Pour des Assises Citoyennes de la Santé
L’appel à manifester transmis par l’Agglomération manque singulièrement de clarté : désertification médicale, sauvetage de l’hôpital…C’est une manif fourre-tout.
Son élaboration n’a pas associé les élus, encore moins les maires. Cette mise à l’écart est d’autant plus regrettable que nous avons tenu un conseil communautaire il y a dix jours et une Conférence des maires il y a une semaine sans que cet appel soit mis à l’ordre du jour.
Ce « bug » mis à part, parlons du fond.
Manque 300 places de parking, absence de bureaux pour les services, absence d'internat...
Nos belles âmes ne veulent pas voir ce dont témoigne ce fiasco, à savoir un manque de suivi du projet par l'Etat et les élus en responsabilité.
C'est donc un enchaînement de fautes qui explique cette situation ubuesque : faute de l'Etat qui a passé une commande incomplète ou trop imprécise, faute de l'architecte qui n'a pas sonné l'alerte, faute du maire qui a signé le permis de construire.
Le simplisme incantatoire de ce tract joue sur le réflexe pavlovien des "sauveurs" à l'égard d'une menace sur des sujets tellement sacralisés qu'il n'y aurait pas lieu d'en avoir une présentation objective, a fortiori d'en débattre.
Bref, nos responsables politiques qui enfourchent leur nouveau cheval de bataille auraient pu échanger avec les maires et les citoyens avant d’imprimer un tract et de nous demander, sans rire, de le distribuer dans les foyers.
Un sujet aussi important que la santé exigerait de dépasser le niveau émotionnel et de travailler sans précipitation dans la rationalité et l'ordonnancement de la pensée.
L’organisation des Assises Citoyennes de la Santé sur notre territoire ne serait pas un luxe.
Opération de Revitalisation du Territoire
Il est nous était demandé au dernier conseil communautaire de valider un projet qui concerne la dynamisation des centre villes et des centres bourgs pour améliorer l’attractivité du territoire, au travers principalement de la question commerciale (dispense d’exploitation commerciale) et la celle de l’habitat (réinvestissement dans l’ancien par la fiscalisation notamment, lutte contre la vacance, valorisation du patrimoine logement par l’aide au ravalement de façades par exemple)
Ce projet concerne donc l’ensemble des communes de l’Agglomération et à ce titre suppose un vote du conseil communautaire.
Mais ce qui est étonnant, c’est que les communes autres que celles des trois villes concernées (Maubeuge, Aulnoye et Jeumont), n’ont pas été associées au projet, bien que celui-ci s’inscrive dans une démarche de solidarité intercommunale.
Pourtant, les fonctions urbaines ne sont pas l’apanage exclusif des villes centres, chaque commune remplissant à son niveau et à son échelle ces fonctions, qu’elles soient commerciales, résidentielles ou de services.
La convention cadre parle bien d’ailleurs -page 4- de dévitalisation de l’aire urbaine dans son ensemble et du souhait de la CAMVS – je cite - de « soutenir massivement les actions des centres entreprises par ses communes membres » et de s’inscrire dans les ORT de la loi ELAN reposant – je cite page 6 – « sur un projet global de l’intercommunalité, sa ville centre et toute autre commune volontaire de l’ECI ».
Si l’on était encore dubitatif à ce stade, la convention rajoute, (toujours page 6) que « l’agglomération est particulièrement concernée par la problématique de revitalisation des centres-bourgs et des centres villes ».
Les opportunités offertes par un tel cadre juridique, on le comprend aisément, auraient justifié la tenue d’un séminaire réunissant les maires de toutes les communes.
Le 28 avril, j’avais envoyé ce courriel à la CAMVS.
Monsieur le Président, cher Benjamin,
L’article A 95 de la loi 3DS permet dorénavant d’étendre les opérations de revitalisation de territoire (ORT) dans une ou plusieurs communes d’un EPCI sans que la ville-centre en fasse partie, sous réserve de présenter une situation de discontinuité territoriale ou d’éloignement par rapport à la ville-centre et d’identifier en son sein une ou des villes présentant des caractéristiques de centralité.
