Démographie : le virage n'était qu'un mirage
Le sursaut démographique du Val de Sambre n’est pas hélas au rendez-vous.
Les chiffres officiels de l’INSEE pour le territoire de notre agglomération sont les suivants :
1968 : 100 178
1975 : 106 109
1982 : 107 804
1990 : 105 682
1999 : 102 527
2008 : 98 778
On peut souhaiter que la courbe s’inverse et reparte à la hausse, cela ne nous autorise pas à tordre les chiffres pour affirmer le contraire du réel.
« Les faits sont têtus » disait Lénine. Et, sur ce point, il avait raison.
Gens du voyage : les responsabilités partagées
L’article 28 de la loi Besson du 31 mai 1990 prévoyait que chaque commune de plus de 5000 habitants se dote d’une aire d’accueil dans le cadre d’un schéma départemental d’accueil des gens du voyage, co-élaboré par l’Etat et le Conseil Général,
La nouvelle loi Besson du 5 juillet 2000 propose, au nom de la solidarité nationale, une aide de 70 % pour aider les collectivités compétentes à réaliser des aires de stationnement. Une fois le schéma adopté, les municipalités avaient deux ans pour réaliser les équipements prévus. Au-delà, le préfet pouvait se substituer à elles (ou à l’intercommunalité) et ordonner des travaux qui seront aux frais de la collectivité concernée.
Dans le Nord, le schéma a été approuvé en 2002 pour la période 2002-2008.Il est depuis en révision. Les aires d’accueil devaient donc être réalisées avant fin 2004.
1ère remarque : l’Etat a lui-même été défaillant puisqu’il n’a pas sanctionné ces collectivités.
2e remarque : Lorsque les aires inscrites au Schéma n’ont pas été réalisées avant le terme du Schéma, celui-ci précise que les aides de l’Etat sont perdues (même si cela n’était pas inscrit dans la loi Besson).
3e remarque : le désengagement de l’Etat est lié à la non réalisation des aires prévues au schéma.
Or, ces aires, il faudra néanmoins les réaliser mais cette fois sans subvention.
4e remarque : En 2011, et malgré la réalisation de plusieurs aires d’accueil, les maires se trouvent finalement confrontés aux mêmes problèmes qu’auparavant pour trois raisons :
- Sous estimation des besoins quantitatifs dans le Schéma Départemental
- Retard pris sur le territoire de l’AMVS et de la CCSA
- Aires d’accueil d’une capacité insuffisante
- Aires occupées par des familles sédentarisées qui empêchent les haltes des familles itinérantes.
Au vu de ces différents éléments, on peut certes regretter que nous ayons pris ce retard (nous ne sommes pas les seuls) mais on peut surtout regretter :
- que la loi Besson ait fixé un délai trop court pour réaliser les aires d’accueil
- que le gouvernement suivant ait profité de ce retard pour supprimer les subventions des retardataires
- que le Schéma départemental sous-estime les besoins
- que l’agglo ne se donne pas les moyens de faire respecter son règlement sur la durée de stationnement
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Méthanisation, où en est-on ?
Une réflexion est en cours au niveau de l’agglomération pour examiner la faisabilité d’une unité de méthanisation.
Le principe d’une telle unité, c’est d’amener des déchets fermentescibles dans une unité où la fermentation va dégager du bio-gaz, principalement utilisé dans des installations de combustion aux fins de production d’électricité, ou transformé en bio-méthane pouvant être injecté dans le réseau de gaz naturel, le digestat étant réutilisé ensuite comme produit d’épandage agricole.
Le gisement potentiel de déchets fermentescibles dans un périmètre de 30 kilomètres de Maubeuge n’est pas négligeable : 150 000 tonnes.
Par contre, l’origine de ces déchets est majoritairement agricole (120 000 tonnes), l’agglomération n’amenant que 12 000 tonnes (déchets verts des collectivités et boues de la station principalement) auxquelles pourraient s’ajouter 3500 tonnes provenant des poubelles des particuliers, sous réserve d’une réorganisation totale et coûteuse de la collecte sélective.
