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Le blog de Jean-Marie Allain

des régimes spéciaux

30 Octobre 2007 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #développment durable


Je pense qu'il convient de distinguer la notion de privilège (droit supérieur non justifié si ce n'est par le rang social) et celle d'avantage (droit acquis sur la base des spécificités professionnelles).

Parlons donc d'avantages en ce qui concerne les régimes spéciaux.

Je ne dis pas qu'il est anormal que les usagers, au travers du prix du service, contribuent à financer les retraites. Je pense qu'il est par contre normal de le rappeler.

Certes, la pension d'un cheminot est modeste (encore qu'il faille toujours se méfier des moyennes et leur préferer les écarts à la moyenne), mais c'est aussi parce que le nombre d'années de cotisation est plus faible.

Le système de compensation entre régimes de retraite pour tenir compte du déficit démographique de certaines branches n'est pas en soi choquant puisqu'il s'appuie sur une logique de solidarité.
Il a aussi le mérite de montrer que le débat sur les retraites n'a rien à voir avec une opposition entre le public et le privé.

Aujourd'hui, la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse CNAV (salariés du privé), celle des agents hospitaliers et des collectivités locales (CNRACL) et le régime des fonctionnaires d'Etat  sont contributeurs, c'est-­à-dire alimentent le déficit d'autres caisses, principalement celle des exploitants agricoles mais aussi des mineurs, des commerçants, de la SNCF.

Mais à partir du moment où on opére une redistribution, il n'est pas choquant de se poser la question de l'équité.
Pourquoi les salariés du secteur industriel qui vont cotiser plus de 40 années devraient-ils contribuer à combler le déficit de régimes dont les salariés cotisent 35 années ?

Que des caisses contribuent à l'équilibre des autres caisses, soit, mais à deux conditions.
- D'abord, que les années de cotisation soient identiques pour la retraite de base (quitte à la revaloriser et à laisser la possibilité aux salariés de la prendre plus tôt)
- Ensuite que ces ponctionnements ne servent pas à financer des retraites qui seraient plus élevées que celles du régime contributeur.

Le petit retraité d'une caisse au ratio démographique excédentaire (un agent d'entretien d'une commune par exemple) ne doit se serrer la ceinture pour payer la grosse retraite du cadre retraité d'une caisse au ratio démographique déficitaire.
Il est tout de même hallucinant que la CNRACL ait du emprunter et se retrouve aujourd'hui en déficit alors qu'elle était excédentaire.

Je  persiste donc à penser que la grève actuelle a exclusivement un caractère corporatiste (cela n'a rien de scandaleux mais cela me choque dans la mesure où je place l'intérêt général avant l'intérêt collectif).

La grève, fut-elle corporatiste, doit bien entendu être possible mais la liberté de l'usager que je suis consiste aussi à pouvoir dire ce que j'en pense, c'est-à-dire un mode d'action obsolète qui crée un préjudice aux usagers et en particulier aux plus faibles d'entre eux, discrédite certains services publics et stigmatise encore davantage les régimes spéciaux.

Ce que les gens perçoivent et retiennent en effet dans tel cas c'est la forme de lutte qui finalement occulte la raison de celle-ci.

L'un des enjeux pour le Modem et ses militants venus de la gauche, c'est aussi de s'interroger sur les formes de l'action sociale future.

Nous aurons, je pense l'occasion de reparler de ces questions

Jean-Marie Allain, le 30 Octobre 2007
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