Il semblerait par conséquent que des communes péri- urbaines, les grandes oubliées de la loi ELAN, et qui, de par leur histoire de bourgs industriels possèdent des caractéristiques de centralité, puissent être éligibles aux ORT.
Je souhaite que la CAMVS puisse débattre de cette opportunité et réunisse à cette fin les communes péri- urbaines de l’Agglomération de manière à examiner les modalités pour déposer un dossier sous l’égide de la CAMVS.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, cher Benjamin, en l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
Aujourd’hui, le document cadre reçu dans les annexes, après avoir énoncé, dans les dix pages introductives, les grandes phrases sur le projet global et la nécessaire solidarité intercommunale, ne concerne plus dans les cent pages qui suivent, que les deux communes venant s’ajouter à Maubeuge.
Les autres (Hautmont, Louvroil, les communes péri- urbaines et les communes rurales) sont passées aux oubliettes, posant au passage une question importante :
Si ces trois communes bénéficient, outre de la plupart des équipements structurants d’intérêt communautaire, des dispositifs PNRU, OPAH-RU, Pôle Gare, il eut été logique que les autres, pour une fois, puissent être associées à ce projet sur la base de leurs problématiques spécifiques et dans le respect de la cohésion globale.
Arnaud Decagny, dans sa réponse, a justifié la non prise en compte d’Hautmont et Louvroil par le fait que ces deux communes avaient fait le choix du commerce périphérique.
Je lui ai répondu que toutes les communes n’avaient pas fait ce choix.
Et puisque l’attractivité du territoire et le bien vivre de ses habitants sont des démarches globales et non sélectives, s’il est bien de mettre des moyens dans ces trois centre villes, est-il cohérent, dans le même temps, d’ignorer les autres centres villes et les centres bourgs des communes péri- urbaines et même rurales ?
L’aménagement du territoire se doit d’être équitable au risque de voir s’approfondir les fractures entre les villes et les communes périphériques.
Le Président Baudoux s’est engagé à faire un courrier aux services de l’Etat pour organiser une réunion avec les communes « oubliées » et examiner les moyens possibles qui pourraient être mis en place.
Après avoir ouï...
Je vois que dans les délibérations , il est parfois écrit « après avoir ouï ».Il convient de préciser que cette expression est devenue archaïque, incompréhensible pour de nombreux jeunes et, comme le droit, volontairement loin du peuple…
Rares sont les communes qui l’utilisent encore.
Sans renier notre belle vielle langue française, Il est plus logique d’écrire « après avoir entendu… »
Inversement, sur le même sujet, j’ai vu au Val Joly ce dimanche des panneaux « parcours no - kill ».Ces anglicismes, entérinés par des arrêtés préfectoraux, me font bondir dans la mesure où l'
on pourrait tout aussi bien dire, en français, « relâchons le poisson » ou « toute prise est remise à l’eau ».
Si un contrevenant contestait un PV sous prétexte qu’il ne comprend pas l’anglais, ne gagnerait-il pas son recours J ?
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stigmatisation des mal logés
Il arrive qu’un maire obéisse à une injonction de l’Etat mais trahisse aussi en même temps sa conscience.
Cela m’est arrivé ce 19 août 2022 lorsque j’ai scotché sur la porte d’un foyer marpentois un arrêté préfectoral du 5 août stipulant que ce logement représente un danger imminent pour la santé ou la sécurité des occupants.
L’article 6 de cet arrêté stipule que celui-ci est affiché en mairie ainsi que sur la façade du bâtiment, le maire devant attesté avoir procédé à ces deux notifications.
En cette période estivale, je n’avais pas d’agent disponible et j’ai donc procédé moi-même à cet affichage, après d’ailleurs avoir présenté ma mission aux occupants.
Mais je ne vous cache pas qu’au retour, l’esprit engourdi de honte, j’ai ressenti un malaise par rapport l’incongruité de ce geste qui n’a rien de banal.
Je me suis dit « quel sens cela peut-il y avoir d’afficher sur la porte du logement un tel arrêté alors que c’est au propriétaire de faire les travaux, et pas aux locataires » ?
Cela ne revient-il pas, nonobstant les règles du RGPD, à désigner au public une population déjà fragilisée par une procédure qui entre dans leur intimité, voire à dissuader les amis et les voisins d’y pénétrer, alors qu’il existe sûrement d’autres solutions moins brutales ?
