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Le blog de Jean-Marie Allain

S'il faut aimer la France...

31 Décembre 2015 , Rédigé par Jean-Marie Allain

~~Le débat sur la nation corse faisant suite aux graves évènements de Noël vient compléter le débat autour de la déchéance de la nationalité pour les bi-nationaux coupables d’actes terroristes.

Sans qu’ils aient un lien factuel entre eux, le premier débat peut en effet nous aider à comprendre le second. Il existe deux conceptions de la nation : la conception ethnique (issue de la philosophie allemande) et la conception civique née avec la philosophie des Lumières et la révolution française.

La conception ethnique de la nation considère que les membres d'une nation ont en commun des caractéristiques telles que la langue, les coutumes, la culture alors que la conception civique (chère à Ernest Renan) s’appuie sur l’adhésion et le partage d’un certain nombre de valeurs et sur la volonté collective de vivre ensemble.

Les partisans de la conception ethnique diront que la Belgique est un Etat composé de trois nations tandis que ceux qui adhèrent à la conception civique considèreront qu’il existe bel et bien une nation (ou communauté nationale) belge.

Les allemands mettaient en avant la conception ethnique en revendiquant l’Alsace et la Lorraine tandis que les français argumentaient le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Mais, à l’aune du débat en cours sur la nation (et la nationalité), il est intéressant de remarquer que l’une des différences qu’entraînent ces conceptions de la nation, c’est que dans un cas (la conception ethnique)), on ne sort pas de la communauté nationale (on ne peut renier ni une langue, ni une culture) alors que dans l’autre cas (la conception civique), on peut en sortir puisqu’elle repose sur l’adhésion volontaire à une communauté d’idées.

Or, dans le débat sur la déchéance de la nationalité, ceux qui s’offusquent d’une pareille éventualité (la gauche d’appareils) adhèrent implicitement à la conception ethnique de la nation puisque considérant qu’un membre de la communauté nationale, sous prétexte de bi-nationalité, ne peut sortir (ou être sorti) de cette communauté.

Ainsi donc, et même si personne n’est dupe des « petits calculs » de ceux qui agitent l’épouvantail de la déchéance, il faut bien admettre qu’on cherche la cohérence chez les idéologues de gauche qui d’un côté se réclament d’une conception civique et républicaine et - donc ouverte - de la nation et de l’autre défendent implicitement une conception ethnique et fermée de celle-ci en s’opposant à ce que l’on puisse en exclure ceux qui tournent le dos aux valeurs de la communauté nationale.

L’attachement à la communauté nationale n’est d’ailleurs pas incompatible avec d’autres appartenances, régionale ou locale. L’identité d’un individu se construit comme une poupée gigogne.

C’est le sens de la très belle phrase de Natacha Polony que j’ai souhaitée insérer dans ma carte de vœux : «S’il faut aimer la France, c’est parce que l’appartenance à la communauté nationale est une des identités nécessaires à la construction d’un individu, dans une période où la globalisation détruit les diversités ».

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