste du monde puisque le PIB compte pour un tiers dans son calcul, à côté de l’éducation et de la longévité.

Les tribus autosuffisantes qui vivent en harmonie avec la nature ont peu de chances d’avoir un bon IDH alors que leur empreinte écologique est exemplaire.

Inversement, un pays comme l’Islande qui comptait peu de chômage et une forte croissance se trouvait en tête du classement … jusqu’au jour où son système bancaire s’est effondré.

Comme quoi le développement peut laisser perplexe, au même titre que les calculs savants de nos économistes qui ont toutefois la pudeur de ne pas utiliser leurs outils pour mesurer le niveau de développement de certaines sociétés qui ne partagent pas cette échelle de représentation.

Ce sont les ancêtres de ces développeurs  qui avaient taxé ces sociétés de « sociétés primitives », pensant que l’histoire ne pouvait être qu’une longue marche vers la lumière (les chrétiens), la science (Auguste Comte) vers la justice et l’égalité (Marx), parfois même vers la morale (Teilhard de Chardin).

Ils se ravisèrent par la suite, grâce aux découvertes des anthropologues, paradoxalement débarqués avec les colons mais, contrairement à eux, motivés non pas à soumettre l’autre à notre modèle (de spiritualité ou de richesse matérielle) mais à mieux le comprendre, dans toute sa culture et sa complexité. Merci Lévi-Strauss !

Et c’est alors que l’on comprend que cet indice de développement humain n’est rien d’autre qu’un impérialisme conceptuel qui voudrait laisser penser qu'en dehors du développement, il n'y a que le sous-développement et le mal-développement.

Pour les quelques peuples qui ont échappé à l'emprise ou à l'influence de la culture matérialiste, en voie de mondialisation, ce terme n'a tout simplement aucun sens.

La longévité ? Certes les conditions d’ hygiène de vie (et en partie les progrès de la médecine) ont allongé l’espérance de vie mais le quatrième âge qu’a produit notre fin de vingtième siècle, contraint de prendre le chemin des établissements gériatriques en raison de la dispersion familiale, est-il plus à envier qu’un troisième âge qui ne connaîtra pas toujours le quatrième mais par contre pleinement intégré au groupe social et profondément chéri et respecté, dans la tradition du patriarche, à des années lumière de notre société où la mort sociale précède la mort biologique ?

L’éducation ?  A en croire l’accroissement considérable des délits commis par des mineurs, il n’est pas sûr que notre système éducatif soit aussi performant qu’on le dit. Et s’il s’agit de mesurer le niveau d’éducation par les diplômes ou le savoir académique, on oublie que c’est parce que nos outils conceptuels ne sont pas conçus pour mesurer l’ampleur et la richesse des connaissances empiriques de ces sociétés traditionnelles.

En ce sens, le soutien à la lutte des peuples indigènes pour préserver leur territoire, indissociable de leur culture, va de pair avec la lutte contre le réchauffement climatique.

C’est même un combat plus désintéressé et donc encore plus noble si l’on considère que la lutte contre le réchauffement constitue un rassemblement hétéroclite de citoyens de bonne foi, soucieux des générations futures, et d’autres qui s’inquiètent de ne plus pouvoir mener à bien comme ils le voudraient la grande expédition vers l’opulence matérielle et les profits faramineux qui constituent leur raison d’être.

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