En affichant l’arrêté, j’avais le sentiment que j’étais au logement du coupable alors que le propriétaire ne fait pas l’objet d’une telle mesure, quelque peu stigmatisante.
Les articles L 511-19 et L 521-1 à L 521-4 du Code de la Construction s’intitulent pourtant « Protection de l’Occupant » alors que celui-ci se trouve désigné aux yeux du public (comme dans toute l’histoire de l’affichage sur les façades) comme celui qui porte en lui « le mal-logement » pour reprendre la formule de l’Abbé Pierre, susceptibles aussi de véhiculer les microbes et autres pathologies propres à l’insalubrité.
Je souhaitais faire part de ce malaise dans la mesure où les articles en question ne précisent nulle part que l’arrêté doit être affiché sur la façade du logement des occupants et j’imagine par conséquent qu’il pourrait peut-être en être autrement.
J’ai fait part au Préfet du Nord de cette situation.
Lors du dernier comité du CODERST à Valenciennes, les services de l'ARS, informés de cette démarche, ont tout simplement suggéré qu'en pareille situation, le maire fasse une photo et enlève l'affiche aussitôt ! Une bizarrerie dont l'administration française a le secret.
La désertification policière
La disparition de tout responsable au commissariat de Jeumont n’est pas sans poser un problème pour les communes du secteur.
De fait, le commissariat est devenu une antenne de celui de Maubeuge.
Lorsque nous appelons le commissariat, l’équipe de nuit est très fréquemment sur Maubeuge.
Même si je conçois que l’on puisse mutualiser les moyens pour rechercher de l’efficacité sans accroître les coûts, la mutualisation ne doit pas être le prétexte pour rhabiller Pierre en déshabillant Paul.
Même les contacts avec les moyens de communication numérique s’avèrent peu probants : pas d’adresse mail opérationnelle, on nous demande d’envoyer des fax !
Les maires en sont réduits, dans l’urgence, à se débrouiller seuls.
Récemment, ayant été prévenu par un voisin à 23 h 25, j’ai intercepté à 23 h 30 deux cambrioleurs en train démonter la gouttière de l’église et exigé que le zinc soit déchargé de la voiture, ce qui a été fait. Mon rapport a été transmis au Procureur.
Le maire a certes le pouvoir de police mais doit-il pour autant devenir un « shérif » ?
J’ai saisi notre député afin qu’il puisse au plus vite intervenir auprès du Ministère pour que le « commissariat » de Jeumont soit doté d’un responsable et d’une équipe d’intervention qui puisse intervenir dans les quinze minutes pour des actes de flagrant délit, ce qui suppose que cette équipe ne soit pas préemptée par la ville-centre.
Poutine et la conception du bonheur
Vladimir Poutine ne supporte visiblement pas que le cordon "sanitaire" autour de la Russie soit entaché d'une démocratie.
On peut encore le concevoir d'un point de vue rationnel. Mais pourquoi cependant un désir aussi meurtrier que le sien?
Albert Camus explique cela dans la bouche de Caligula : "J'exerce le pouvoir délirant du destructeur, auprès de quoi celui du créateur paraît une singerie. C'est cela être heureux. C'est cela le bonheur".
concert Solidarité UKRAINE : message du maire de Marpent
C’est rempli d’une double émotion que je vous adresse quelques mots ce soir :
- D’abord une émotion face au théâtre de l’horreur qui s’étale en Ukraine,
avec un sentiment de chagrin pour les victimes de la guerre, militaires et civils, un sentiment de révolte aussi envers le commanditaire de cette agression meurtrière, et un sentiment d’impuissance enfin qui nous empêche d’aller au-delà de la solidarité humanitaire.
Voilà où nous mène l’obsession paranoïaque des dictateurs pour les limites de leur frontière, des dictateurs qui refusent l’évidence, à savoir que la frontière, c’est ce qui sépare certes mais c’est aussi ce qui nous relie aux autres.
Plusieurs quartiers de nos deux communes en témoignent : des communautés de vie se sont créées en dépit parfois de la frontière (c’est le cas des cités cheminotes) et même quelquefois grâce à elle (c’est le cas de la frontière avec nos amis belges).
