Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Jean-Marie Allain

Remettre le partage du travail au centre du débat

3 Septembre 2011 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #EMPLOI ET DVLPT ECONOMIQUE

Pierre Larrouturou a eu la gentillesse de m’envoyer son dernier bouquin, «  Pour éviter le krach ultime » publié chez Nova Editions.

Il y développe dans une forme pédagogique ses analyses dont on, sait qu’elles sont souvent prémonitoires. Il fut en effet l’un des rares à prévoir la crise financière.

Il expose les différences qui séparent la dette publique de la dette privée.

La dette publique

La baisse des impôts des plus riches aggrave la dette publique.

Cette baisse des impôts sur les plus riches s’avère d’autant plus stérile sur le plan de l’emploi que même en faisant huit repas par jour et en achetant une voiture neuve tous les six mois, les super-riches ne peuvent dépenser tout ce qu’ils gagnent.

Les gouvernements dépensent malheureusement de l’argent qu’ils n’ont pas mais qu’ils empruntent, prenant le risque d’aggraver  leur dette publique déjà faramineuse.

En l’absence d’une croissance susceptible de ramener des recettes suffisantes (la croissance amène des recettes fiscales mais elle aggrave aussi le déficit si elle est dopée par des investissements publics), il reste le levier de la réduction drastique des dépenses publiques ou l’accroissement des recettes fiscales (voir ci-dessous)

La dette privée

Le chômage et la baisse du pouvoir d’achat  aggravent la dette privée (passée de 75 à 145 % du PIB en 10 ans) alors que l’inverse permettrait de relancer la consommation car  la propension à consommer des pauvres est importante.

C’est sur cet endettement des ménages que repose la croissance de la zone euro.

Le chômage, de même que le recul constant du pouvoir d’achat au profit des dividendes, c’est moins d’achats pour le consommateur (donc moins de croissance), mais c’est aussi moins de rentrées de cotisation pour la Sécurité Sociale.

Ce qui fait dire à Larrouturou  que le chômage n’est pas seulement l’une des conséquences de la crise mais qu’il en est surtout l’une des causes premières.

D’où son attachement à l’idée d’un partage du travail, qui n’a rien à voir avec les 35 heures façon Aubry, très coûteuses et pas toujours créatrices d’emplois (puisque pas obligatoires malgré les exonérations accordées).

Sans partage du travail, et compte-tenu de l’impossibilité de reculer sans cesse l’âge de départ à la retraite, c’est le niveau des pensions qui va baisser.

Le sauvetage des retraites passe par la baisse du chômage.

Mais pour baisser du chômage, deux alternatives :

-          Le retour à la croissance que certains (droite, PS et PC) pensent encore rehausser à 3 ou 4 % (il est vrai qu’ils ont tous passé par le même moule des mêmes grandes écoles)), dont la part est devenue marginale dans la baisse du chômage (le gain de productivité peut se traduire par des pertes d’emplois, plus importantes que les délocalisations) et qui se heurterait de toute façon à la raréfaction des ressources énergétiques. En misant sur un retour d’une croissance à 2,5 % en 2013, « le PS n’est pas sérieux » assène l’économiste des Verts.

 

-          La prospérité sans croissance, ce qui passe par :

1°) la fin d’un système financier parasitaire en interdisant aux banques d’être à la fois banque de dépôt et banque d’affaires (dont les gains sont captées par quelques - uns et les pertes sont partagées par tous lorsqu’elles font les deux métiers, ce qui empêche de les laisser faire faillite car on pénaliserait les petits épargnants).

2°) une fiscalité progressive sur les revenus

3°)  La création d’un impôt européen sur les bénéfices (actuellement de 25 % en moyenne en Europe, il a baissé d’un tiers en 20 ans, contre 40 % aux Etats-Unis)

afin d’alléger le déficit public (ce qui n’est pas aujourd’hui levé par cet impôt est versé par les Etats, soit 20 milliers par an pour la France) et de limiter la concurrence entre Etats de l’Union Européenne

4°) Le partage équitable du travail (pas une ligne dans le projet du PS pour 2012) : aujourd’hui, le partage se fait entre ceux qui travaillent et ceux qui ne trouvent pas d’emplois. Or, une baisse du chiffre d’affaires de 20 % peut se traduire par les licenciements de 20 % des effectifs (option française) …. ou par une réduction de 20 % du travail pour tous.

C’est ce que l’Allemagne a fait en 2009, ce qui lui a permis, avec une récession double de la nôtre, de voir son chômage augmenter 5 fois moins  et sa consommation intérieure  mieux résister.

« Il faut passer à 32 heures, sans étape intermédiaire » disait déjà Antoine Riboud, le patron de BSN Danone en 1993, reprenant la thèse d’Albert Einstein qui écrivait en 1934 «  ce même progrès technique qui pourrait libérer les hommes d’une grande partie du travail nécessaire à leur vie est le responsable de la catastrophe actuelle » .

Selon l’Association Nationale des docteurs  en sciences économiques, la semaine de quatre jours créerait 1 600 000 emplois sans augmenter les coûts de production ! et sans baisse de revenus en-dessous de 1500 euros.

5°) Que l’Europe oblige la Chine à respecter les 22 conventions sociales qu’elle a signées avant d’adhérer à l’OMC mais quelle ne respecte pas.

6°) Négociation d’un Traité social européen pour tirer vers le haut en matière sociale

(projet bloqué par Giscard qui présidait les travaux de la Convention sur l’avenir de l’Europe)

7°) Donner à l’Etat le pouvoir de bloquer certaines décisions lorsqu’il détient une part de capital, même minoritaire, dans l’entreprise («  les golden share » ou «  actions en or »).

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :