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Le blog de Jean-Marie Allain
Articles récents

Nouveau manuel pour la rentrée scolaire

2 Septembre 2010 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #ECOLE-EGALITE DES CHANCES

 Devinez le livre qui fait le succès de la rentrée…

« Les sociétés et leur école », un essai de Marie Duri-Bellat et François Dubet qui nous éclaire grandement parce qu’il compare le fonctionnement des systèmes scolaires de plusieurs pays occidentaux.

 

Les deux sociologues mettent en exergue le trop fort lien qui existe en France entre l’école, le diplôme et le statut social, lien hérité des cultures catholique et républicaine pour lesquelles le diplôme confère une dignité sociale et même morale.

Cette corrélation explique beaucoup de choses.

Plus le diplôme joue un rôle important, plus l’enjeu de la réussite scolaire sera élevé et plus les parents adopteront, par le choix de l’établissement (de la maternelle à l’école privée après le bac) des stratégies de réussite pour que leurs enfants réussissent.

Cette pression sur l’école explique les inégalités scolaires et la reproduction sociale que pointait Pierre Bourdieu.

 

Or, dans les pays où il existe d’autres voies pour accéder à un statut social (formation professionnelle en Allemagne par exemple), la pression sur l’école est nettement moins forte et le climat scolaire est apaisé.

 

Leurs préconisations s’orientent donc à la fois sur des réformes au sein du système scolaire pour y détendre l’atmosphère (en Italie, les profs mangent avec leurs élèves à la cantine, en Finlande, les profs ont leur bureau dans l’école où ils peuvent recevoir et laissent numéro de portable à leurs élèves) mais aussi sur une refonte de la politique scolaire qui doit cesser d’être fondée sur la sélection des élites au profit d’un effort décisif sur les jeunes qui décrochent ou n’accrochent pas à l’école, par exemple en créant l’itinéraire bis des écoles de la seconde chance.

 

Au final, les auteurs suggèrent bien, pour éviter d’intensifier la pression sur l’école, qui ne peut tout régler à elle toute seule, d’intervenir aux deux bouts de la chaîne, en développant les politiques d’accueil de la petite enfance d’un côté et en développant la formation professionnelle de l’autre.

 

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Rentrée des classes : l'Etat se fait siffler

2 Septembre 2010 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #ECOLE-EGALITE DES CHANCES

Lorsque les effectifs baissent dans une école, l’Etat diminue le nombre d’enseignants et au-delà d’un certain seuil ferme même des classes.

Ce raisonnement n’est pas par essence inéquitable à condition que l’on tienne compte du profil des élèves (mais c’est un débat et le maintien du nombre de classes ne doit pas être un dogme) ou que l’Etat renforce ses moyens lorsque les effectifs augmentent.

 

Or justement, lorsque les effectifs augmentent, l’Etat n’augmente pas le nombre d’enseignants.

A Marpent, il y avait l’an dernier à la rentrée 171 élèves et 7 enseignants

Il y en a cette année 182 et toujours le même nombre d’enseignants.

On pourrait encore l’admettre à condition que des écoles qui comptent moins d’élèves (et aussi moins de chômeurs) n’affichent pas un  nombre d’enseignants plus élevé.

Or, c’est le cas dans la Sambre

Et ce n’est pas admissible.

 

L’Etat peut répondre qu’il maintient les moyens lorsque la commune est en ZEP.

Mais quand on sait que la carte scolaire date de 1997, il y a manifestement un problème.

Des communes qui étaient en ZEP à l’époque ne le seraient plus aujourd’hui et inversement, Marpent, qui ne l’était pas, y figurerait.

L’Etat est le garant dans une République de l’équité entre les territoires.

En ne respectant pas lui-même ces fondements de l’égalité républicaine, il perd lui-même en crédibilité.

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Le mythe du pouvoir fiscal communal

30 Août 2010 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #Fiscalité

L’autonomie financière des collectivités territoriales, conçue comme une déclinaison du principe de libre administration des collectivités, a été introduite dans la Constitution (article 72-2) par la révision du 28 mars 2003.