Le peuple ukrainien et le peuple russe formaient une telle communauté de vie au point de se considérer comme des nations sœurs.
J’ai lu dans la presse le récit poignant d’un civil ukrainien qui témoigne de cette réalité : chauffeur soupçonné d’être un membre de la défense territoriale, il est enlevé par les russes, torturé, puis relâché les yeux bandés dans une forêt et l’un des ravisseurs lui murmure avant de partir : « pardonne – moi mon frère ».
- L’autre émotion que je voudrais exprimer devant vous, c’est celle de pouvoir nous retrouver aujourd’hui dans ce lieu de recueillement et pour un moment de communion musicale.
Pour conjurer l’aspiration haineuse de la partition géographique qui divise, nous avons choisi, Jeumont et Marpent réunis, d’ouvrir grandes les partitions musicales du partage, celles des notes de paix et d’amour.
Un concert contre la guerre, c’est toujours un rayon de lumière dans les ténèbres.
Merci à vous musiciennes et musiciens, merci à vous tous d’être là dans cette église.
Vive l’amitié entre les peuples et Gloire à l’Ukraine !
Des serpents dans le bocage
Le Conseil communautaire devait voter la mis en oeuvre du réseau « points nœuds Sambre-Avesnois », chaque point faisant l’objet d’un aménagement « vélos « (arceaux, tables, bancs , poubelle, totem).
Ce projet a été réalisé sous maîtrise d’ouvrage du Conseil Départemental, relayé par son agence d’ingénierie touristique, Nord Tourisme, qui en a confié la maîtrise d’œuvre au cabinet « TRACES TPI », lequel s’est appuyé sur les quatre intercommunalités de l’arrondissement, le tout coordonné par le Parc Naturel Régional !
Soit 8 structures dont 7 dotées d’ingénierie touristique.
Et malgré cette mobilisation massive de matière grise, le document comporte une erreur grossière page 28 puisqu’on y apprend que Marpent dispose d’une halte vélos et ne peut donc prétendre au forfait de 6000 € prévu dans le cadre de projet « nœuds ».
Autrement dit, chacun, dans cette histoire, s’est reposé sur l’expertise de "TRACES TPI" sans se poser trop de questions.
En réalité, c'est bien la démonstration que trop d’ingénierie extérieure nuit à la réflexion locale.
Frédéric Pierru, chercheur CNRS spécialiste de la santé, qualifie ce syndrome de « paradoxe du serpent », animal bien connu pour se glisser insidieusement en vue de capter sa proie, avant d'en tirer cette conséquence : « Les préconisations des cabinets conseils affaiblissent les ressources de la sphère publique ».
Essayons de limiter le nombre de serpents dans le bocage et tout ira mieux.
CONTRE LA POLLUTION DE LA PLANETE, CHOISISSONS LE COVOITURAGE DES VOYAGEURS … ET DES DECHETS !
L’extension des consignes de tri à l’intégralité des plastiques, obligatoire pour le 1er janvier 2023, se caractérisera par la suppression du compartiment « verre » de manière à dégager de la place pour ces nouveaux volumes.
De ce fait, avant juin 2023, les communes de l’Agglo devront opter (et pour la durée du mandat) entre deux modes de collecte :
-
Maintien du porte à porte (PAP) avec poubelle ordures ménagères + poubelles recyclables + valisette pour le verre
-
Apport volontaire (AV) pour le verre et porte à porte pour ordures ménagères et recyclables
Avantages de l’AV : Soutien financier pour l’achat des cloches à verre (L’argument des meilleures performances avancé par l’agglo repose sur des données non fiables et fantaisistes et l’argument du geste citoyen n’est pas recevable dans la mesure où l’administré qui trie correctement ses déchets dans la formule du PAP n’est pas un citoyen de second rang).
Inconvénients de l’AV :
° c’est un recul du niveau de service au moment où l’Agglo instaure la TEOM, risque de retrouver le verre dans la poubelle ordures ménagères, verre qui sera donc incinéré à prix exorbitant… et perdu pour le recyclage !, et problème pour les personnes âgées ou non motorisées, difficultés à trouver les emplacements pour les cloches à verre (une pour 250 habitants !).