L’empreinte carbone d’un tel scénario n’apparaît a priori pas bonne.
L’essentiel des déchets (du fumier en réalité) transiterait sur les routes dans des norias de camions avant d’arriver sur le territoire de l’AMVS.
Tout cela demande réflexion.
La méthanisation collective est envisageable sur un périmètre étroit à forte densité de population, ce n’est pas notre cas.
L’élimination des déchets agricoles n’est , de surcroît, pas de notre compétence.
La réflexion, à ce stade, m'incite à penser que la méthanisation en avesnois pourrait s’organiser à partir d’un modèle conçu autour d’un maillage d’unités de méthanisation regroupant un groupe d’exploitations (un peu sur le modèle des coopératives viticoles) permettant d’éviter que le bilan carbone des déplacements n’annule l ‘intérêt de ce choix d’élimination des déchets.
L’échelle de la future carte intercommunale pourrait faciliter cette mise en place.
Mais c’est au monde agricole ou à ses représentants de s’organiser.
Pour l’agglomération, on peut imaginer qu’une petite unité (20 000 tonnes) soit installée près du centre de tri, quitte à réorganiser la collecte auprès des ménages (un bac supplémentaire).
Cela va demander une plus grande exigence de tri et va coûter de l’argent : nouvelles poubelles notamment sans oublier que parallèlement, en diminuant l'apport à l'incinérateur, on fera monter le prix du tonnage incinéré...
Mais, de toute façon, la réglementation européenne va nous l’imposer.
Dioxine, le doute subsiste
On se souvient de cette exploitation de volailles en plein air de Aibes, contrainte de mettre la clef sous la porte pour cause de dioxine dans les œufs et la viande.
Les exploitants étant venus me voir, j’avais alerté les médias.
Le sous-préfet avait programmé une réunion de travail et la sénatrice Mme Blandin avait bien relayé le dossier.
Des prélèvements ont été réalisés par l’INERIS le 18 juillet.
Malheureusement, ces prélèvements ont été circonscrits à la parcelle, contrairement à ce que j'avais souhaité.
J’ai récemment demandé quelles étaient les conclusions de ces analyses.
Nous venons d’apprendre que les traces de dioxine, PCB et furanes proviendraient de l’existence d’un ancien hangar qui se trouvait sur la parcelle autrefois.
J’emploie le conditionnel car nous ne sommes pas en possession des analyses mais d’une réponse de la sous-préfecture.
Difficile dans ces conditions, on le comprendra, d’effacer tous les doutes que l’on pouvait avoir sur les risques de pollution dans les prairies alentours.
Les agriculteurs, s'ils veulent reprendre leur exploitation, n'ont pas d'autre choix que de confiner leurs volailles ou de décapter le sol de la prairie.
L'avesnois, démuni en matière de surveillance radioactive
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Les services de la protection civile ont récemment présenté à Avesnes, devant tous les élus de l’arrondissement, le nouveau protocole de distribution des pastilles d’iode en cas d’accident nucléaire, tributaire d’une décision préfectorale.
La question qui n’a pas été abordée, c’est celui des informations dont disposerait le Préfet en cas d’accident.
Pour distribuer des pastilles, il convient en effet de connaître le niveau de radio-activité qui sévit sur le territoire.
Or, là où les choses se compliquent, c’est que l’avesnois ne dispose aujourd’hui d’aucune balise de mesure de cette radioactivité.
Le matériel actuellement disponible et propriété de l’association ATMO :
4 moniteurs aérosols (réglementation de septembre 2009)
- 3 moniteurs iode (Directive Euratom)
- 4 radiamètres gama (décret du 4 avril 2002)
est localisé sur Gravelines, Calais, Dunkerque et la métropole lilloise.
Outre que ce matériel arrive en fin de vie et ne dispose pas de la sensibilité des nouvelles techniques,
Il ne couvre pas notre arrondissement.