Cela signifie notamment que «  les recettes fiscales et les autres ressources propres des collectivités territoriales représentent, pour chaque catégorie de collectivités, une part déterminante de l’ensemble de leurs ressources ».

La loi organique du 29 juillet 2004 relative à l’autonomie financière des collectivités territoriales, prise en application de cet article, définit leurs ressources propres (produit de certaines impositions). De plus, elle fixe un plancher en deçà duquel le degré d’autonomie financière des collectivités (mesuré par le rapport ressources propres sur ressources totales) ne peut descendre. Ainsi la part des ressources propres ne peut-elle être inférieure au niveau atteint en 2003.

Le renforcement de l’autonomie financière des collectivités témoigne de la volonté de mettre un coup d’arrêt à la tendance observée ces dernières années d’une dépendance financière accrue des collectivités envers l’État.

Et nombre d’élus, toutes tendances politiques confondues, ne manquent pas de crier au scandale dès que cette autonomie est menacée ou chahutée comme elle l’a été avec la suppression de la Taxe Professionnelle.

Pourtant, le débat n’est pas aussi simple qu’il y paraît.

A l’échelle communale, que signifie l’autonomie financière lorsque la commune compte majoritairement une population pauvre ?

La disparité socio - géographique des populations et des emplois fausse complètement le débat.

A quoi sert le pouvoir de lever l’impôt lorsque votre population en est majoritairement exemptée ?

Est-il acceptable que des enfants de certaines communes aillent en classe de neige alors que dans d’autres on a bien du mal à leur payer une semaine au Val Joly ?

Personnellement, je considère que le premier combat à mener est celui d’une refonte totale de la fiscalité communale, l’Etat devant assurer un rôle de redistribution au profit des territoires pauvres.

Cessons de nous accrocher au principe de l’autonomie fiscale puisque celui-ci n’est qu’un mythe.

L’Etat peut nous enlever tout pouvoir de lever l’essentiel de  l’impôt pourvu qu’il opère une redistribution équitable entre les communes.

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LES NAINS A L’APPETIT D’OGRE

26 Août 2010 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #ECOLOGIE - DVLPT DURABLE

 

Ce week-end de pleine lune, c’est la nuit européenne de la chauve-souris dans une douzaine de pays.

 

 A Maubeuge, le Conservatoire des Sites Naturels, en partenariat avec la Coordination

Mammologique du Nord et l’AMVS, organise une présentation à 20 heures à l’Arsenal, qui se

prolongera par une ballade dans les remparts (se munir d’une torche et de chaussures

appropriées).

La chauve-souris véhicule souvent dans notre imaginaire une répulsion spontanée.

Il est vrai que la légende dit que la chauve-souris peur s’emmêler dans vos cheveux.

C’est bien entendu complètement faux, même si c’est un chauve commmoi qui l’affirme.

A moins qu’elle ait un radar défectueux, la chauve-souris à d’autres chats à fouetter pour remplir son estomac.

Il est vrai que c’est animal, parce qu’il est avant nocturne, inspire le mystère et parfois la crainte.

Il est vrai aussi que sa morphologie en rajoute encore dans le caractère un peu loufoque de ce charmant petit mammifère.

La chauve-souris vole avec ses mains en écartant les doigts reliés par une membrane de peau.

 33 espèces sont recensées en France métropolitaine, dont 21 espèces présentes dans la région Nord Pas de Calais et parmi - celles-ci une dizaine présentes en Val de Sambre.

Voici mon petit bestiaire chiroptérien ((Cf «  chiro » la main en grec).

 

         -  LA PIPISTRELLE COMMUNE

Petite (5 à 8 grammes) mais boulimique (1 millier de moustiques chaque nuit).

Très présente localement.

-          LA SEROTINE COMMUNE :

Comparé à la pipistrelle, c’est un géant (35 cm d’envergure), bien utile en ville car il empêche les insectes de se coller aux lampadaires !

L’agglomération en aura besoin dans le cadre de sa compétence éclairage public « !