° Les déchets qui s’amassent près des cloches à verre relèvent de la compétence des communes puisque c’est la commune qui garde la compétence « dépôts sauvages ».
Avantages du PAP : Un service au pied de la porte, un coût plus faible (grâce au camion tri-flux, l’enlèvement du verre n’induit quasiment pas de coût supplémentaire).
Inconvénients du PAP :
° le risque de vols des valisettes et de les retrouver plus facilement renversées sur le domaine public par suite de grand vent ou d’incivilités mais Valenciennes a adopté pour les valisettes depuis des années et cela se passe bien. (les poubelles sur les trottoirs lorsqu’on ne peut les rentrer dans les habitations, les poubelles non rentrées, le coût d’achat des poubelles et de leur maintenance pour l’Agglo ne sont pas des arguments puisqu’il y aura toujours deux poubelles , même avec l’apport volontaire).
° valisette trop petite pour les gros consommateurs : possibilité, pour les « gros consommateurs « de verre, de demander une 3e poubelle à roulettes qu’ils sortent lorsqu’elle est pleine. A Fourmies, qui est revenu au PAP après avoir essayé l’AV, tous les foyers ont cette 3e poubelle.
° poubelle recyclable trop petite lors d’évènements familiaux. Rien n’interdit avec le PAP de solliciter une cloche à verre pour répondre aux évènements familiaux
Et le Bilan carbone ?
AV : Bilan carbone catastrophique puisque Bilan CO2 de l’AV = AR des particuliers + AR des camions vers les cloches + AR du PAP maintenu pour les 2 poubelles > bilan CO2 du PAP, véritable « covoiturage des déchets ! ».
Station mairie (inauguration du Passage de la Place)
Nos pensées vont aujourd’hui vers nos amis ukrainiens qui se battent contre la guerre dont nous ne pensions pas que le visage hideux aurait pu réapparaître en Europe, nous laissant pour unique espérance qu’elle s’achève le plus rapidement possible.
En ce Printemps des poètes qui commence, consacré justement cette année à l'Ephémère, le thème de la fugacité, du passage est pleinement d’actualité.
Un « passage » désignait au Moyen Age un chemin étroit ou un défilé montagneux avant de signifier au XIXe siècle une petite rue, généralement couverte, interdite aux véhicules.
Curieusement, dans le vocabulaire ferroviaire, le terme de passage souterrain fait son apparition en 1824 alors que celui de passage à niveau date de 1868.
J’ai toujours trouvé qu’il y avait quelque chose d’insolite dans ce lieu intermodal où se croisent sans se voir les passagers du TER et les passants qui se rendent à pied au centre bourg ou qui en reviennent.
Le passage souterrain fut inauguré en 1959, après moult prises de position du conseil municipal qui ne voulait pas de la passerelle proposée par la compagnie des Chemins de fer du Nord.
Ce passage se substituait au passage à niveau qui séparait le haut et le bas de la rue de la place et dont la trentaine de commerces (dont trois magasins de cycles) suscitait une effervescence commerciale, image qui peut paraître surprenante aujourd’hui mais encore apte à servir de tremplin à une compréhensible nostalgie.
La suppression du passage à niveau, couplé avec le développement de l’automobile et des zones commerciales, a scellé en une décennie le sort de cette rue et de ce quartier, aujourd’hui le plus précaire de la commune.
Depuis de nombreuses années, ce passage était devenu le point noir de Marpent en termes d’images et de sentiment d’insécurité.
Pourtant, cette liaison piétonne singulière est très utilisée par les parents qui habitent dans le vieux-bourg et sur la rive gauche de la Sambre mais sans moyen de locomotion, pour venir en mairie, faire leurs courses ou accompagner leurs enfants au groupe scolaire ou aux activités de loisirs comme la médiathèque, l’école de musique ou le centre de loisirs.
Et, pour tout dire, je ressens presque comme un acte de repentance que d’avoir œuvrer si tardivement à donner à cette liaison sa nouvelle physionomie.
Le passage nous était si familier que nous en avions oublié sa laideur.
