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Le blog de Jean-Marie Allain

L'identité est-elle un gros mot ?

24 Février 2018 , Rédigé par Jean-Marie Allain

L’identité est-elle un gros mot ?  En tout cas  c’est devenu un mot suspect, raillé pour ringardise ou suspecté de véhiculer des valeurs contraires à l’universalisme et à l’internationalisme.

Je me souviens, il y a plus de quarante ans, et alors que je m’efforçais de sensibiliser nos élus au potentiel identitaire de la rivière Sambre, vecteur possible d’une solidarité intercommunale balbutiante, un cabinet d’études, le CERPEAU, observant cette démarche, pointait ce terme comme inconvenant, voire dangereux.

L’idée a pourtant fait son chemin et parler aujourd’hui d’identité sambrienne relève de l’évidence.

Il en est de même de l’identité communale, culture partagée par la majorité des membres de la communauté et qui fait que l’on se sent ou pas membre de cette communauté territoriale.

La question par contre devenue très actuelle, c’est de savoir si cette problématique  de l’identité, qui n’a de sens que pour ceux qui ont la particularité d’être  ancrés ou attachés à un territoire, est conciliable avec celle de  la mondialisation des échanges et l’universalisme qui en découle ou, au contraire, si ce dernier renvoie la question identitaire à celle des souvenirs folkloriques du vieux monde, terreau d’une éclosion populiste qui inquiète les élites.

On pense bien évidemment à notre territoire qui a douloureusement ressenti l’achèvement des « cent glorieuses » de son épopée industrielle et s’est retrouvé avec ses paysages défigurés, à l’image d’une fin de conflit militaire, et contraint de faire un véritable travail d’introspection pour retrouver, après un siècle marqué par la domination de la grande industrie et de ses rapports de classe, ses racines culturelles et tenter de mettre en œuvre ce qu’il est désormais convenu de nommer sa «  résilience », phénomène semblable à ce qui s’est produit finalement dans les pays de l’ex bloc communiste et qu’analyse fort bien la philosophe Chantal Delsol, eux aussi cherchant à se réapproprier leur culture sapée par plusieurs décennies de domination (communiste) et frappés de façon corollaire et logique par la montée d’un conservatisme identitaire et populiste qui vient heurter les valeurs du cosmopolitisme libéral.

L’enjeu, si l’Europe ne veut pas imploser, sera bien d’accepter cette diversité des situations nationales par rapport à ses fameuses «  valeurs » et d’ancrer le cosmopolitisme qu’elle prône dans le respect des histoires, des cultures et des souverainetés de chacun de ses membres.

L’identité territoriale et la souveraineté qui va de pair, c’est un peu comme le fanion qui flotte au mât du voilier voguant, sous la maîtrise de son équipage, à la rencontre des autres cultures.

Cette place de l’identité culturelle des territoires et de la nation  dans la construction européenne sera sans nul doute un débat que nous aurons , dans le cadre de notre projet  Erasmus, avec nos amis albanais, eux-aussi sortis d’un demi-siècle de domination communiste et qui attendent paradoxalement à la porte de l’Union Européenne, malgré une conversion sans ambages, contrairement aux pays d’Europe centrale, à un système démocratique et aux valeurs du libéralisme.

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