(site de reproduction  à Obrechies)

- L’OREILLARD GRIS :

Ainsi appelé en raison de ses grandes oreilles, il prend appartement dans nos combles et manifeste un appétit prononcé pour les chenilles

-          L’OREILLARD ROUX

Plus rural que son cousin (mais avec des oreilles aussi longues !),  l’oreillard roux préfère se loger dans les arbres creux

Il peut parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour rejoindre son site d’hibernation.

Présent sur Pont sur Sambre et Colleret

- LA NOCTULE DE LEISLER

Sensible au froid, elle peut faire des centaines de kilomètres pour hiberner.

Constaté pour la dernière fois à Obrechies en 1998.

- LE MURIN DE NATTERER

Cette chauve-souris au pelage ventral blanc et aux oreilles dépassant du museau a, dans ses menues, une prédilection pour les mouches et les araignées.

Présente à Colleret, Obrechies et Pont-sur-Sambre

- LE MURIN DE BECHSTEIN

Avec des oreilles encore plus longues que celles de son cousin de Natterer, il partage les mêmes goûts alimentaires.

Considéré comme rare, il est présent à Pont sur Sambre

-          LE MURIN DE DAUBENTON :

Il capture 500 moustiques à l’heure en rasant la surface de l’eau et en capturant sa proie grâce aux grands doigts de ses pattes arrière

Cette « chauve souris aux grands pieds » est très présente sur le territoire de l’AMVS.

-    LE MURIN A OREILLE ECHANCREE

Rousse et frileuse, cette chauve souris à l’oreille échancrée est une grande consommatrice de mouches.

Pour cette raison, elle est toujours la bienvenue à la ferme où elle bénéficie d’une chambre d’hôte idéale en se regroupant en petits groupes au plafond d’une étable.

Présente à Colleret

-          Le MURIN  A MOUSTACHES

Se loge dans les fissures de nos habitations et se reproduit sous les toits ou dans les arbres creux.

N’hésite pas à aller faire un tour dans le jardin ou dans le parc public en cas de fringale.

-          LE GRAND MURIN :

Plus grande espèce connue dans la région (40 cm pour environ 35 grammes), c’est une société de chasse à lui tout seul.

Pour apaiser sa faim, il peut parcourir  20 kilomètres et écumer 50 hectares pour capturer de gros insectes qu’il a repéré par écoute active.

Il apprécie les combles et le calme de nos églises pour mettre bas.

Repéré pour la dernière fois en 1961, en forte régression en Belgique, on peut considérer que l’espèce a disparu de notre agglomération

On ne connaît que deux colonies dans le Nord Pas de Calais, en vallée de la Canche.

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Réagir vite... contre la vitesse

24 Août 2010 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #AGGLO INTERCOMMUNALITE

Beaucoup de mes administrés réclament des ralentisseurs, bandes rugueuses et limitations zones 30.

Sauf que depuis le transfert de compétence à l’agglomération, les aménagements de voirie ne sont plus du ressort de la commune mais de l’agglomération.

Quant à la zone trente, le maire est le seul à pouvoir prendre un arrêté (ce pouvoir de police ne peut se déléguer) mais cet arrêté n’a de valeur que s’il se concrétise par un panneau zone 30.

Or, la signalisation est de la compétence de l’agglomération, la commune ne peut donc poser le panneau, comme elle ne peut changer une ampoule de l’éclairage public, faute d’avoir le droit de le faire.

Reste à attendre le 1er septembre la mise en place de ces services rapides qui doivent apporter au moins la même qualité de service.

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L'été indien

19 Août 2010 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #international

La bonne nouvelle de l’été !!

Un espoir se profile pour les indiens d’Amazonie.

Alberto Pizango, enseignant et Président d’une organisation amazonienne du Pérou qui regroupe 65 ethnies va créer un parti politique pour défendre plus efficacement les droits ancestraux de la population amazonienne et son environnement.

L’Alliance pour l’Alternative de l’Humanité (APHU) sera donc probablement présente aux élections nationales du Pérou en avril 2011.

Plein succès et longue vie à l’APHU !

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Y aurait-il une recette de développement ?

