L’AVESNOIS, TERRITOIRE D’EXCELLENCE POUR LES DECHETS MENAGERS
L’extension des consignes de tri à tous les emballages plastiques en 2022 imposée par les pouvoirs publics français s’inscrit dans la perspective d’atteindre les objectifs européens de 55 % % de déchets recyclés en 2025 et 65 % en 2035.
Fin 2023, ce sera le tour des bio-déchets, puis celui des textiles et chaussures début 2025.
Les sachets plastiques et les emballages alimentaires rejoindront donc bientôt les bouteilles d’eau et de lait et autres contenants type flacons de lessive.
L’arrondissement d‘Avesnes, grâce à la présence sur notre territoire d’une PME familiale innovante, présente la particularité d’avoir, depuis de nombreuses années, des collectes en tri-flux : une poubelle ordures ménagères et une seconde poubelle pour recevoir d’un côté les contenants recyclables et de l’autre le verre, les deux poubelles étant conçues pour être manipulées simultanément par un seul ripeur et basculées dans une camion tri-compartimenté, conçu et fabriqué par ladite société.
Or, cette nouvelle exigence d’extension des consignes de tri amène certains élus à penser que le compartiment papier/plastique deviendra trop petit et n’excluent pas de remettre en cause la collecte du verre en porte en porte pour libérer de l’espace dans la poubelle de tri et lui préférer l’apport volontaire dans des « cloches » à verre.
Pourtant, la collecte du verre en porte à porte est assurée avec un coût dérisoire puisque cela n’entraîne aucun surcoût dans la collecte compte-tenu de la conception du camion.
Elle assure un excellent taux de captage car le contrainte du déplacement liée à l’apport volontaire, là où il existe, amène des ménages à jeter le verre dans la poubelle ordures ménagères.
En effet, alors qu’on trouve 13 tonnes de verre égarés sur 100 tonnes d’ordures ménagères en France, localement cette perte est inférieure à 3%, causée essentiellement par l’usure du clip qui fixe la cloison dans le bac… c’est-à-dire 0 % si l'on réparait les clips concernés.
Ce mode de collecte, actuellement le plus innovant que l’on connaisse puisqu’il limite les passages de camions et donc les rejets de gaz à effet de serre, est même en mesure, on le verra plus loin, de capter les bio-déchets (un sac spécifique que l’usager mettre dans la poubelle ordures ménagères).
Ce n’est pas le cas de l’apport volontaire qui affiche un bilan carbone nettement plus élevé (+ 30 %) pour un taux de captage beaucoup plus faible, un prix incomparablement supérieur et un impact social très discutable (problème des personnes âgées, des ménages non motorisés, sans parler des containers à verre inaccessibles pour les PMR).
La récupération maximale de verre revêt un enjeu économique et écologique majeur.
En effet, le verre étant recyclable à 100 %, il importe, pour diminuer le coût de sa fabrication, de pouvoir le capter à la source, ce que ne permet pas avec la même efficacité l’apport volontaire dont la part de fuite est importante qu’il s’agisse du bac des matériaux recyclables ( ce qui complique le processus de tri et endommagerait la ligne de tri ) , ou de la poubelle ordures ménagères, ce qui se traduit, dans les deux cas, par une arrivée au Centre de valorisation énergétique où il va user prématurément le matériel en raison de sa dureté sans pour autant brûler puisque la température du four (1000 degrés) ne permet pas la fusion du verre qui demande 1500 degrés.
Le verre ne brûlant pas, il se retrouve éclaté dans les mâchefers dont le coût de transport et de stockage (sous forme de terrils) est très lourd puisqu’il n’existe pas de débouchés à ce jour.
Mais le verre représente également un enjeu écologique planétaire dans la mesure où le sable qui sert à le fabriquer (lorsque l’on ne dispose pas suffisamment de verre broyé) est devenu la première matière fossile qui sera épuisée avant le pétrole, le sable des déserts et celui des plages étant trop fin.
Certes, le bac destiné au verre est rarement rempli aujourd’hui mais, outre que nous sommes bien contents de l’avoir lors d’évènements festifs (au même titre que notre véhicule que nous utilisons est rarement rempli), l’usage du verre est appelé à augmenter pour des raisons d’hygiène (voir la découverte de bisphénol dans les biberons plastique des bébés).
Quant au retour au verre consigné qui dessinerait une tendance inverse, il ne reste économiquement intéressant que dans les régions où les lieux de fabrication ne sont pas éloignés des lieux de consommation (exemple de la bière belge).
L’élimination du compartiment verre de nos poubelles et son remplacement par une valisette à collecter est parfois avancée comme une alternative à l’apport volontaire.
J'ai moi-même défendu cette option.
Mais cette option présente plusieurs limites.
En effet, le gisement de verre récupérable n’est pas appelé à diminuer mais de surcroît, la valisette entraîne un rallongement du temps de collecte (dont une hausse du coût) et, vu sa faible hauteur, des complications ergonomiques pour les rippers… sans parler des vols pour d’autres usages.
En se basant d’une part sur les volumes supplémentaires engendrés par l’extension des consignes de tri estimés par Eco-Emballage et l’Adelphe (entre 1 et 1,5 litre / jour et par personne), et d’autre part sur le volume actuel des bacs roulants (112 litres pour le BR180, 177 litres pour le BR 260 et 262 litres pour le BR 360) il est démontré, qu’en ajustant le volume des bacs pour 15 % des foyers, la collecte au porte à porte répond aux objectifs demandés.
Concrètement, le petit bac serait remis aux foyers de trois personnes au plus (et non plus quatre) et le moyen serait remis aux foyers de 4 à 5 personnes (et non plus 5 et +).
Par ailleurs, outre le fait qu’aujourd’hui beaucoup de plastiques concernés par l’extension des consignes de tri se trouvent déjà (par erreur) dans le bac des recyclables, il faut avoir à l’esprit que le volume des emballages plastiques est amené à baisser, compte-tenu des règlementations, de la prise de conscience des distributeurs mais aussi des comportements du consommateur, sans oublier le fait que la collectivité peut inciter les ménages à remplir intelligemment le bac (écraser la bouteille plastique, déplier les cartons …).
La collecte en tri-flux est même en mesure, au vu de cette baisse prévisible des emballages, d’assurer la collecte des bio-déchets (obligatoire fin 2023) via un sac qui, lors de la collecte, serait placé dans la poubelle des ordures ménagères.
Ces dernières s’en trouveraient moins humides, rendant possibles l’extraction et le tri de matériaux recyclables comme le métal ou l’aluminium.
Quant aux bio-déchets, ils alimenteront la filière bio-méthanisation.
En diminuant de la sorte le volume des ordures ménagères (moins de matières recyclables dans les ordures, moins de bio-déchets ) , c’est aussi, à l’incinérateur, la facture qui baissera, cette dernière étant appelée à augmenter avec l’augmentation continue de la TGAP.
En une seule collecte, le camion est donc en mesure de collecter cinq flux et sans surcoût (si ce n’est la fourniture du sac pour les bio-déchents) !
Moins de déplacements, moins de pénibilité pour les ripeurs, une qualité de service à domicile pour tous les usagers, des coûts maîtrisés puisque répartis sur quatre, voire cinq flux avec un même passage, l’expérience avesnoise est un exemple type de développement durable en matière de ramassage et de tri des déchets.
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