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Le blog de Jean-Marie Allain

Y avait-il une crèche à Noël ?

30 Décembre 2016 , Rédigé par Jean-Marie Allain

Le débat sur les crèches dans les mairies à Noël ne peut laisser les élus indifférents, et pas seulement en Provence.

Dans le Nord, ceux-ci accompagnent des manifestations, parfois sans trop se poser la question, en l’honneur de personnages religieux. Je pense à Sainte - Cécile et à Saint -Eloi.

Chrétienne sensible aux chansons célestes, Ste Cécile fut condamnée à être décapitée par les bourreaux de l’empereur Marc Aurèle et elle est devenue, depuis lors, la patronne des musiciens.

Ste Cécile est fréquemment célébrée dans le Nord, en raison de la forte implantation des harmonies, elles-mêmes issues, comme nos kiosques à musique, d’une riche histoire militaire liée au caractère frontalier de notre région et des nombreuses garnisons qui y séjournaient.

Croyants ou pas, les élus sont conviés à assister à l’église au concert de Sainte-Cécile.

A côté de Ste Cécile, un autre saint patron est familier des gens du Nord : c’est Saint -Eloi (évêque de Noyon, orfèvre du roi Dagobert), le patron pour cette raison des forgerons, des maréchaux-ferrants et des métallurgistes.

Dans notre salle d’honneur trône la superbe statue de St Eloi (offerte par le collectionneur louvroilien Daniel Despeghel), coulée par les ouvriers de Baume-Marpent sous l’œil vigilant du contremaître et ancien maire communiste de Boussois (René Vronhove) et dont le moule, qui se trouve à l’église, est la création du sculpteur Jacques Pouillon, né à Cousolre.

Ste Cécile, St Eloi…. Tout cela n’est pas très républicain me direz-vous et je l’entends bien…mais j’avoue, avant ce fameux débat sur les crèches dans les mairies, ne jamais m’être posé la question tellement ces personnages sont ancrés dans notre culture.

Il n’y avait donc ni prosélytisme, ni volonté ostentatoire de notre part.

Personne n’échappe à son histoire, ni au poids de ses symboles.
La culture d’une nation, d’un peuple, d’une région, est le résultat d’une lente et longue sédimentation.

Déjà au Moyen-Age, il existait dans ce qui deviendra le Nord-Pas-de-Calais des confréries de charitables, composées soit de musiciens (Arras), soit de forgerons (Béthune), chargées de procéder aux inhumations, y compris des pestiférés (c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elles avaient été créées).

Les membres de ces confréries étaient en effet –disait-on – protégés de ce fléau.

Il est vrai que ces deux corporations partagent un point commun.

Tant la maîtrise de la musique que celle du feu par le forgeron ont toujours été considérées comme ayant le pouvoir d’assurer le lien entre le terrestre et le céleste.

Ce n’est pas un hasard si les cérémonies funéraires, depuis des millénaires et sur toute la planète, ont toujours utilisé ces symboles.... comme chez nous, les cloches (parfois l’harmonium) pour la musique et les bougies pour le feu.

Le code génétique en quelque sorte de ces deux composantes, c’est le sacré.

La musique a bien entendu d’autres attributs, en particulier sa capacité à fédérer, à rassembler, à tonifier le sentiment d’appartenance à une communauté. Le plus beau symbole est celui de notre marseillaise.

Pour autant, je ne suis pas favorable à l’installation d’une crèche dans le hall de notre mairie, d’abord parce que ce n’est pas une tradition locale, ensuite pour mieux laisser à l’église et aux croyants l’exclusivité de cette prérogative, qu’il s’agisse des lieux de culte ou de l’espace privé.

C’est enfin une forme de respect pour la religion que de ne pas l’instrumentaliser comme un vulgaire produit qu’on installe en tête de gondole.

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