18 Août 2010 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #developpement territorial

Pour une commune dont le slogan demeure «  l’initiative en actionS » (le mot est mis volontairement en majuscule car une belle idée ne vaut rien si elle ne se traduit pas dans le concret et au pluriel dans la mesure où une initiative peut se décliner en plusieurs actions), il est difficile de rester insensible au titre d’un rapport publié en mai 2010 sur le thème « Créativité et innovation dans les territoires », publié par la DATAR, l’Académie des Technologies et le Conseil d’Analyse Economique, sous la présidence de Michel Godet, avec comme rapporteurs Philippe Durance et Marc Mousli.

 

On ne peut libérer la créativité, les initiatives et les innovations écrivent les rapporteurs, sans se poser la question du mode de fonctionnement encore trop centralisé et colbertiste de notre système français, allergique aux expérimentations.

(aujourd’hui par exemple, un CCAS ne peut tirer des revenus de panneaux photovoltaïques car c’est contraire à ses statuts).

 

« La porte du changement s’ouvre de l’intérieur » affirmait le titre d’un ouvrage de Jacques Chaize (Calmann-Lévy/1992), ancien président du Centre des Jeunes Dirigeants qui rêvait de faire exploser le corsetage hiérarchique de nos institutions ; « Elle s’ouvre aussi d’en bas » précisent nos rapporteurs.

 

Ce ne sont pas davantage les infrastructures qui font mécaniquement le développement comme en témoigne celui de la Vendée, département qui n’a jamais eu de chemin de fer performant et dont le développement a précédé et entraîné la création des autoroutes (et non l’inverse).

Ce n’est pas non plus la taille des villes car là encore la Vendée se caractérise plutôt par des réseaux de bourgs ruraux unis par une mémoire mobilisatrice et favorable à l’esprit d’entreprise.

Les petites communes sont en effet plus facilement réactives que les grandes.

 

En réalité, les facteurs qui, une nouvelle fois, apparaissent comme favorables au développement et à l’attractivité sont la qualité de vie et le dynamisme des relations sociales. Plus concrètement, la qualité des lieux de vie, la richesse de la vie associative, la sécurité des biens et des personnes, la qualité des services et la moindre visibilité des inégalités sociales sont favorables à l’attractivité sans oublier, pour développer la créativité,  une atmosphère généreuse avec les créatifs, accueillante envers les étrangers et tolérants avec les déviants (car si les déviants ne sont pas tous excellents, les excellents sont par contre très souvent des déviants).

Il ne suffit pas de dépenser plus d’argent public dans la recherche pour avoir plus d’innovation (ou plus d’argent dans les hôpitaux pour avoir plus de santé)

20 % seulement des innovations sont de source technique, les autres relevant de l’organisationnel.

 

Arrosons les plantes qui poussent naturellement plutôt que de s’évertuer à planter des arbres exotiques qui ne prendront pas racine.

Et ne posons pas un couvercle sur la marmite du poil à gratter ou de la contestation, ce serait étouffer les initiatives et donc le développement.

Le bouillonnement culturel permanent est un facteur de développement (à ne pas confondre avec la programmation verticale et épisodique de productions culturelles).

Oui, il convient de stimuler au quotidien toutes les initiatives locales, même celles qui peuvent donner le frisson.

 

Bien entendu, le développement ne se décline pas comme une recette de cuisine mais faute de disposer des ingrédients précités, il restera toujours fade.

 

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Tourisme halieutique

17 Août 2010 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #sports

Notre commune a accueilli ce dernier week-end, avec celle de Jeumont, le championnat de France des jeunes pêcheurs de compétition.

Organisée par le Gardon Marpentois, avec le soutien de la Fédération Française de Pêche Sportive au Coup, des communes de Marpent et de Jeumont, cette manifestation a drainé les meilleurs pêcheurs de France, sélectionnés pour participer à cette ultime épreuve.

Sous une pluie incessante, la dextérité et la vitesse de ces chevaliers de la gaule ont impressionné les spectateurs.

