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Le blog de Jean-Marie Allain

Assises du territoire

29 Octobre 2007 , Rédigé par Jean-Marie Allain Publié dans #développment durable

J'ai participé hier matin aux Assises du Territoire  organisées par l'Apostolat des Laïcs du diocèse de Cambrai et l'URCEAS.

Cette manifestation, pilotée par Jean-Marc BOCQUET, avait lieu à l'Université de Valenciennes et avait pour but de restituer et de débattre de toutes une série d'initiatives et d'expériences de solidarité dans les arrondissements du Hainaut-Cambrésis et du Douaisis.

Soutenue par les communautés d'agglomération de la Porte du Hainaut et de Valenciennes, on pouvait s'étonner de l'absence de notre agglomération sambrienne.

Des ecclésiastiques (Monseigneur Garnier, les doyens des paroisses...), des visages de militants chrétiens connus pour leur engagement, des intervenants de qualité comme le chercheur Guy Roustang, le théologien Ignace Berten, le sociologue Omero Marongiu ou encore Jean-Baptiste de Foucauld.

Si la Fête du moulin de Marpent n'avait pas fait partie des initiatives recensées (et dont mon ami Pascal Dutremée avait réalisé la fiche de présentation), ma présence eut été presque insolite parmi cette communauté de fidèles.
Il y avait toutefois un autre maire (mon ami Luc Coppin, le maire Vert de Fresnes sur Escaut) et quelques rares conseillers municipaux .

Question croyance, je devais être le seul " non croyant " de la salle et je tenais à le souligner dans ma courte intervention dans la mesure où cette démarche de l'URCEAS ne concernait pas exclusivement les chrétiens.
J'avais d'ailleurs, il y a un an, rencontré Jean-Marc BOCQUET pour lui assurer notre convergence de points de vue et mon soutien à ce projet.

Je soulignais également, au-delà des distances philosophiques qui peuvent séparer des chrétiens d'autres militants issus comme moi de courants de pensée se réclamant de l'humanisme laïque , l'existence de points de convergence, notamment l'attachement au respect de la personne et des droits de la personne et d'autre part le sens de l'engagement pour des " bonnes causes " (Sartre disait " la cause du peuple" !)

Je soulignais combien pouvait paraître paradoxal en apparence le fait pour notre territoire d'avoir eu à subir le poids de plusieurs déterminismes (géographiques, économiques, culturels) et la présence d'initiatives originales de la part d'hommes et de femmes ayant refusé de baisser les bras malgré le choc du cataclysme.
Pour comprendre cela, il conviendrait de disposer d'une géographie des initiatives solidaires.
Elle seule permettrait de constater des éventuelles distorsions entre les territoires et d'émettre quelques hypothèses.

On peut  peut être se demander justement si l'antériorité dans le Nord de quelques initiatives historiques comme les confréries qui se sont créées au Moyen-âge contre la peste - je cite cet exemple parce que je l'ai étudié dans mon livre les confréries de l'Artois - ou encore le 1% logement en 1943 par le patronat pour faire face à la crise du
logement à Roubaix, n'est pas due à la prégnance d'un ethos religieux particulièrement développé dans nos contrées...

On peut aussi se demander si ce n'est pas l'ampleur du fléau ou du cataclysme qui explique l'émergence des initiatives.
L'exemple de la peste  me plaît car le roman d'Albert Camus montre bien que les formations sanitaires volontaires ne sont pas l'apanage des croyants et que c'est le fléau qui  crée des liens fraternels et qui suscite finalement les initiatives... associant croyants et non croyants.

Malheureusement, cette forme de géographie intéresse moins notre société que la géographie des créations de valeurs marchandes.
Comment ne pas regretter cette obsession permanente du pouvoir médiatique (y compris de gauche, je lis le Nouvel Obs) à comparer et hiérarchiser les territoires selon un seul angle, celui  de la performance économique : création d'entreprises, valeurs immobilières, etc...

Certes, ces indicateurs ne sont pas inutiles mais ils n'épuisent pas la réalité de ce qui se passe sur un territoire.
Un jour viendra, espérons-le, où ces territoires seront évalués sur des critères tri-dimensionnels, à savoir la performance économique mais aussi la performance environnementale et la performance sociale.
Cette performance sociale peut englober des tas de choses (j'ai récemment construit un indice statistique pour mesure le droit au logement entre les territoires).

Et, sur ce point méthodologique, je me suis permis de faire une remarque amicale.
Comme le disait un des organisateurs, la technique d'identification a consisté à lancer au large un filet pour y ramener les expériences présentées dans les plaquettes de restitution.
Mais, comme je le soulignais dans mon intervention , le problème du filet quand on ne fixe pas une dimension de maille, c'est qu'il peut ramener de tout.

Et ce qui paraît compliqué dans ces expériences, c'est de savoir pourquoi elles figurent dans ces documents.En réalité, parce qu'il s'est trouvé, à tel moment, un militant pour se dire que son action pouvait relever des Assises et parce qu'il a pris le temps de rédiger une fiche.
Mais le plus difficile, c'est de repérer ce qui les unit : création de lien social (mais même un  marchand de frites crée du lien social !) ? action solidaire ?  mais en quoi ?  contribution au bien-être du territoire ? (oui mais à quel niveau ?

Autrement dit, l'absence d'un grille de sélection et d'évaluation des actions me laisse penser que ce repérage identifie davantage les actions dont les militants de l'URCEAS avaient envie de parler (les leurs) que les actions de solidarité de leur territoire.
Ce n'est déjà pas si mal, c'est un début et nous n'allons pas nous en plaindre.
Faute de pouvoir mesurer les initiatives solidaires, il convient déjà d'en parler.

Encore merci pour cet agréable et riche moment d'échanges.
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