Or, si une balise peut avoir un intérêt pour l’agglomération lilloise, proche de Gravelines, nous ne pouvons pas oublier que l’avesnois est tout aussi proche de la centrale de Chooz et que l’arrondissement est régulièrement traversé, sur la ligne Aulnoye-Fourmies, de convois de déchets radioactifs.
Si l’on sait que le Nord a récemment été survolé d’un nuage radioactif provenant de Hongrie, c’est grâce aux balises citées plus haut.
Autrement dit, personne n’est en mesure aujourd’hui de dire si notre arrondissement a subi ou non de la radioactivité.
Il y a donc là manifestement un manque en termes de mesures de contrôles au regard d’autres arrondissements.
C’est donc un sujet supplémentaire où l’avesnois apparaît une fois de plus comme une zone blanche.
Bavaisis et Sambre : le décalage horaire
La Commission Départementale de Coopération Intercommunale a examiné vendredi dernier le projet de Schéma présenté par le Préfet pour sa partie avesnoise.
Pas de surprise pour la Communauté de Communes Sambre Avesnois puisque l’amendement déposé par son président, Joël Wilmotte, a été rejeté.
Plus surprenante fut la question bavaisienne.
L’ordre du jour annonçait trois amendements sur ce point :
- Celui de Paul Raoult, proposant la fusion de la Communauté de Communes du Quercitain, avec celle du Bavaisis et du Pays de Mormal-Maroilles au 1er janvier 2014 avec l’hypothèse d’un report courant 2013.Amendement en phase avec la proposition préfectorale.
- Celui Rémi Pauvros acceptant le rattachement des communes de La Longueville, Hon-Hergies, Hargnies et Taisnière sur Hon à l’AMVS
- Celui de Bernard Baudoux, calqué sur le précédent mais en seul amendement.
Ces deux derniers amendements, contradictoires avec le premier, traduisaient une volonté conjointement exprimée par les communes bavaisiennes « sortantes » et les élus du conseil communautaire de l’AMVS.
Le Président de l’AMVS déclare finalement à l'assemblée partager la position de Paul Raoult selon lequel la précipitation empêcherait de bien étudier les incidences de la réorganisation intercommunale et annonce qu’il retire son amendement, les communes pouvant, comme dit le Préfet, nous rejoindre ultérieurement.
Bernard Baudoux retire le sien à son tour.
Essayons de décrypter.
Le maire du Quesnoy ne cache pas que l’élu sambrien qui aurait maintenu son amendement aurait été perçu par les habitants de ces communes (majoritairement hostiles à l’AMVS) comme l’artisan du charcutage de leur entité et du rattachement des dissidents.
A quelques semaines des législatives, « çà la fout mal »
En réalité, si l’on excepte La Longueville, intéressante pour l’agglo en raison de son offre foncière le long du CD 649, l’entrée des trois autres petites communes ne représente pas de recettes substantielles nouvelles et peut changer les équilibres politiques au sein de l’agglo.
Les communes du bavaisis candidates au rattachement voient donc s’éloigner leur chance d’être intégrées à l’AMVS dans le projet de schéma et ne pourront ultérieurement compter que sur la procédure de droit commun pour le faire ou sur la procédure dérogatoire.
La première option suppose le double accord de l'organe délibérant de l'intercommunalité (future interco de l'Ouest avesnois) et de celui des conseils municipaux des commmunes membres (article L5211-19 du CGCT).
La seconde option suppose le double accord de l'organe délibérant de l'intercommunalité (future interco de l'Ouest avesnois) et de celui du Préfet, après avais de la commission restreinte de la CDCI.
Autant dire que ce sera compliqué, sauf à imaginer, dans quelques mois, un compromis à la Yalta qui maintiendrait d’un côté les trois petites communes bavaisiennes dans la nouvelle entité quercitaine et le départ de La Longueville vers l’agglomération sambrienne.
La politique a des raisons que la raison ne peut ignorer, quitte parfois à retarder les montres.