 

C’est la première fois que notre rivière attire un échantillon aussi impressionnant de pêcheurs des départements français : Haute-Marne, Eure et Loire, Maine et Loire, Loiret, Meurthe et Moselle, Indre, Puy de Dôme, Saône et Loire, Ain, Haute Garonne, Corrèze, Bas-Rhin, Aube, Vienne, Tarn et Garonne, Eure, Haute Vienne, Doubs, Yvelines, Val d’Oise, Somme, Oise, Marne, Sarthe, Ardennes, Mayenne, hautes Pyrénées, Gironde, Hérault, Aveyron, Charente Maritime et Nord.

 

J’ai souligné, lors de la remise des trophées, que cette journée venait consacrer 25 années d’efforts pour la requalification de la voie d’eau, efforts menés notamment par le Syndicat Mixte du Val de Sambre (pour la qualité de l’eau) et par la Communauté d’Agglomération (action trame verte et tourisme).

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L'ancrage territorial dans le developpement local

28 Juillet 2010 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #developpement territorial

« Où sont les hommes ? demanda poliment le petit prince

 La fleur, un jour, avait vu passer une caravane :

- Les hommes ? Il en existe, je crois, six ou sept. Je les ai aperçus il y a des années. Mais on ne sait jamais où les trouver. Le vent les promène. ils manquent de racines, çà les gêne beaucoup »  (Antoine De Saint Exupéry )

 

On aurait pu croire que la complexification du monde, produit de la globalisation économique, allait réduire l’échelle locale à un accessoire marginal et atrophié des politiques de développement.

Pierre Calame souligne fort justement que la formule profondément ambiguë « penser globalement, agir localement » incarne cette conception perverse, invalidant d’avance une pensée qui naîtrait du local, suspectée de repli sur soi et de régression identitaire.[1]

Pourtant, cette nouvelle organisation planétaire rend de plus en plus  obsolète le modèle de la centralisation administrative et paradoxalement donne au niveau local, et tout particulièrement aux bassins de vie, une responsabilité plus importante dans la définition des politiques de développement et dans l’organisation et la gestion des territoires.

 

Qu’il s’agisse des questions liées à la politique de l’eau, à la gestion des éco -systèmes, à la politique du logement, des transports ou encore à la mobilisation de l’épargne, c’est en effet à cette échelle, celle-là même où s’organisent de manière concrète les relations entre les différents niveaux de gouvernance, qu’il est possible à la fois de comprendre les limites de notre mode de développement, d’inventer des alternatives et de les expérimenter.

 

La décentralisation accrue des compétences, conjuguée au besoin d’un développement plus équilibré et plus solidaire, rend plus que jamais indispensable l’existence de lieux de dialogue non seulement entre les différents niveaux de l’administration publique mais aussi entre ceux-ci et la société civile.

La déconnexion grandissante entre le lieu de travail et le lieu de résidence fait sortir la problématique de l’aménagement du découpage politico-administratif et de ses logiques de subsidiarité, rendant bien souvent inopérante la logique des blocs de compétence et implique la nécessaire prise en compte et la coordination de différents niveaux géographiques.

 

La mondialisation des échanges et les impératifs de compétitivité qui en découlent par ailleurs ont bouleversé les catégories temporelles qui se heurtent au temps des usagers, à celui du nécessaire débat politique mais aussi à celui des aménageurs et de leurs procédures.

Les débats passionnés autour des projets de développement de la fonction logistique des territoires, projets dont l’urgence trouve souvent son fondement dans la concurrence exacerbée et la défense de l’emploi, au détriment d’un temps d’échange nécessaire à la compréhension de tous et à la prise en compte des multiples incidences, économiques, sociales et environnementales,illustre cette difficulté à concilier ces différentes échelles temporelles dont l’ajustement nécessite un élargissement de la démarche d’aménagement qui doit désormais procéder autant à « une géographie des flux » qu’à  « une géographie des lieux ».

 

Le privilège du temps long

 

Les problématiques s’internationalisent.

La nouvelle topographie urbaine se caractérise par une prépondérance des villes-métropole sur les nations — Berlin, Dresde et Leipzig plutôt que l’Allemagne ; Londres et Glasgow plutôt que la Grande Bretagne.

