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Le blog de Jean-Marie Allain

Le code (électoral), rien que le code...

9 Mai 2012 , Rédigé par Jean-Marie Allain

Dans le formulaire du procès-verbal que reçoivent les communes du Ministère, il est indiqué que n’entrent pas en compte dans les suffrages exprimés «  les bulletins manuscrits ».

Or, l’article R 104 du Code électoral admet comme valables les bulletins manuscrits s’ils comportent le nom du candidat pour lequel l’électeur désire voter, suivi du nom du remplaçant désigné par ce candidat sur sa déclaration de candidature.

De même, dans le guide pratique des bureaux de vote qu’ont reçu les mairies, il est indiqué que l’électeur signe sur le registre et introduit son enveloppe dans l’urne.

Or, cette pratique est de nature à conduire à l’annulation du scrutin (jurisprudence du Conseil d’Etat du 29 décembre 1989).

C’est bien l’inverse qu’il convient de faire (mettre l’enveloppe dans l’urne et signer), tout simplement parce qu’il est toujours possible de signer avec un témoin si l’électeur refuse de signer alors que si l’électeur signe et part avec son enveloppe, il y aura au moment du dépouillement une discordance entre le nombre de signatures et le nombre d’enveloppes.

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Le vote rural " extrême" scelle l'échec du modèle métropolitain

3 Mai 2012 , Rédigé par Jean-Marie Allain

Au lendemain du premier tour, j’ai essayé de comprendre les raisons pouvant expliquer que le vote Front National, là où il dépassait 30 % dans notre arrondissement, concernait à deux ou trois exceptions, des communes rurales.

Et puis, pure coïncidence, un de mes anciens stagiaires passe en mairie la semaine suivante pour me faire cadeau d’un livre signé Christophe Guilly, géographe, auteur de «Fractures françaises », publié chez François Bourin .

Et la lecture de cet ouvrage, pourtant publié en 2010, dans un chapitre consacré à "la France périphérique", éclaire soudainement mon questionnement.

L’auteur explique que nombre de populations modestes rebutées par le prix du foncier et le multiculturalisme des zones urbaines ont été amenées depuis deux décennies à adopter le modèle déployé par les classes moyennes dans les décennies précédentes, et de vivre dans les communes rurales ou péri-urbaines où elles sont parfois devenues majoritaires.

Ces déplacements, dans l'Avesnois, ont entretenu la croissance démographique des villages  et contribué au tassement de la population des villes.

Ils ont dans le même temps contribué à la recomposition du paysage politique entre ceux  (majoritairement urbains) qui plébiscitent la mondialisation libérale et ceux (majoritairement péri-urbains et ruraux) qui la subissent.

En effet, le petit salariat privé de la France pavillonnaire rurale et péri-urbaine subit plus fortement les effets de la mondialisation qui bénéficient prioritairement aux métropoles et aux villes, pourvues en emplois de cadres et de professions intermédiaires.

Alors que la ville industrielle présentait un visage diversifié et intégrait les couches populaires, le modèle métropolitain, par le profil des emplois qu’il offre et par le coût du logement et du foncier, rejette ces catégories à la périphérie.

Cette domination économique de la métropole, et dans une certaine mesure de la ville, se double d’une domination politique comme en atteste le choix des organisations politiques à propulser (aux élections régionales notamment) ceux issus de la métropole et dans une moindre mesure des villes, et d’une domination culturelle, comme le révèlent les programmations très élitistes.

De ce fait, ce salariat modeste s’est éloigné des lieux de pouvoir politique et économique que sont les villes qui, dans le même temps, voyaient leur population stagner ou baisser.

Or, aujourd’hui, les néo-ruraux prennent de plein fouet l’augmentation du prix des carburants dont on sait qu’il continuera à augmenter, au fur et à mesure de sa raréfaction.

Les ruraux prennent aussi de plein fouet la rareté de l’offre locative sociale en milieu rural, contraints  pour les plus âgés de rester dans  des demeures surdimensionnées  et coûteuses ou, pour les plus jeunes, de se rabattre sur le parc locatif privé aux loyers souvent très élevés.

Les jeunes y sont également éloignés des grandes écoles, ignorés des interventions territorialisées comme les dispositifs «  politique de la ville », handicapés par le plus faible maillage associatif et social, éloignés des emplois qu’offre la métropole, pénalisés par l’offre plus faible d’emplois pour les femmes, handicapés par le coût de la mobilité induite par l’éloignement

Ils subissent une double relégation, spatiale et culturelle et ont le sentiment d’être abandonnés. Leurs maires aussi parfois d’ailleurs ! … aigris de voir que des dispositifs comme les ZEP ou les politiques de la ville leur passent sous le nez, alors qu’ils sont mis en oeuvre sur les villes voisines qui, pourtant, n’affichent pas un taux de chômage plus élevé !

Les plus pessimistes diront que la question sociale des banlieues se double de la question sociale du rural, les plus optimistes que la question sociale se déplace des banlieues vers le rural, que la ruralité se paupérise en quelque sorte.

On pourrait aussi en conclure  que l’explosion du vote extrême dans les territoires ruraux et péri-urbains scelle l’échec d’un modèle métropolitain plébiscité par les élites (voir les taux de vote dits «  bobos ») et  violemment discriminatoire pour les catégories populaires.

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