Albert Camus, dans la préface de son petit livre « l’envers et l’endroit », livre une réflexion qui éclaire notre démarche :
« On trouve dans le monde beaucoup d’injustices – écrit –il – mais il en est une dont on ne parle jamais, qui est celle du climat. Lorsque la pauvreté se conjugue avec cette vie sans ciel, ni espoir, qu’en arrivant à l’âge d’homme j’ai découverte dans les horribles faubourgs de nos villes, alors l’injustice dernière, et la plus révoltante, est consommée : il faut tout faire, en effet, pour que ces hommes échappent à la double humiliation de la misère et de la laideur ».
C’est le sens de ce projet, caractéristique de par sa luminosité, son esthétisme et les garanties de sécurité, qui a consisté à transformer ce sordide « passage souterrain » en « passage de la place », en lui donnant toutes les apparences d’une bouche de métro, conçue dans l’esprit « art nouveau » du concepteur du métro parisien, Hector Guimard.
La municipalité a souhaité en effet, par delà cette opération originale et d’un coût tout-à-fait raisonnable, conforter la requalification du centre-bourg, engagée depuis dix ans : rénovation de la mairie, du groupe scolaire, création de la médiathèque, création d’un cabinet de téléconsultation médicale, d’un cabinet paramédical, d’un cabinet infirmier, création d’un local commercial, création de la ruche qui accueille micro entreprises, sécurisation des abords de l’école, création d’une boulangerie qui ouvrira début mai.
Le projet ambitionnait de provoquer une véritable mutation de ce lieu sinistre pour en faire un espace accueillant, respectueux de ses habitants et garantissant à ces derniers des conditions de confort et de sécurité qu’ils sont en droit d’attendre d’un lieu public.
La transformation d’un tunnel sinistre où le piéton marchait au pas de course en un passage agréable et lumineux n’est pas un projet grandiose mais une action incontestablement utile, avec même un potentiel de développement culturel comme le montre le métro parisien, où l’art souterrain a déjà démontré qu’il pouvait joindre l’agréable à l’utile.
En témoigne le livre que vient d’écrire, en collaboration avec la RATP, Mme PIEGAT, critique d’art, relatant ses plus belles immersions dans le métro parisien, comme celle de la station Concorde, tapissée en 1989 de 49 000 carreaux reproduisant les 49 000 lettres de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Je pense donc qu’on peut encore l’agrémenter de différentes manières : une fresque d’ambiance extérieure sur les plaques béton qui séparent de la voie ferrée, des emplacements réservés à des expositions picturales, et pourquoi pas une ambiance musicale, bref à y permettre la flânerie, chère à Walter Benjamin dans son travail sur Paris au début du XXe siècle, hautement prémonitoire puisqu’il s’intitule… « le livre des Passages » !
Les entreprises locales sélectionnées ont remarquablement tenu leurs engagements en termes de coût et de qualité de prestations : DUFOSSEZ pour le gros œuvre, PARTNER ELEC pour l’électricité, SPHERE pour le revêtement et la peinture, FERRONNERIE AVESNOISE pour la métallerie.
Qu’il nous soit donc permis de remercier aujourd’hui le concepteur, Pascal Delplanche, notre collègue conseiller délégué aux projets et ancien collaborateur d’architecte, les financeurs, et trois artistes bénévoles de l’AMLC, Marie-Claire Dubois, Michel Casset et Gérard Lavigne pour les lettrages sur céramique.
Sans oublier le service assainissement de l’Agglomération qui nous accompagne pour réguler l’écoulement des eaux de ruissellement en ce point bas de la commune et nos agents techniques, qui ont en charge la propreté de ce lieu.
Sur un budget total HT de 91 184, 18 €, l’Etat, via la DETR, nous a aidés à hauteur de 27 355, 25 € (30%), le Conseil Régional, au titre du Fresat (Fonds Spécial de Relance Et de Solidarité Avec les Territoires), pour un montant identique (30 %), et le Fonds de concours de la Communauté d’Agglomération à hauteur de 18 236,84 € (20 %), soit une part à charge pour la commune de 18 237, 09 €
Aux services de l’Etat, aux conseillers régionaux et aux conseillers communautaires, nous exprimons notre gratitude et leur assurons que ce soutien est un encouragement pour notre équipe à continuer d’œuvrer à la requalification du centre-bourg.