 

Le tissu mondial des villes se présente ainsi comme un réseau de points reliés par des flux : flux humains des marchands, touristes et architectes -urbanistes, flux de capitaux entre les places boursières, flux  de transports et de marchandises.

 

Cet espace de flux mondialisé et interconnecté, où les individus circulent et échangent de plus en plus vite, sans frontières, et hors des contingences du monde réel paraît de plus en plus déconnecté du monde, comme si la logique spatio-temporelle de la vitesse de circulation s’était substituée à la logique historique et sociale des territoires.

 

Beaucoup de professionnels sont aujourd’hui contraints de sillonner le réseau planétaire en tous sens avec le risque d’oublier leur singularité et leur consistance.

Lots de notre modernité, les villes sont en effet de plus en plus conçues pour offrir les équipements et les services canoniques, dignes de figurer dans le catalogue des mondanités urbaines, au risque de sombrer dans un mimétisme formel sans identification culturelle spécifique et de perdre leurs aspérités sociales et territoriales au profit d’un lissage uniforme et somme toute banal.

 

Pourtant, dans un contexte de compétitivité territoriale, la distinction viendra souvent de signes qui ne figurent pas toujours dans la nomenclature du marketing urbain.

A cet égard, la transposition du modèle de la mobilité des entreprises privées, toujours tributaires du temps court de la concurrence et de la compétitivité, entre en discordance avec le temps long des dynamiques territoriales.

Si l’efficacité productive industrielle s’évalue sur quelques mois, l’efficacité attractive d’un territoire se mesure en années et parfois en décennies.

La reproduction mécanique du modèle entreprenarial montre donc ses limites.

Si l’on peut connaître une entreprise au bout de quelques mois, il faut des années, pour ne pas dire des décennies  pour connaître un territoire.

 

Certes, on peut rester longtemps sur un territoire sans bien le connaître si on n’y fait pas du nomadisme local et si on n’est pas inséré dans les multiples réseaux qui l’irriguent.

Mais sans la longue durée, la connaissance restera livresque et superficielle et le temps nécessaire à l’engagement et à la concrétisation de certains projets insuffisant.

Qu’est-ce qui distingue d’ailleurs les acteurs de terrain d’un cabinet d’études privé si ce n’est cette particularité d’être en permanence sur une agglomération, d’être dépositaire de sa mémoire et d’y entretenir une veille dynamique, autant de fonctions qui font appel à la durée et supposent une présence prolongée ?

Les interventions de courte durée affectent la manière dont s’établissent les rapports avec les acteurs d’un territoire.

 

La crise d’un modèle de croissance (tant économique qu’urbain) avait déjà transformé les pouvoirs locaux en véritables protagonistes du développement et favorisé cette émergence du local.

La décentralisation et l’accent mis à la fois sur la coopération intercommunale et la gouvernance a progressivement fait du niveau local , parfois au prix d’une fluctuation salutaire des périmètres d’intervention, celui de la réflexion sur les projets, sur leur planification et leur mise en œuvre.

 

La mobilité du personnel

 

Le discours sur la mobilité du personnel n’a pas changé depuis le XIXe et fonde sa légitimité sur la référence hygiéniste et saint-simonienne à la mécanique du mouvement et à la fascination pour les flux et la circulation .Tout ce qui bouge est sain, tout ce qui stagne est malsain.[2]

Cette mobilité est présentée comme un moyen pour le personnel d’enrichir son expérience et ses compétences, en un mot comme une voie obligée de son plan de carrière.

Les fondements de cette mobilité professionnelle sont d’ailleurs, à peu de choses près, semblables à celles des premiers grands voyageurs : l’enrichissement intellectuel, mais aussi matériel sans oublier les saveurs de l’altérité.

Ce modèle du parcours professionnel, calqué sur celui de l’entreprise, publique et privée, tend à opposer la mobilité professionnelle à l’ancrage territorial, qui serait synonyme de rigidité.