Marx s'invite à l'agglo
Lors du dernier conseil d’agglo, mon collègue Bernard Baudoux, dans sa présentation du débat d’orientation budgétaire, faisait référence à une procédure d’expropriation et invoquait le fait que les terrains étaient passés en zone naturelle protégée pour justifier le prix que contestent les propriétaires.
Autrement dit, un terrain constructible vaut plus qu’une zone naturelle.
Certes, lui ai-je fait remarquer amicalement , mais parce que nous sommes dans une économie (celle décriée par les communistes) dans laquelle la valeur du foncier est liée sa constructibilité, c’est-à-dire aux loyers ou à la rente que le propriétaire peut en tirer.
Mais devons-nous accepter ce mode de raisonnement dont on sait qu’il mène à la destruction de la biodiversité et, par exemple, de la forêt amazonienne ?
Certains vont se demander si je ne suis pas devenu plus communiste que mon camarade Bernard Baudoux.
Non, je ne suis pas communiste mais j’en profite, lorsque les circonstances me le permettent, de porter la contradiction comme avec cet exemple sur le foncier, et de mettre mes idées en ordre sans jamais « jeter le bébé avec l’eau du bain ».
De Marx, je retiens de positif que :
- Juif né à Trèves dans une famille aisée, il ait su prendre ses distances à l’égard d’un milieu où l’on parlait souvent finances et gros sous,
- Qu’il avait consenti, malgré son athéisme, à se marier à l’église luthérienne (preuve de tolérance d’une certaine manière)
- Psychologiquement verrouillé, il confie pourtant dans ses lettres qu’il reste ébranlé par la mort de son fils, Edgar, âgé de huit ans.
- Sa conviction que l’homme doit se dresser contre le destin et qu’il a la capacité de modifier le cours de l’histoire.
- L’économiste qui a mis en exergue le fait que la « force de travail » était traitée comme une marchandise sur un marché (si elle est abondante, elle tend à comprimer les salaires et inversement) et non payée à sa juste valeur pour permettre de constituer la fameuse plus-value, base de l’opposition entre la capital et le travail.
- Son hostilité au culte de la personnalité (il a refusé le titre de Président du Conseil Général de L’Internationale et fera en sorte qu’il n’y ait pas de présidence, préférant garder le titre de secrétaire).
Mais, je retiens aussi, a contrario :
- Que sa vision annonciatrice de l’émancipation ouvrière et du socialisme relève des certitudes des religions millénaristes…
- La primauté qu’il accorde à la contradiction capital travail va servir de soubassement au productivisme et occulter l’autre contradiction, celle de l’industrie et de la consommation grande prédatrice de la nature, même si Marx avait pressenti dans quelques écrits cet effet pervers.
- Sa sous-estimation naïve de la capacité du capitalisme à rebondir sur ses échecs.
- Une théorie de la lutte des classes qui s’inspire du darwinisme et qui, pour cette raison, justifie la supériorité de la loi de la force sur la morale
- L’obsession de Marx (et surtout de son ami Engels) à vouloir faire du marxisme une science, et de surcroît la science sociale par excellence ( l’équivalent du darwinisme dans les sciences naturelles), dénigrant tout ce qui pouvait s’en écarter même s’il se trompe (« le communiste croit qu’il sait, le chrétien sait qu’il croit »–disait Alain Besançon, historien et ancien membre du PCF).
- Anticapitaliste mais détenteur d’actions (comme celles que l’on peut voir dans sa maison de Londres, devenue Musée)
- Défenseur des humbles et critique de la cellule familiale bourgeoise mais obsédé à ce que ses filles épousent des hommes argentés,
- Il s’est par ailleurs trompé lorsqu’il pensait que le communisme ne pouvait émerger que dans les pays développés alors que c’est l’inverse qui s’est produit ;
- Inventeur de « la dictature du prolétariat » (Critique du programme de Gotha /1875), expression maladroite s’inspirant des expériences françaises de 1848 et 1871, pour désigner une forme temporaire d’exercice du pouvoir et à propos de laquelle son homologue italien Gramsci préféra celle, plus subtile, d’hégémonie ouvrière.