 

Ainsi cohabiteraient un modèle de parcours professionnel animé par le goût de la mobilité, de la réussite et du succès et un modèle socio-affectif attaché d’abord à l’épanouissement personnel.

 

On retrouve d’ailleurs dans la tradition philosophique cette opposition entre une vison de la mobilité, synonyme de progrès, de modernisme et de vie saine et une vison qui, à l’inverse, stigmatise ses nuisances, ses dégradations et les menaces qu’elle véhicule.

 

Il n’est pas sûr qu’il faille opposer ces deux modèles.

 

D’abord parce que dans une vie professionnelle l’ancrage peut succéder à la mobilité, à l’image d’un Jean-Jacques Rousseau qui, après avoir fait partie de cette communauté vagabonde, a pour prôné l’enracinement.

Pourquoi ne pas imaginer, en ce sens, l’expérimentation d’un nouveau rapport au travail avec l’apprentissage par l’itinérance durant les trois ou quatre premières années, grâce à l’identification dans chaque entreprise d’un tuteur professionnel, une espèce de compagnonnage des temps modernes en quelque sorte ?

 

Ensuite, parce que l’ancrage professionnel n’exclut pas l’innovation, ni la flexibilité.

Le technicien immergé dans un territoire peut susciter des processus d’innovation à travers sa bonne connaissance des ressources du territoire, son patrimoine de savoir-faire et la mobilisation de ses réseaux d’appartenance.

La gestion des carrières - écrit Pierre Calame – privilégie à outrance la mobilité, ce qui constitue dans les faits une ignorance ou un mépris de la compétence territoriale et de la place de la mémoire.[3]

 

Si donc la dynamique de l’innovation peut encourager la mobilité, elle peut aussi a contrario être l’un des arguments pour justifier le choix de l’ancrage de certains professionnels.

C’est d’ailleurs ce qui est parfois reproché à l’Etat lorsqu’il déplace tous les quatre ou cinq ans ses hauts fonctionnaires sous prétexte qu’on les enlève au moment où ils commençaient à saisir toutes les complexités locales.

Car ce qui peut fonder l’ancrage, en dehors de tout sentimentalisme excessif, c’est le sentiment de partager une intimité et une communauté de destin avec le territoire au sens de l’approche phénoménologique.

Mobilité et ancrage ne sont donc pas antagoniques mais doivent faire l’objet d’un équilibre mesuré.

La mobilité permet que soit porté un regard différent sur la réalité et amène des idées nouvelles qui vont pouvoir se croiser et fructifier en se confrontant aux enseignements de l’expérience et à la mémoire du territoire que détiennent les autres techniciens.

 

 

 

 

 

 

 



[1] Le territoire, brique de base de la gouvernance au 21ème siècle : contribution de Pierre Calame aux 3èmes Assises wallonnes du développement Local à Gosselies (Belgique)/28 novembre 2002.

[2] Marcel Roncayolo, « La France urbaine ».Tome IV.

[3] «  Mutations de la Société, mutations des territoires : pour une approche humaniste de l’aménagement du territoire » .Pierre Calame, janvier 1994.

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La schizophrénie du Grenelle (suite...)

27 Juillet 2010 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #ECOLOGIE - DVLPT DURABLE

Jean-louis Borloo, derrière ses aires de nonchalant babacool, pratique l’espièglerie la plus redoutable.

En octobre 2007, il claironnait en présentant le Grenelle que l’on n’augmenterait plus la capacité autoroutière.

 

Or, au Journal Officiel du 1er juillet, il publie trois arrêtés de nouvelles sections d’autoroutes, prélude à la communication le 13 juillet d’un avant-projet de Schéma National des Infrastructures de Transport comportant le projet de 880 kms d’autoroutes supplémentaires.

 

Double langage de l’homme public qui d’un côté fait un clin d’œil aux écolos et de l’autre leur fait un véritable pied de nez.

 

Pendant ce temps, des centaines de juristes sont payés sur des fonds publics pour mettre en article une loi de pacotille puisque piétinée chaque jour par ceux qui devraient être les premiers à la défendre.

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