- Matérialiste certes mais au point qu’au moment du décès de ses proches, pour discuter héritage, il finit par quitter se fâcher avec sa famille et n’ira pas à l’enterrement de son père, ni à celui de sa mère.
- En bourgeois imbu de ses valeurs, il est incapable d’établir des rapports aux autres sans logique d’arrogance et de domination et traite souvent les ouvriers d’imbéciles dans sa correspondance avec Engels.
Maillon essentiel dans la longue histoire du communisme (née plusieurs siècles avant lui), Marx aura été, au final, un philosophe brillant mais compliqué, dont les contradictions valent largement celles qu’il discerne dans le capitalisme. Bref, un prédicateur qui fait l’éloge de l’eau mais boirait lui-même du vin.
Le marxisme donne pourtant des outils conceptuels indéniables pour comprendre le monde.
Ceux qui s’entêtent à l’ignorer sont aussi stupides et sectaires que ceux qui pensent qu’il n’y a pas d’autres cadres d’analyse en dehors de lui.
Santé et Territoire
Dans la rubrique " équité territoriale", voici la répartition dans l'espace régional des espaces ressources cancers.
Sans commentaire
L'urbanisme de projet
Dans son interview parue dans Intercommunalités d’octobre 2011 (revue de l’ADCF), le Secrétaire d’Etat au logement, Benoist Apparu, ressort la vieille antienne de l’urbanisme de projet.
Il oublie de mentionner d’une part qu’une démarche de projet ne fait pas, par automatisme, un projet de qualité et d’autre part qu’un projet renvoie à un contenu, à des valeurs.
Trop souvent, la fameuse démarche de projet mise en avant sert d’alibi pour faire avaliser celui-ci.
On a connu par exemple dans l’histoire de l’urbanisme, des démarches de projet qui, au-delà de leur cohérence intellectuelle, visaient à organiser la vie de manière harmonieuse.
Les quartiers des années 60/70 font partie intégrante de cet urbanisme de projet qu’on peut juger discutable mais néanmoins de projet.
Le totalitarisme soviétique avait un urbanisme de projet intellectuellement structuré.Même les nazis avaient missionné des architectes pour concevoir un urbanisme de projet !
Il convient donc de préciser la nature du projet (humaniste, écologiste…) pour juger de la pertinence des résultats au regard des objectifs.
Benoist Apparu cite notamment les éco-quartiers dont l’intitulé, là encore, ne doit pas faire illusion. Je trouve même que la dénomination d’éco-quartier frôle l’imposture intellectuelle car elle écarte tout ce qui est en dehors de ce quartier.
Tout ce qui brille n’est pas or .
Quel sens cela a t-il de construire un éco-quartier si c’est pour se désintéresser du parc ancien, de ses populations précaires et de degré de perte énergétique ?
Or, l’urbanisme dit durable n’a de sens que s’il est décliné sur la commune entière et par seulement sur une partie de celle-ci.
Que les documents d’urbanisme doivent gagner en souplesse, c’est incontestable et certains élus n’ont pas attendu pour travailler en ce sens, quitte parfois à s’opposer aux agents de l’Etat que la culture bureaucratique prédispose plus à l’obstruction de l’inventivité et de la souplesse que de l’ingénierie d’accompagnement.
Avec les zones « AU » , les élus peuvent déjà cerner des secteurs de projets et fixer des cadres très précis de l’aménagement futur.
Quant à évoquer le PLU communautaire comme le point de passage obligé de l’urbanisme de projet, là encore, on nous ressort le vieux refrain de la mutualisation intercommunale.
Or, outre qu’un bon PLU ne garantit pas à lui seul les bons aménagements, ce n’est pas en éloignant le niveau de réflexion et de décision qu’on gagnera en qualité de projet.
C’est l’inverse.
Trop souvent, les concepteurs manquent d’accroche au territoire, de lien, de connaissance sensible avec l’espace sur lequel ils vont travailler.
Et s’il est dans un premier temps intéressant d’avoir un regard intercommunal pour cibler les secteurs de projet, il est indispensable ensuite de connaître le terrain et de le sentir. Trop d’architectes et d’urbanistes élaborent des projets de quartier en le circonscrivant au parcellaire et sans se préoccuper des connexions avec le tissu urbain alentour.
Le PLU ne remplacera jamais le cahier des charges, seul document prescriptif qui peut modeler tant la forme que le contenu d’une opération.
Que les Plu intercommunaux bénéficient d’une aide majorée de l’Etat, pourquoi pas mais le PLU reste un code et comme tout code, il balise les interdits plus qu’il ne crée d’intelligence, si indispensable à la construction intellectuelle de cette fameuse démarche de projet de qualité.
Congrès des maires ruraux
L’AMRF fêtait ses quarante ans dans le Poitou, plus exactement dans la jolie commune de Monts - sur - Guesnes, dans le Loudunais, le pays de JP. Raffarin qui, se remémorant son sobriquet de « provincial » lorsqu’il était premier ministre, fit une vigoureuse intervention en faveur de la ruralité suivie d’une longue intervention de JP Bel, le nouveau Président du Sénat expliquant que la gauche, si elle élue, reviendra sur la création du conseiller territorial.
Après l’exposé de plusieurs universitaires sur les grandes évolutions de la ruralité, les élus ont pu se sentir démunis face aux processus décrits, certains allant jusqu’à regretter l’absence d’une politique d’aménagement du territoire pour garder la maîtrise de l’ensemble, comme s’ils avaient oublié que les lois de décentralisation et la loi Voynet avaient confié aux régions et aux intercommunalités le soin d’élaborer les cadres des politiques de développement territorial.
Il n’empêche qu’on se demande parfois si l’émergence de nouveaux enjeux, parfois planétaires (je pense à la problématique de l’eau et au réchauffement climatique) ne crée pas une attente forte vis-à-vis d’un Etat qui n’a plus aujourd’hui la même légitimité, ni les moyens pour assurer la déconcentration nécessaire.
On voit ainsi les régions s’atteler à la lutte contre le réchauffement climatique mais avec des velléités et des rythmes contrastés selon les priorités affichées.
On voit ainsi des territoires où les politiques de production et de distribution de l’eau, compétence désormais exclusive du bloc local, se traduisent pour les concitoyens par une tarification hétérogène là l’Etat aurait pu mettre en place une solidarité entre les territoires.
Pour saisir les mutations en œuvre, les experts ont beaucoup parlé des déplacements, des migrations, de la mobilité… Ce type d’approche, caractéristique de l’approche géographique, est indéniablement enrichissant mais ne doit pas occulter la question des populations captives, souvent les plus démunies matériellement et culturellement.
Un consensus s’est dégagé pour dire que la recherche sempiternelle de la maille idéale pour le regroupement intercommunal, véritable obsession technocratique, est vouée à l’échec tant il est vrai que chaque type de compétence appelle une maille différente et que le pragmatisme, plutôt qu’une loi, aurait justifié des intercommunalités à la carte, dans le cadre de conventions librement négociées.
Un chercheur est courageusement revenu sur la nécessité d’élire les présidents d’EPCI au suffrage universel direct pour asseoir la légitimité de l’intercommunalité, s’attirant bien entendu la remarque de notre vice-président Pierre Yves Colombat pour qui cette option signifierait la mort des communes.
Pourtant, je me demande parfois si l’interdiction radicale du cumul des mandats (interdiction pour un maire d’être président d’EPCI) ne permettrait pas d’aborder cette traditionnelle opposition de manière plus sereine et sans que l’on ait besoin de rappeler que l’intercommunalité, ce n’est pas une préfiguration de la commune future, encore moins un outil au service de la commune centre mais, comme le rappelait J Pélissard, le Président de l’AMF lui aussi présent, un outil au service exclusif des communes.